Texte « laissez-moi vous expliquer »

From: Suelavie
(Original message) Sent: 29/11/2008 11:22 AM

Bonjour,

Je voudrais d'abord rendre hommage à la mamange qui avait écrit le texte "Laissez-moi vous expliquer". Malheureusement, je n'arrive plus à retracer ce texte magnifique, ni son auteure dans les messages (si elle lit ce message, j'espère qu'elle répondra!) Je l'avais sauvegardé dans mon ordi et je l'avais retravaillé (sans garder la première version) pour l'adapter à mon besoin de communiquer mon deuil à ma façon à mon entourage.

Nous les mamanges, nous trouvons toutes très difficile les communications avec l'entourage et je pense que nous ne pouvons pas prendre pour acquis que les gens savent comment réagir. C'est tellement compliqué! C'est pour cela que j'ai trouvé ce texte si fantastique.

Je copie-colle ici ma version (sache, chère mamange auteure de la version originale, que j'ai inscrit dans le bas de la copie que j'ai fournie à mon entourage "Adaptation d'un texte écrit par une mamange sur le site Nos petits anges au paradis" parce que je ne voulais pas voler tes mots et parce que c'est une bonne façon de faire connaître le site aux gens vraiment intéressés à mieux comprendre ce que nous vivons).

Je sais que ce texte est très personnel et que nous ne vivons pas toutes notre deuil de la même manière, par exemple en ce qui concerne notre capacité ou volonté d'entendre parler des autres bébés. Mais je vous invite chaleureusement à éclaircir vos émotions auprès de votre entourage. De mon côté, cela a été tellement bénéfique!!! Voici donc le texte, à ma façon:



Il est souvent difficile de comprendre les sentiments des parents d’un enfant parti trop vite. Dans mon cas, j’ai l’impression que j’ai été et suis encore très choyée et soutenue par mon entourage. Pourtant je sens de la part de plusieurs un malaise suscité par la mort d’Alix, accompagné de la pudeur, du respect et de la volonté de discrétion, suscités par votre affection. De mon côté, j’hésite quelquefois à exprimer franchement mes émotions parce que je ne veux pas provoquer ou creuser ce malaise. Tout cela résulte parfois en une certaine gêne, créant un mur de silence là où il pourrait y avoir un dialogue simple et réconfortant.

Laissez-moi vous dire aujourd’hui ce que je ressens et ce que je suis devenue.

Perdre un bébé aimé et si désiré, en pleine grossesse, est un choc terrible, un traumatisme violent. On ne s’en sort pas indemne. On reste marqué à jamais, je le sais maintenant. En perdant mon enfant, je perd une partie de moi-même, je perd un rêve, je perd toute une vie avec Alix.

Plus les semaines et les mois passent, plus je réalise l’ampleur de ma perte. Plus je réalise tous les moments que je ne vivrai jamais avec Alix, tous les petits gestes de maman que je ne ferai jamais pour elle.
Je ne peux pas oublier, passer à autre chose, me détacher d’elle, c’est impossible.

Cependant, tranquillement, j’apprend à intégrer ces évènements à ma vie, j’apprend à survivre à sa mort et j’apprend à vivre malgré son absence. Merci de votre patience avec moi et mon deuil.

J’aimerais surtout que vous n’ayez pas de réserve à prononcer le nom d’Alix. Elle est importante pour moi, c’est elle qui a fait de Jean-Luc et moi une famille; j’ai besoin de parler d’elle de temps à autres. Alors, s’il-vous-plaît ne détournez pas la conversation pour alléger l’atmosphère. Cela me serait doux de parler d’elle avec vous, même très brièvement, si vous le voulez bien, cela me ferait sentir sa mystérieuse présence.

Quelquefois, je pleure lorsque je rencontre une personne que je n’ai pas vue depuis la mort d’Alix. Je pense que c’est normal, car il y aura toujours désormais « l’avant-Alix » et « l’après-Alix ». Cette première rencontre après Alix suscite donc beaucoup d’émotions.

De la même façon, si je pleure lorsque vous évoquez son souvenir, soyez assuré que ce n’est pas parce que vous m’avez fait de la peine. C’est son absence qui me fait pleurer, elle me manque tellement! Merci à vous de me permettre de pleurer ou d’avoir la voix qui se casse, car chaque fois, mon cœur guérit un peu plus. Mes larmes ne sont pas de la faiblesse, elles représentent la profondeur de ma perte, elles disent que je suis en convalescence.

