Mon petit oiseau sans souffle

Joaquin,

cela faisait longtemps que ta maman n'avait pas versé autant de larmes qu'hier soir, trop longtemps peut-être. Je revoyais, revivais en boucle ton départ avec le sentiment étrange d'être réellement au chu...
je me revoyais la nuit du 18 au 19 novembre, dans mon lit d'hôpital, me réveillant toutes les heures en me disant "pas d'appel, il vit toujours" et puis vers 6h15 ton papa m'appelle pour me dire qu'on lui a demandé de venir vite, tu t'en vas. je reste prostrée dans mon lit, le regards et le coeur vides, non ce n'est pas possible, pourquoi toi?
j'entends le tél sonner au bureau des sf, je sais que c'est pour moi. une sf vient me chercher, on monte en réa en fauteuil roulant, sa main sur mon épaule et ses douces paroles "ce n'est pas juste"...
nous arrivons en réa devant ta chambre 23 et le bruit de la machine qui t'aide à respirer, assourdissant, couvre les paroles des médecins. je rentre dans ta chambre, le médecin appuie sur ta poitrine pour te faire un massage cardiaque (quelle horrible image). j'approche, elle me dit le regard perdu "il est en train de partir votre petit garçon", je lui réponds "je sais". "on va pas pouvoir attendre le papa"...je lui fais signe de tout arrêter, à quoi bon s'acharner sur ton petit corps pour retenir ton âme qui veut s'envoler...
elle débranche tous ces horribles tuyaux et te pose dans mes bras, pour la première et dernière fois. ton petit corps oedémié est si lourd...elle écoute ton coeur et au bout de quelques secondes me dit "il est parti". ton papa arrive en courant, je lui dis que c'est fini, il pleure, il s'effondre, je suis obligée de l'aider à tenir debout...

nous passerons encore de longues minutes à te bercer, à te choisir un pyjama, à te promettre de te donner un petit frère ou une petite soeur..., à caresser ton visage apaisé, tes petits pieds. nous t'aimons si fort, pourquoi a-t-il fallu que tu t'en ailles?

Mon amour,

Ta maman s'apprête à retourner au travail dans 4 jours, sans toi dans son ventre, vide de toi et de tout ce qui est parti avec toi: mon insouciance, ma joie de vivre, ma confiance en cette vie.

Bien sûr tu seras dans mon coeur, mais il y a des jours où cela ne suffit pas. Je me sens amputée d'un membre mais aucune prothèse ne peut me rendre la vie plus facile. Il me manquera toujours un bout de moi.

Aller travailler vide de toi, et vide de tout puisque pour l'instant petit frère ou petite soeur se fait attendre...tout mon courage je crois est parti avec toi, avec ton dernier souffle.

Je t'aime mon fils...tu me manques terriblement, d'une façon que seules les mamans d'ici peuvent comprendre.

Mon poussin,

Comme j'en avais peur, le retour au travail est source de grande angoisse pour ta maman. Je suis déprimée comme jamais au contact de toutes ces mamans ne parlant que leurs enfants 24/24. Je me sens à l'écart, sale, pas normale. Moi aussi pourtant je suis une maman qui a porté son enfant, qui l'a aimé de toutes ses forces. Mais ça personne ne veut l'entendre.

Mon amour pour toi reste secret et si profond. Bientôt 5 mois que nous nous sommes dit au revoir et pour l'instant ton papa et moi n'arrivons pas à te donner un petit frère ou une petite soeur. Nous en sommes désemparés. Nous ne voulons pas rester des parents orphelins. Nous voulons goûter au bonheur d'être à nouveau parents et ne pas seulement l'effleurer cette fois-ci.

Veilles sur moi mon ange.

Ta maman....<3

Joaquin, 5 mois mon amour que tu es né. Ta maman est au plus bas, comme jamais en ce moment.

Je regrette de ne pas être partie avec toi...

Je t'aime mon fils...<3

Je me joins à toi pour envoyer de douces pensées à ton fils...

Nos anges veillent sur nous...

Plein de bisous ma sandra

Mon petit garçon,

Je t'écris, te parle peu, car je sais bien que jamais tu ne m'entendras...je vis mon deuil à ma façon.

Mais je voulais aujourd'hui te dire merci, merci d'avoir fait de moi une meilleure personne, plus vraie et plus fidèle à ce que j'ai toujours été sans oser l'assurmer au quotidien.

Par moments je me sens très forte, forte de l'amour que je te porte. A d'autres moment je me sens si faible, de ne pouvoir t'avoir près de moi.

A l'approche de tes "un an", j'essaie de m'inscrire enfin dans le présent, de ne plus vivre dans la culpabilité et la honte du passé. Mais aussi de ne plus rien attendre, de ne pas faire plus de projets que ça. Car qui sait ce qui arrivera demain? Je vis au présent car d'avenir en tant que mère je n'ai pas pour le moment. J'essaie donc d'être une femme digne de l'amour de ton papa, qui ne va pas très bien en ce moment. Une amie sincère, etc...car mère je ne peux pas ou plus être, hélas.

