Coucou M-Eve,
Comme plusieurs filles l'ont déjà dit ici, je crois que c'est tout naturel pour une mamange de chercher une cause, un responsable, un coupable pour ce qui est arrivé. Comment accepter l'innacceptable, un enfant qui nous est enlevé "sans raison"? Je pense moi aussi qu'il est tout à fait normal de rechercher un coupable à leur mort, comme on l'entend souvent, cela fait partie du deuil, quitte parfois à trouver des raisons un peu farfelues... Certains se retournent (parfois à juste titre d'ailleurs) contre le corps médical, d'autres contre le destin, contre la vie, et souvent, à défaut de trouver un autre coupable, une raison toute médicale, on retourne cette culpabilité contre nous-mêmes...
Mon petit garçon est parti car le cordon était entouré quatre fois autour du cou. Donc il y a une raison toute "médicale" et très terre à terre à son départ... Cependant, encore maintenant, il y a toujours une partie de moi qui est persuadée que j'y suis pour quelque chose : le jour de son décès, j'étais dans un état de fatigue physique et morale intense, j'avais dépassé mon terme de 3 jours, j'avais un acouphène que personne ne prenait au sérieux depuis trois semaines et qui me vrillait les oreilles jour et nuit, m'empêchant de dormir, j'avais l'impression que mon bébé ne voulait pas venir, j'étais épuisée, j'ai fait de l'acupuncture pour tenter de faire démarrer le travail, j'ai fait des exercices de gymn douce pour "montrer le chemin" de la sortie à mon bébé et soulager mon dos, je lui ai dit que je voulais le voir, que j'étais impatiente qu'il sorte, j'ai pleuré d'épuisement, de rage, j'ai fait une longue marche... Je me suis longtemps reprochée cet état du dernier jour, du dernier jour de sa vie... J'étais mal alors que lui était en train de mourir sans que je le sache. Je me suis dit que mon état l'avait tué, que la marche ou les exercices que j'avais faits l'avaient fait bouger de telle manière que le cordon s'était définitivement trop resserré autour de son cou, que mon corps l'avait tué, que mon état l'avait tué, que je n'avais pas su décrypter les signes que mon corps m'envoyaient (mon acouphène, etc...) pour m'avertir que quelque chose n'allait pas, que je n'avais pas su être à l'écoute de mon bébé et de mon corps, que je n'ai pas su interpéter les signes que l'on m'envoyait, que j'aurais dû demander à être provoquée plutôt que de vouloir attendre stupidement que bébé se décide naturellement, en pensant que c'était mieux pour lui... Plus tard j'ai pensé que la vie me punissait d'une mauvaise action que j'avais faite dans le passé, et j'ai décripté ma vie passée pour tenter de trouver cette chose horrible que j'avais dû faire pour mériter ça...
Aujourd'hui, je suis plus ou moins en paix avec cela... Le chemin s'est fait naturellement, petit à petit, on "accepte" que l'on n'y est pour rien, que certains petits êtres ne sont pas destinés à grandir auprès de nous... je me dis que peut-être j'y suis pour quelque chose, honnêtement cette pensée ne me quittera sans doute jamais... Je me dirai toujours que j'aurais pu... j'aurais dû... mais une part de moi pense aussi que cela devait se passer ainsi et que je n'aurais rien pu y changer... J'en voudrais toujours, toujours à la vie de m'avoir pris mon bébé. Même aujourd'hui, alors que j'attends mon espoir, je suis incapable de remercier la vie de ce cadeau qui grandit en moi, car je lui en veux toujours. Je me remercie moi, je remercie mon mari, les gens qui nous ont aidé, mais dorénavant jamais plus je ne remercierai la vie de quoi que ce soit, car elle m'a enlevé une partie de moi...
Tu feras ton chemin, j'en suis persuadée, petit à petit ta culpabilité va s'estomper pour laisser la place à "autre chose". Je t'envoie plein de courage M-Eve.