Sachez que j’ai besoin d’être écoutée. Alors si vous ne savez pas quoi dire, ne dites rien. Une présence, un regard, une main sur l’épaule, une accolade suffisent pour me transmettre votre soutien.

La douleur d’une maman à la perte de son enfant ne se mesure pas au nombre d’années, de mois, de semaines ou d’heures qu’elle l’a connu, mais plutôt aux rêves qu’elle avait conçus pour son enfant. Mon amour pour Alix ne se mesure pas à son poids, ni à son âge. Elle était là, et je l’aimais. Elle était et restera mon enfant.

Ne croyez pas trop vite que mon deuil est terminé si je souris, si je permet à la joie de me visiter et au contraire, ne croyez pas que j’ai des problèmes si je pleure encore. Le seul moyen de traverser un deuil, c’est de le vivre. Il faut accepter de souffrir avant de guérir. Il me faudra peut être beaucoup de temps pour traverser ce deuil. Quand je suis fermée et réservée, sachez que souvent je pense à Alix, et c’est bien ainsi, tout simplement.

Au total cependant, je peux vous dire que je vais beaucoup, beaucoup mieux. J’ai écouté tous vos bons conseils qui me disaient de prendre soin de moi et je profite à fonds des semaines de congé que j’ai pour me faire du bien, aussi bien psychologiquement que physiquement. La perte de ma fille, de mon bébé, m’a transformée. Je ne suis plus exactement celle que vous avez connue avant la mort d’Alix. Je me sens à la fois très fragile et très forte, beaucoup plus forte qu’avant.

N’hésitez pas à me parler de belles choses! De choses joyeuses ou de choses tristes! Des enfants et des bébés de votre entourage! Les enfants qui m’entourent représentent pour moi quelque chose d’encore plus beau qu’avant, si c’est possible. Chacun d’entre eux est un petit miracle. La vie est si fragile!

Et enfin, lorsqu’il est question de mon deuil, je vous demande de ne pas me dire : « De toutes façons, vous allez ré-essayer à nouveau, non? ». C’est un autre sujet de conversation que nous pourrons avoir à un autre moment, c’est autre chose. Oui, le désir d’une famille est encore présent, Alix sera peut-être un jour une grande sœur, mais elle est irremplaçable.

Malgré son court passage, ma fille a transformée ma vie. Tranquillement, je me relève de cette épreuve. Je travaille fort pour rebâtir ma vie, nos vies. Et bientôt je serai plus forte que jamais. Ma petite Alix ne m’a pas quittée, elle est plutôt entrée dans ma vie le 12 septembre 2008 et jamais elle n’en sortira...
Merci.

Suzanne, mamange de la belle Alix

Réponses (déménagées) au message : Texte « laissez-moi vous expliquer »


From: puceauxyeuxbleus Sent: 29/11/2008 12:29 PM

Je veux te remercier pour le texte car je ne sais pas ce qui c'est passé en mo en le lisant mais j'ai comme perçu une lueur, une lumière dans mn chagrin qui m'est invivable. Merci encore car c'est bizarre mais tu as su éclairsir ma journée et je ne comprends même pas pourquoi mais je vais le prendre car cela fait du bien et cela faisait longtemps.... merci



From: Angie Sent: 29/11/2008 2:59 PM

Salut Suzanne,

Tout d'abord Merci à cette mamange ( dont on ne trouve pas le texte original), d'avoir composé ce texte...c'est une lueur d'espoir pour mieux faire comprendre aux autres ce que l'on vit. Ce qui n'est tellement pas évident.

Merci à toi, Suzanne de nous l'avoir partagé de nouveau, à ta façon. C'est très généreux de ta part, car je suis certaine, cela en aidera plus d'une.

Nathalie, maman de ange Laurence, née le 26 Octobre 2008, d'une grossesse à terme, décédée moins d'une heure après.



