Je suis une nouvelle maman en deuil. Nous avons perdu notre bébé Alessandro, il y a un mois exactement le 15 avril dernier, à 23 semaines de grossesse. Une triste surprise puisque la grossesse se déroulait normalement et que bébé allait bien aussi. En faite, je ne me suis jamais sentie aussi bien et sereine dans ma peau. Tout a débuté le vendredi 11 avril, je commencait à avoir des contractions de facon sporadique. Étant à ma première grosesse, je pensais qu'elles étaient des crampes, puisqu'elles n'étaient pas douloureuses. Samedi soir, je communique avec Ste-Justine et je m'y rends pour vérifier s'il s'agissent belle et bien de contractions..... eh bien OUI! Les médecins réussissent à les arrêter, mais elles reprennent le soir suivant et là, j'ai découvert ce que voulait dire être en travail! J'étais rendue à 3cm et on me conduit à la salle d'accouchement : calmants intraveineux, épidurale, etc. s'en suivent - encore une fois les contractions arrêtent, mais il ne peuvent plus m'examiner pour peur que les contractions repartent. Le lundi ont me re-communique le scénario : je suis à repos forcé pour au moins quatre semaines (déjà j'étais branchée à une sonde, soluté, etc.... vous voyez l'image) et ont me parle des interventions et des probabilités de survie entre 24-28 sem. (et de non-intervention dans mon cas à 23sem). Là le choc se reconfirme, j'aurais fais n'importe quoi, mais ayant vécu avec mon frère jumeau lourdement handicapé (manque d'oxygène, paralysie cérébrale, etc.), je savais ce que cela voulait dire, et alors, j'ai demandé au bon Dieu qu'il vienne chercher notre bébé. Je me sens très coupable de cela, mais d'intuition, je savais que ca n'allait pas duré encore longtemps. Après une journée clouée au lit, j'ai de l'admiration pour toutes les personnes que sont dans cette situation.... devoir s'adapter à vivre comme dans une boite- moi qui a toujours la bougeotte! Enfin reprenons le récit : la nuit de lundi à mardi, j'ai de la douleur, quelque chose pousse au bas ventre contre la sonde. Au début j'ai pensé "la sonde, c'est un corps étranger" mais la douleur s'intensifiait et voilà de nouveau les contractions.... cette fois-ci la résidante se dépêche à mon chevet, rien à faire je suis complètement dilaté, j'ai dû accoucher. Quelle expérience! mon mari a été formidable : lui, qui tout au long de la grossesse n'était pas sur de vouloir "voir" l'accouchement, a été présent à chaque seconde et a même assisté dans le processus, lui avec une jambe, l'infirmière avec l'autre (je m'excuse pour le coup de pied final!). Quelques deux heures plus tard, Alessandro est né vivant (faisant son entreé en volant comme un missile) le 15 avril à 5h08, pesant 670gr, long 30cm: le plus beau et le pire moment de notre vie! Durant les poussées finales, je ne cessant de penser dans ma tête : "Cher bébé pardonne-moi!" et c'est bizarre je visualiser un bébé jouffue, en santé qui sortait! Nous avons passé 2 heures avec lui et l'avons fait baptisé: Alessandro comme Alexandre le Grand! Passer du temps avec lui a été un moment intime pour mon mari et moi et sommes contents qu'il n'y avait personne d'autre. Des choses mémorables ont été dites dans cette salle que je tiens chères à mon coeur.
Pour la "disposition" nous avons laissé à la charge de l'hôpital et le cimetière Cote-des-Neiges. Nous ne voulions pas faire affaire avec un salon funèraire, quoi que maintenant, je me demande si nous aurions dû faire une inhumation/tombe, suite à notre visite au cimetiere la fin de semaine dernière (on nous a indiqué la colline avec monument anonyme). Est-ce que vous savez de quoi je parle ? Ou est-ce qu'il y a un autre emplacement ? Mais, je suppose que notre recueillement symbolique a été aussi utile et valable.
Selon mon médecin, mon cas était le 1/1000, puisque mon col n'était pas dilaté et il n'y avait pas ruptures des membranes. Plutôt, sa première hypothèse est que j'aurais incubé un virus (même si je n'ai jamais été malade) qui aurait provoqué les contractions. Je devrais passer des tests/cultures au mois de juin pour identifier s'il y a une cause.
La vie recommence sa routine peu à peu et nous ressentons plusieurs différentes émotions, toutes à la fois: tristesse, colère (pourquoi nous?),culpabilité (est-ce que je fais quelque chose?), raisonnement froid (c'est mieux que ce soit passé ainsi), le sentiment de vouloir reprendre "le temps perdu" culpabilité, peur et angoisse pour une prochaine grossesse, etc... Je sais que tous ses sentiments sont normaux et valides et qu'il faudra du temps pour s'en remettre.Bien que en parler aide, je trouve que des fois certaines discussions remettent en doute les décisions que j'ai prises, tel retourner au travail (cette semaine) et me remplissent la tête avec d'autre inquiétudes ("retourner au travail trop tôt, peut te faire refouler ton deuil et peut causer des problèmes de santé" ou bien, "ne tombe pas enceinte dans le 3 prochains mois, pour ne pas faire coincider la date d'une 2e grossesse, avec la date de naissance du 1er bébé"). En fait, toute cette situation me fait sentir "in limbo"!
Pour l'instant, c'est tout, mais je suis contente d'avoir découvert ce site. J'espère pouvoir échanger avec vous tous.
Merci pour l'attention!
Gabriella
Maman d'Alessandro