Transfert du témoignage original écrit le 8 janvier 2008
À Aurélie, notre amour, notre ange
À toutes celles qui me lisent, je tiens tout d’abord à vous remercier car depuis plusieurs semaines, c’est moi qui vous lis et j’ai trouvé en vos témoignages, beaucoup de réconfort. Merci à Julie (participante)de nous avoir fait découvrir ce site. Voilà aujourd’hui notre histoire.
Aurélie a enfilé ses ailes le 4 septembre 2007 à 36 semaines d’une grossesse parfaite.
Rien ne laissait présager une fin aussi tragique car tout se déroulait normalement. J’avais même vu ma gynéco le 30 août pour un contrôle de routine et tout était normal. J’étais une patiente facile, tout était toujours OK. J’étais en retrait préventif depuis la 24ème semaine donc je profitais au maximum de ma grossesse et de mon fils, Antoine de 3 ans 1/2.
Lundi, le 3 septembre étant un jour férié nous le passons donc à la maison, en famille. C’est une journée tranquille, nous faisons du spa dans l’après-midi et en sortant je me sens fatiguée alors je m’étends une petite demie-heure pour récupérer. Je sors ensuite dehors car il fait très beau et je m’assois devant la maison avec Robin, mon mari, pour regarder Antoine faire de la bicyclette. Je dis bientôt à Robin, regarde ta fille et mon ventre fait une grosse vague. On se sourit car ce sera sûrement un bébé actif, elle bouge tellement. Dans la soirée, je la sens très peu bouger et au coucher, je la pousse un peu mais elle semble dormir car elle ne me répond pas. Je ne m’inquiète pas, à 36 semaines, elle commence à avoir moins de place. Je me lève une fois dans la nuit pour aller aux toilettes et elle ne bouge pas non plus, elle ne le fait pas toujours la nuit. Au matin par contre elle nous dit toujours bonjour et ce jour-là, elle n’est pas au rendez-vous. Je me lève et vais manger quelque chose, elle devrait bouger car elle semble très gourmande. Encore rien. Il est 7h00 et Robin est prêt à partir au travail. Je lui dis, que c’est bizarre, Aurélie n’a pas bougé ce matin et que depuis hier soir, elle est très tranquille. Il me dit de me coucher sur le divan, il va me la faire bouger. Je m’allonge et il tente de la réveiller, toujours rien… Il me dit alors de me préparer pour aller à l’hôpital, qu’il a un mauvais feeling. Je lui dis ben voyons … Il me dit de me dépêcher, qu’il s’occupe de réveiller Antoine et d’aller le porter à la garderie. Il viendra ensuite me rejoindre.
Je me rends donc à l’Hôtel-Dieu de Lévis, à l’urgence. Sans m’examiner ils me disent de monter à l’unité mère-enfant car je suis à 36 semaines et qu’ils sauront mieux s’occuper de moi. Ils me demandent seulement si j’ai mal au ventre et lorsque je leur réponds non, ils me disent de ne pas m’inquiéter, qu’ils vont me rassurer et qu’ils les préviennent de mon arrivée. Je monte donc au 6è étage ou je suis tout de suite dirigée vers une salle avec un moniteur. Lorsque l’infirmière pose l'appareil sur mon ventre, j’entends un cœur, je lui demande si c’est le cœur du bébé et elle me dit oui. Je me sens soulagée mais je lui dis qu’il ne bat pas très vite, qu’on dirait que c’est le mien. Il est presque 8h00 c’est le changement de chiffre et une autre infirmière vient prendre la relève. Elle me confirme que c’est mon cœur qu’on entend mais de ne pas s’en faire, que ça arrive qu’il ne trouve pas celui du bébé. A ce moment je sais que ça ne va pas bien, ça ne se peut pas, ma gynéco trouve toujours tout de suite le cœur du bébé. L’infirmière revient avec le docteur et la machine à écho. Aussitôt que l’image apparaît à l’écran, je vois bien que notre fille est inerte et que le cœur ne bat plus. Le docteur me dit que ce n’est pas des bonnes nouvelles et je sais alors qu’il n’y a plus rien à faire. Je suis seule car mon conjoint n’est pas encore arrivé, le docteur me console du mieux qu’il peut. Je dois maintenant l’annoncer à Robin. Je l’appelle sur son cellulaire pour savoir il est rendu où. Il me demande tout de suite : « il n’y a plus de petit cœur ? ». Je lui dis que non et il me dit qu’il arrive. Quelques minutes plus tard, nous sommes dans les bras l’un de l’autre et apprenons ce qui va se passer au courant de cette journée. Ils m’ont branché pour le déclenchement à 13h00, j’ai eu l’épidurale rapidement car ils ne voulaient pas que je souffre plus. A 20h48, après seulement quelques poussées, nous avons pu faire la connaissance de notre fille Aurélie, 6lbs4, 20 pouces 1/4. En la regardant, rien ne nous indiquait qu’il s’était passé quelque chose d’anormal depuis la veille. Elle ressemblait beaucoup à son frère et était très mignonne. Nous avons pris du temps avec elle et je ne regrette pas ces moments où j’ai pu la tenir dans mes bras et l’embrasser. Je savais pourtant que je devrais la laisser partir et je tentais de graver dans ma mémoire les moindres détails de son petit visage, ses mains, ses pieds et la sensation de son corps contre le mien. Un prêtre est venu faire une prière avec nous et nous l’avons ensuite laissée partir. C’est là que le vide paru le plus grand. Heureusement, Robin et moi sommes très proches et avons trouvé du réconfort l’un dans l’autre. Notre famille fût aussi d’un soutien inestimable ainsi que nos amis qui ont tous pris le temps de nous adresser des mots de soutien.
Nous avons eu les résultats de l’autopsie et de l’analyse du placenta ainsi que du cordon ombilical et aucune cause n’a été trouvée. Cause inconnue, accident de la nature, nous ne le saurons jamais et devons nous contenter de ça....
Il y a maintenant quatre mois qu’Aurélie nous a quittés mais nous sentons qu’elle nous accompagne au fil des jours. Elle nous a permis de renforcer nos liens et de profiter de chaque instant qu’il nous est donné de vivre. Elle nous a fait prendre conscience que la vie est un cadeau inestimable et qu’il est de notre devoir de l’apprécier à sa juste valeur. Nous sommes persuadés que nous sommes des personnes meilleures depuis son passage dans nos vies. Antoine aussi nous a permis à travers cette épreuve de continuer à avancer et surtout de continuer à faire confiance. Aujourd’hui, bébé-espoir est en route, seulement 5 semaines et demie mais déjà tellement de bonheur de penser que la vie grandit encore en moi. Il y a certainement un petit ange derrière ce nouveau cadeau de la vie.
Aurélie restera à jamais dans nos cœurs et nous tiendra la main tout au long de notre vie jusqu’au moment où enfin, nous pourrons la bercer de nouveau. D’ici-là, bien des aventures nous attendent et nous comptons bien en profiter au maximum.
Nous t'aimerons toujours petite princesse, petit ange
Claudine, Robin, Antoine, Ange-Aurélie et Bébé-espoir 5 sem et demie