From: adammonange Sent: 30/11/2008 10:35 AM

Salut Suzanne,

Je suis contente que mon texte t'a aider à écrire à ta famille. J'ai pris 1 an après la perte de Adam pour le remettre à ma famille et lorsqu'ils ont lu le texte, ils m'ont dit qu'ils comprenaient mieux maintenant, et elles se sont excuser. J'étais contente de voir qu'en mettant des mots sur ce que l'on vit, ils finissent par comprendre que notre petit bébé, même s'il est décédé, est encore et restera toujours important pour nous.

Hier, une de mes soeurs m'a dit qu'elle avait beaucoup pensé à Adam (il était supposé naitre le 29 novembre 2007). Ça m'a fait du bien de voir que malgré le fait qu'elle ne le voyait pas, elle pensait à lui, à son suppposé fête de ses 1 an.

J'espère que ta famille continura de t'entourer et de te parler de ta petite Alix.

Nathalie maman de Nicolas, Cynthia, Jayson, son ange Adam et de ses 4 poussières d'ange.



From: patsycou Sent: 02/12/2008 11:40 PM

Bonjour Suzanne,

je viens tout juste de voir ton message. J'ai écrit la lettre ''Laissez-moi vous expliquer'' qui était inspirée de la ''Lettre aux proches d'une autre maman. Alors tu vois, cette lettre circule et se transforme d'une maman à l'autre, et tant mieux si ça peut aider les autres mamans. Je te la transmet à nouveau à ta demande.

Pour ma part, cette lettre a mis beaucoup de monde mal à l'aise. Peu me sont revenue avec des commentaires. Mais au moins j'ai dit comment je me sentais et j'espère qu'il ont compris que je n'acceptais pas qu'ils banalisent mon deuil.

Suzanne, est-ce que c,est toi qui était au Rêves envolés du mois de novembre? Moi oui, j'étais celle qui avait un abonnement annuel à ce groupe de soutien!

Portes-toi bien. Je pense à toi et à ton ange.

Patricia maman de Adam (4 ans) et de mon ange Élyse




Il est souvent difficile pour l’entourage de comprendre nos sentiments à nous, parents d’un enfant partit trop vite. Laissez-moi vous expliquer...

Ce texte s’adresse à tous ceux qui sont importants pour moi, et à tous ceux qui désirent comprendre et m’aider. Je tiens à vous exprimer l’ampleur de la perte que j’ai vécu, ce que je ressens et ce que je suis devenue.

Perdre un bébé aimé et désiré, en plein élan de donner la vie, au moment même où la symbiose est parfaite entre la mère et son enfant est un choc terrible, un traumatisme violent. C’est comme fracasser un mur à 2oo Km/hr. On ne s’en sort pas indemne. On reste marqué à jamais par ces malheureux évènements. En perdant mon enfant, je perd une partie de moi-même, je perd mes rêves, je perd toute une vie avec mon enfant. Son départ laisse un immense vide, un trou béant, un gouffre sans fin.

Plus les semaines et les mois passent, plus je réalise l’ampleur de ma perte. Plus je réalise tous les moments que je ne vivrai jamais avec Élyse, et ça, ça fait mal. Tellement mal qu’on a l’impression qu’on saigne des trippes.

Ne me demandez pas d’oublier, de passer à autre chose, c’est impossible. Cependant, tranquillement, j’apprendrai à intégrer ces évènements à ma vie, j’apprendrai à survivre à sa mort et j’apprendrai à revivre malgré son insoutenable absence. Je vous en pris, soyez patient avec moi et mon deuil.

J’aimerais que vous n’ayez pas de réserve à prononcer le nom de mon enfant décédé, à me parler d’Élyse. Elle est importante pour moi, elle fait partie de ma famille; j’ai besoin de parler d’elle, au même titre que j’ai besoin de parler de mon fils Adam. Alors, s’il-vous-plaît ne détournez pas la conversation. Cela me serait doux de parler d’elle avec vous, cela me ferais sentir sa mystérieuse présence.

Si je pleure lorsque vous évoquez son souvenir, soyez assuré que ce n’est pas parce que vous m’avez blessée. C’est son absence qui me fait pleurer, elle me manque tellement! Merci à vous de m’avoir permis de pleurer, car chaque fois, mon cœur guérit un peu plus.

Mes larmes ne signalent pas la faiblesse, elles représentent la profondeur de ma perte, elles signalent ma convalescence.

