c'est arrivé il y a un peu plus d'un an et demi. Je viens tout juste de m'inscrire ici. Au début je pensais que ca ne ferait que "m'enfoncer" dans ma peine mais il arrive souvent que j'aie envie de parler d'elle, de LUI parler. Elle continue de faire partie intégrante de ma vie et vous allez comprendre pourquoi. Donc je suis venue ici. Genée à plusieurs niveaux, je me sens comme une intruse parmis vous. Car moi, je suis "chanceuse" dans mon malheur de ne pas avoir ma marie d'amour avec moi..
Voici mon histoire et vous comprendrez... pardonnez-moi à l'avance si c'est long, j'ai l'écriture facile !
Nous avions une grande fille d'un an et demi lorsque je suis tombée enceinte pour la deuxieme fois. Quelle joie, nous qui voulions une grande famille. Je grossissais à vue d'oeil, mon conjoint était convaincu que nous attendions des jumeaux, tout le monde riait de lui. Mais le 2 octobre (date gravée à jamais dans ma mémoire) suite à une échographie pour des douleurs inconnues et inquiétantes, nous avons appris qu'il avait raison. De plus, ce jour la, j'ai commencé à les sentir bouger, les deux. Des jumeaux identiques, cadeau que le ciel nous envoyait. J'étais convaincu que mon Papa y était pour quelque chose, lui qui était parti dans l'année, il m'envoyait avec Dieu un signe de vie tellement merveilleux.
Un mois et des poussières plus tard, nous nous sommes rendus à l'hopital pour une échographie. Bon, l'écho s'était pour les mesurer et voir s'ils étaient ok mais nous, nous voulions savoir si nous allions avoir deux garcons ou deux filles. Nous avions meme amené ma grande afin qu'elle puisse voir ses deux freres ou ses deux soeurs à l'écran. Mon conjoint et elle attendait dans le corridor vu que l'examen est assez long pour deux bébés. Apres m'avoir dit que quelque chose clochait, on a été cherché mon conjoint d'urgence pour nous annoncer, devant les yeux incompréhensif de ma grande que les bébés étaient malades et qu'ils ne survivraient pas à un accouchement prématuré dans les 2-3 prochaines semaines. Je vous mentirais en vous disant que la panique ne s'est pas emparé de moi. Comment faire autrement ? mon corps voulait défendre ce qui se passait. Au fait que se passe-t-il ?
"tout indique qu'il s'agit du syndrome transfuseur-transfusé. Il y a un bébé qui est en grosse détresse (le transfuseur aussi appelé donneur), c'est ce bébé qui déclencher l'accouchement prématurément dans les prochaines semaines et vu l'immaturité des bébés, ils n'y survivront pas ni l'un ni l'autre. Ah et en passant ce sont des filles"
1ere lecon apprise : le sexe de nos bébés ou de notre bébé est une chose bien banale dans le fond.. leur santé, elle est primordiale.
2e lecon : Ne jamais, JAMAIS vous fier au premier diagnostique s'il est péjoratif à ce point la.
3e lecon : Ne jamais, JAMAIS perdre espoir
deux jours plus tard, changement d'hopital pour aller la ou l'espoir est permis. Le STT est confirmé mais on m'explique qu'il y a des possibilités pour sauver mes amours dont une intervention chirurgicale. Comment dire non ??? "charcutez-moi tant que vous voulez, sauvez-les !!!!!!"
apres nous avoir exposé les pourcentages de réussite, on me donne RDV le lundi suivant pour une écho de controle. Le lundi donc apres une écho, le médecin vient me voir et m'annonce qu'il m'a fait de la place pour l'opération le jour meme en apres-midi car vu l'état de la situation plus vite est le mieux. J'ai subi l'opération les yeux ouverts, consciente de tout. En salle de réveil, le medecin vient me voir, il est super content, il dit que c'est l'une des opérations pour le STT qu'il a le mieux réussies. Tous les espoirs nous étaient permis, je me détendais enfin (il était temps !)
