Bonjour à toutes,
Je m'appelle Elodie, j'ai 33 ans et le 25 juillet 2013, j'ai accouché de mon petit garçon, mon cher petit Sacha, décédé dans mon ventre 2 jours plus tôt, alors que j'étais à terme (40 SA + 3). Le cordon ombilical était entouré 4 fois autour de son cou. Je ne le sentais plus bouger depuis la veille, je pensais qu'il était fatigué (qu'est-ce que j'ai été stupide) qu'il se préparait à l'accouchement. Nous sommes allés à la maternité confiants mais un peu inquiets car on se disait "oulala il va sans doute sortir aujourd'hui". Et arrivé là-bas, tout s'est écroulé en quelques secondes. Le monitoring muet, l'échographie immobile, silencieux, la gynéco qui me met la main sur le bras, "je suis désolée madame, son petit coeur ne bat plus", mes hurlements, mes cris, mes larmes, les pleurs de mon mari, le désespoir, la famille à qui il fallait téléphoner, qui s'attendait à recevoir une tout autre nouvelle, ce mardi à 7h du matin alors que j'étais à terme. Les images de ces moments me hantent encore et encore. Les mois de vide, de désespoir, de chute, qui ont suivi... Les gens qui sont là, ceux à qui on fait peur, qui n'osent pas. La pente que l'on remonte petit à petit...
Je n'ai pas besoin de vous raconter notre douleur, notre chagrin. Cela fera bientôt 6 mois. Avec mon mari nous remontons gentiment la pente, nous reprenons peu à peu goût à la vie, nous nous retrouvons, nous arrivons à passer à nouveau de bons moments et de profiter précieusement de ces moments. Notre petit Sacha nous manque infiniment, il nous manquera toujours. Grâce à lui, nous avons commencé à fonder une famille, même si cela fut dans la tristesse.
Pour couronner cette année de tristesse, à la mi-décembre ma soeur nous a appris qu'elle était enceinte de son deuxième enfant. Cette nouvelle nous a dévasté, blessé dans notre chaire. C'est ma soeur et pour cette raison je ne peux lui en vouloir. Mais il y aura toujours une part de nous qui ne comprendra pas ce choix, ce risque qu'ils ont pris, de faire un enfant qui toutes les années fêtera son anniversaire à la période où notre Sacha est mort... qui ne comprend pas qu'ils nous l'aient annoncé juste avant Noël, juste avant qu'on parte en vacances pour fuir cette période de Noël si difficile pour nous. Qu'ils n'aient pas attendu qu'au moins nous reprenions les essais. Nous ignorons complètement comment nous allons vivre cela, je suis très proches de ma famille, on passait un we chez eux au moins 1-2 fois par mois, pour nous ce n'est plus envisageable pour le moment. Je sais que ma réaction est égoïste que le monde continue de tourner, que les gens ont leur vie, mais je n'y arrive pas... Je ne peux pas assister à cela, pour cette raison j'ai décidé de mettre de la distance avec ma soeur, ma famille... Impossible pour moi de voir son ventre s'aggrandir et l'annonce de la naissance... non, je ne peux l'imaginer.
Depuis le début, il a toujours été question de donner un petit frère ou une petite soeur à Sacha. Si l'on s'était écouté on aurait recommencé les essais plus tôt, mais c'était important pour nous d'avancer dans notre deuil, de faire une place dans notre vie à notre petit gaçon si joli, de nous retrouver avec mon mari, de reprendre notre vie, notre train train... D'apprendre à vivre sans lui en fait. J'ai été aidée par notre psy, ma kinésiologue, mon naturopathe... On y arrive tant bien que mal...
Nous avions décidé de reprendre nos essais en janvier, nous avons maintenu notre décision, j'attends de voir si mes règles vont venir ou non la semaine prochaine, cette attente est insupportable, je ne pense qu'à ça. Tous les jours je parle à mon Sacha, je lui demande de guider son petit frère ou sa petite soeur vers nous, qu'on a plein d'amour à lui donner, qu'il peut venir, que nous sommes prêts.
Cette deuxième grossesse est une évidence pour nous, nous voulons plus que tout donner la vie. Mais je sais qu'elle sera pleine de peurs, d'angoisses... Mon gynéco est super il a été très rassurant et est vraiment à notre écoute.
Voilà les filles... Cela fait un petit moment que j'hésite à venir ici... par peur... peur de voir les histoires des autres. Mais aujourd'hui c'est une nouvelle année, une année pleine d'espoir pour nous... Peut-être que je ne poste pas au bon endroit. Je suis venu ici car je suis maintenant une essayeuse...
Je suis venue aussi sur ce site car j'ai besoin de parler à des gens qui peuvent comprendre ma douleur, mon chagrin. Ces jours je regarde autour de moi, et je constate avec tristesse que non... les gens ne nous comprennent pas. Ne comprennent pas notre douleur. Il nous voit aller mieux, ils ne voient que les sourire de façade mais pas la tristesse omniprésente dans nos yeux. C'est tellement plus facile et rassurant pour eux... Ce sont des ignorants et tant mieux pour eux.. Mais je ne supporte plus les réflexions maladroites ou blessantes et je me dis qu'ici je pourrai trouver du réconfort.
Je vous embrasse je souhaite bon courage à toutes, essayeuses ou non, pour affronter ces épreuves et je me réjouis de pouvoir partager un peu avec vous...
Elodie