Je vous en pris, n’essayez pas d’oublier ma fille, pour moi ce serait la faire mourir une seconde fois.

Être parent en deuil n’est pas contagieux. S’il-vous-plaît ne m’évitez pas, j’ai besoin de vous. Sachez que j’ai seulement besoin d’être écoutée. Alors si vous ne savez pas quoi dire, ne dites rien. Un regard, une main sur l’épaule, une accolade suffisent pour me transmettre votre compassion.

Pour avoir perdu mon père et ma sœur, je crois sincèrement que la mort d’un enfant, d’un bébé est la pire des tragédies. Ne banalisez surtout pas ma peine sous prétexte que j’ai peu connu mon enfant. Ma souffrance est immense.

Mon amour pour mon enfant ne se mesure pas à son poids, ni à son âge. Elle était là, et je l’aimais. Elle était et restera mon enfant.

Ne croyez pas trop vite que mon deuil est terminé si je souris et au contraire, ne croyez pas que j’ai des problèmes si je pleure encore. Le seul moyen de traverser un deuil, c’est de le vivre. Il faut accepter de souffrir avant de guérir. Il me faudra peut être beaucoup de temps pour traverser mon deuil, s’il-vous-plait ne me bousculez pas.

Il est normal que la mort de mon enfant remettre en question mes valeurs, mes croyances et mes priorités. La vie n’a plus la même valeur à mes yeux, elle est ce qui est de plus précieux et chaque instant doit être vécu pleinement.

La perte de ma fille, de mon bébé, m’a transformée. Je ne serai plus jamais celle que vous avez connue avant la mort de mon bébé. Je vous en pris, acceptez-moi telle que je suis maintenant, avec mes différences, mes nouvelles croyances et mes nouvelles aspirations.

Le jour d’anniversaire de la naissance/décès d’Élyse ainsi que toutes les autres fêtes sont très difficiles à vivre pour moi. J’aimerais qu’en ces occasions vous puissiez me dire que vous pensez aussi à mon enfant.

Quand je suis fermée et réservée, sachez que souvent je pense à Élyse; alors, ne vous efforcez pas de me divertir.

Malgré son cours passage, ma fille a bouleversée ma vie, a transformée ma vie. Tranquillement et péniblement je me relève de toutes ces épreuves qui m’ont anéanti. Je travaille fort pour rebâtir ma vie, nos vies. Et lorsque je serai rendue de l’autre côté des larmes, alors je serai plus forte que jamais.

Ma petite Élyse ne m’a pas quittée, elle est plutôt entrée dans ma vie le 25 juin 2007 et jamais elle n’en sortira...

À la lumière de mes explications, j’espère que vous comprendrez l’importance que j’accorde à ma fille et à sa reconnaissance et l’impact que son départ a eu sur ma vie. Je ne l’oublierai jamais, elle fait partie de ma vie et de ma famille. Elle est mon deuxième enfant, elle est la sœur de Adam, elle est ma fille.

Si vous connaissez des gens qui ont perdus un petit bébé avant, pendant ou après la naissance, parlez-leur de leur bébé, mais surtout écoutez-les, c’est la meilleure façon de les aider.

Le deuil périnatal est banalisé par la société et pourtant les conséquences et les complications sont immenses.

Merci de votre compréhension.

Bonsoir, wow j'en ai le souffle couper. Je vous félicite pour ces texte parce que honnetement (pour ma part) sa ressemble tellement a ce que je vie. En lisant les texte je me suis rendue compter que personne n'avait apeller mon fils par son vrai nom. Bon je sais qu'il a le meme nom que son père sauf que lui c'est Junior. Et sa me désole. Je vien de le faire lire a mon amie qui est aussi la marraine de mon gars et elle m'a demandé si c'étais comme sa que je me sentais et je lui ai répondu oui. Je n'aurrrais pas trouver de meilleur mot pour définir mon état d'être. Bravo!!

une belle penssé a nos anges
Isabelle maman de Jonathan Jr. partie depuis presque 3mois...

Bonjour Isabelle,

Je suis très heureuse si les mots de Patricia et/ou les miens ont pu t'être utiles... C'est ce que j'espérais en affichant ce message.

Suzanne, mamange de la belle Alix