une écho le lendemain démontre que le donneur va mieux mais c'est l'autre qui va moins bien. Elle doit s'adapter qu'on me dit, donnez-lui une chance, demain elle ira mieux. Elle doit s'adapter à son nouveau mode de vie nous dit-on. Nous espérons qu'elle aille mieux car il ne faut pas qu'elle entraine sa jumelle avec elle. La faiblesse de l'une est aussi une faiblesse chez l'autre, elles vivent tout ensemble.
autre écho 48 heures apres l'intervention, écho planifiée, mon conjoint est présent. Des le premier coup d'oeil, ce dernier me serre la main et serre trop fort. Il regarde le moniteur, puis la technicienne puis mon medecin. (un de mes 4 medecins..) et moi je regarde la petite télé et je vois plus ou moins bien vu qu'elle est à une bonne distance de mes yeux. Et c'est à ce moment que mon conjoint dit ce que je ne veux pas entendre... "c'est fini ?" et ma docteur de lui faire un petit signe "oui" de la tete.. Je peux vous dire qu'à ce moment, j'ai crié, fort et longtemps. Je tremblais de partout je pensais mourir sur place. et je me suis mise a me poser tout pleins de questions du genre "comment faire pour avoir une seule jumelle ? comment faire pour la regarder grandir et voir l'absence de l'autre à tous les jours de notre vie ? comment faire pour ne pas la chercher à la rentrée d'école alors qu'elles seraient supposée etre ensemble ??"
je délirais de partout..
j'ai compris bien plus tard que Marie avait fait ca pour sa jumelle. Pour qu'elle, elle puisse avoir la chance de voir la lumière du jour. J'ai encore beaucoup de difficulté a "dealer" avec l'absence de Marie. C'est pourquoi je suis venue ici... Ce jour la, quand nous avons appris que des ailes avaient poussée sur son dos, j'ai ressenti une douleur que je ne suis meme pas capable d'exprimer avec des mots. Il arrive parfois que cette douleur revienne un instant ici et la.... J'ai du tasser assez rapidement ma peine pour continuer les derniers mois de grossesse dans un état d'esprit plus ou moins serein. Je devais me battre avec ma juju combattante afin qu'elle ait le gout de venir se blottir dans mes bras, afin de lui montrer que je l'aimais malgré le chagrin. Je
devais le faire.
Lorsque ma mini-me est née en mars 2008 et que ma marie d'amour nous a quitté pour toujours, j'ai vécu toutes sortes d'émotions et mon deuil a recommencé du début. J'ai du subir une césarienne, mes cocottes étant face à face pour se faire leur adieux et ce, depuis ce jour où nous avons appris le départ de marie.
rien n'arrive pour rien. Que ce soit pour nous faire avancer en tant qu'etre humain ou encore pour nous faire réaliser des choses. Ne serait-ce aussi que parce que nous nous parlerons ici et nous ferons du bien mutuellement. j'ai recontré des gens merveilleux grace aux passages de marie dans ma vie. Et elle a changé ma vie, ma vie ne va plus du tout dans la direction ou elle allait... Et j'ai réalisé la chance que j'avais d'avoir un homme aussi merveilleux dans ma vie.. ma grande et mon petit miracle aussi.
J'ai appris qu'il ne faut jamais, jamais, jamais, jamais perdre espoir. Cet espoir m'a tenu en vie, me garde en vie et ce, à tous les jours que Dieu fait. j'ai un petit espoir aussi qui est née en mars 2008, ma juju d'amour, toute maigrichonne à faire pleurer mais je la prends dans mes bras et lui dit à quel point je l'aime chaque jour que Dieu me donne sur cette terre avec mon mari et ma grande aussi. Oui je vois souvent à travers de son regard, la jumelle manquante. Mais la force que j'ai développé durant la derniere année m'aide à surmonter ca.. quoique parfois ca ne soit pas suffisant... c'est pourquoi je suis venue ici... J'ai travaillé fort, je travaille fort pour surmonter tout ca. Par amour pour ma grande, ma petite juju combattante et pour mon ange, celle que je nomme ma petite étoile filante
qui brille dans le ciel..
p.s. si jamais une autre maman a vécu sensiblement la meme chose que moi, je vous en prie, faites-moi signe.
merci de m'avoir lu.