J'ai peur, peur d'écrire et d'avoir mal, ce mal que je ne veux pas voir et que j'évite plus que tout... j'aimerais que le 11 août disparaîsse de ma vie, mais il reviendra peut-être...
J'avais une grossesse presque parfaite: pas de mal de coeur, pas de maux de tête, pas de fatigue... rien que du bon! Mon chum et moi, avec la famille, on bâtissait notre maison depuis le mois de mai. Je travaillais, avec ma grossesse bédaine, à la scie et au marteau. La grossesse pour moi n'était pas une maladie, mais un événement plus qu'heureux! Tout avait parfaitement fonctionné. Dès le premier mois, j,étais enceinte! La seule chose qui me troublait à partir de la 24 ième semaine c'est que j'étais très grosse et très enflée, mais mon médecin me disait que c'était de la rétention d'eau. Tous mes tests étaient parfaits.
Le 5 août, je me lève et je saigne... je panique! Je suis à 26 semaines et quelques jours... je ne devrais pas saigner. Je me rends à l'hôpital et chance... je tombe sur mon médecin. Il me passe un examen et me dit que ce ne sont que des petits saignements, rien de grave. Il pourrait me passer un écho mais ne verrait pas grand chose. Il veut alors me donner 1 mois de congé, ce que je refuse car des petits saignements comme il dit ne devrait pas me garder au lit pendant 1 mois. On deal 1 semaine (par chance que j'ai la tête dure!)
les saignements n'arrêtent pas mais quand j'appele à l'hôpital, on me dit que c'est des vieux saignements alors rien à craindre. Le lundi suivant, je retourne travaillé... c'est le 11 août. Je saigne encore ce qui est considéré comme de vieux saignements, mais décide de retourner à l'hôpital, à la fin de mon chiffre, voir si tout est correct. Je prends mon auto et mes jambes et je me rends à la Cité de la Santé. On me fait attendre 2 heures dans un lit car à part les saignements, je vais très bien. Le médecin arrive et me fait mon examen. Elle veut me garder jusqu'à demain pour faire mon écho, mais tout semble bien beau. Je me lève et j'appele mon conjoint en lui disant qu'elle me garde par prévention, de ne pas venir et de ne pas s'en faire. Lorsque je retourne à mon lit, une infìrmière prend ma pression, devient blanche comme un drap et quitte en courant. Alors ils reviennent à plusieurs me demandant si je me sens bien et m'indiquant que je vais être transféré d'urgence à Ste-Justine. Je ne comprends rien car je vais très bien. Je n'ai plus le droit de me lever, mais j'appele tranquillement mon conjoint (10 min plus tard) pour lui dire de venir me rejoindre finalement...
Tout au long du transfert en ambulance, je ris et je blague (je pense que les médecins paniquaient un peu)! Vers 23 hrs, le verdict tombe... je souffre d'une pré-éclamsie et je dois accoucher d'ici la fin de la semaine... un mur, ma grossesse parfaite frappe un mur... La néonatalité vient nous voir vers 3hrs du matin pour nous dire qu'ils vont prendre en charge Loïk... une petite césarienne et tout ira bien! 90% de chance qu'il soit en bonne santé... je suis à 27 semaines et 5 jours. C'EST BEAUCOUP TROP TÔT!!! Mais nous gardons confiance, s'ils peuvent le prendre en charge pas de trouble, on va se battre. Vers 9hrs, je vais passer une écho qui dure 1 heure, je m'endors presque durant l'écho, je commence à être épuisée. Puis, quelques heures plus tard, un médecin vient dans notre chambre, s'assoit sur mon lit et nous demande si nous comprennont ce qui se passe. NON, ON NE COMPRENDS RIEN!!! Il indique que la maladie semble déclarée depuis plus de 3 semaines, qu'ils ne savent pas comment je ne peux avoir eu aucun symptôme, que Loïk a un retard de trois semaines, qu'il y a 99% de chance qu'il soit fortement handicapé et que la césarienne ce n'est pas comme on pense, c'est risqué pour ma vie et pour mon utérus. Je lui dis la chose la plus difficile que j'ai jamais dites de ma vie: "TU NE TOUCHE PAS À MON GARS! TU M'ENTENDS, TU LE LAISSES PARTIR!" Nous sommes mardi après-midi, 24 heures plus tôt, j'étais au bureau. Le coeur de Loïk a cessé de battre dans la nuit du mardi à mercredi, dans mon ventre et ça été le plus grand soulagement de ma vie. Il était mort au chaud, dans mon ventre, entouré de l'amour que j'avais pour lui. Le jeudi matin, 14 août, j'accouchais naturellement d'un bébé décédé. Je ne voulais pas le voir et je voulais tout oublier... oublier ce qui était arrivé. Je voulais reprendre ma vie normale et ne jamais avoir été enceinte... c'était ma façon de combattre le malheur.
2 jours plus tard, le samedi, j'ai demandé à voir mon fils, à le prendre et le bercer. Pendant 30 petits minutes, son papa et moi avons pu prendre soin de notre fils. Je l'ai remercié d'être partie et lui ai donner autant de baiser que je pouvais. Il ne semblait pas mort, Loïk semblait dormir. Je n'ai maintenant que ces cendres à la maison et une photo de lui accroché au mur que j'ai pris moi-même! Il aurait été si beau et si heureux... nous l'aurions tellement aimé.
Et aujourd'hui, je roule encore un peu comme si rien n'était, j'essais de rester forte pour les autres, sans pour autant oublier mon fils. Mais je dois sortir toute cette peine qui m'envahit et tout cette peur car il se peut que la prochaine fois, je rencontre à nouveau le 11 août...