Je t'aime plus fort que tout, il n'y a même pas de mots pour exprimer l'amour que j'ai pour toi, et le plus profond respect mon fils.

Même si peu de personnes (je peux le compter sur une main) vont penser à toi le 15 novembre prochain, ton papa et moi nous serons là avec toi à nouveau dans cette chambre 23 où la vie t'a quitté, dans mes bras.

Mon amour...
Cela fait si longtemps que je n'ai pas écrit ici...presque 6 mois. Pourtant je pense à toi chaque jour que Dieu (ou je ne sais quoi) fait. Mais tu le sais, nul besoin de l'écrire quelque part.
Cela doit faire au moins 6 mois aussi que je n'ai pas pleuré sur toi. Non pas que tu ne manques plus, bien évidemment. Mais je m'accroche à la vie, à cette roue qui tourne, à la vie de ton petit frère qui grandit en moi et cogne de toutes ses forces pour rassurer sa maman. Ses mouvements ressemblent aux tiens, à tous ces coups de pieds que tu as laissé gravés dans ma tête et mon corps comme autant de souvenirs précieux, autant d'ancrages qui font que oui tu as vécu, malgré l'oubli et l'indifférence générale.
Depuis que je porte cette vie, je te sens plus près de moi. Parce qu'enfin tu fais partie de moi. Tu n'es nulle part, sauf en moi, en papa et en ton petit frère. Nous formons une famille même si ce n'est pas une famille comme les autres. A l'heure où le printemps s'éveille tu vis dans mon coeur, dans mes gestes, mes éclats de rire, mes sourires. Parce que c'est toi et toi seul qui me souffle le goût de vivre. Tu m'as appris tellement de choses, sur cette vie, sur son non-sens, sur l'amour.
Tu as été le plus beau des cadeaux, la plus belle et précieuse leçon de vie que je ne recevrai jamais. Alors oui tu n'es plus là et la douleur fait à jamais partie de moi. Mais d'autres choses fleurissent autour, comme renaît la nature au printemps chaque année, peu importe tout ce que l'hiver à emporté. Tu es la vie mon fils et chaque jour je te chéris. Je t'aime.

Mon bébé,

Maman a 32 ans aujourd'hui...mais en réalité j'ai plus l'impression d'avoir bientôt 2 ans. Car tu aurais bientôt eu 2 ans.
Je ne me sens pas très bien en ce moment, mais tu le sais c'est parce qu'on est en automne et que l'automne reste à jamais ta saison, ton histoire, tes dates...
Tous les ans je revivrai ton histoire je crois.

Pourtant ton petit frère (si seulement tu pouvais le connaître...) a choisi de plonger dans tes dates. Le 19 novembre il aura 4 mois. et cela fera 2 ans que tu m'as quitté. Il a choisi ce jour, ce 19, sans doute pour adoucir ce chiffre, pour apaiser mon cœur de maman.
Et Dieu sait qu'il y arrive par ses sourires!

Tu me manques tellement mon cœur.

Les 2 petites bougies que tu ne souffleras pas aujourd'hui brilleront fort dans mon cœur, celui de ton papa et de ton frère en ce jour anniversaire.

Il fait grand soleil...merci mon amour de m'avoir choisie pour maman, de m'avoir ouvert les yeux, ouvert le cœur, de m'avoir offert un nouveau regard sur le monde, sur la vie.

Ta maman t'aime très fort.

Mon arc-en-ciel,

Il y a deux ans maintenant que tu nous as quitté...

Chaque jour mon amour lorsque je pense à toi c'est une étreinte imaginaire, intense et impossible.

Je t'ai porté pendant 37 semaines et 2 jours. Tu as vécu 4 jours à peine. Je te porte et te porterai toujours au creux de mon âme.

Je t'aime terriblement.

Ta maman <3

Mon amour,

Tu me manques tu me manques...
ça ne va pas depuis hier et je n'arrive même pas à pleurer. il faut dire que ça fait tellement longtemps...
tu me manques à nouveau dans ma chair, dans mon cœur. c'est physique. seule une mam'ange peut comprendre cette souffrance là.
Elle va passer je le sais, lorsque ton frère se réveillera de sa sieste, le sourire coquin aux lèvres.
mais pour le moment...tu me manques...

Mon tout petit bonhomme,

Je passe rarement par ici, mes pensées ne s'attardent plus que rarement sur le manque de toi, mais aujourd'hui tu es très présent à mon cœur de maman.
Ton second petit frère te ressemble beaucoup, c'est parfois déstabilisant...mais j'espère qu'en grandissant ce malaise va s'évaporer.
Je t'aime, c'est si triste de ne pas pouvoir te le dire chaque jour à l'oreille, de ne pas préparer Noël avec toi à nos côtés.
La vie que tu as laissé après toi est bien difficile même si tu la remplis chaque jour de cadeaux inestimables. Tes deux frères en font partie. Sans toi ils ne seraient pas là.

Je t'aime mon tout petit.