Amie ayant un nouveau né, je me sens mise à l'écart.

Voilà tout est dans le titre, ma meilleure amie à accouché il y a deux semaines, tout d'abord en l'apprenant j'ai pleuré... J'étais contente pour elle et tellement triste pour moi car je savais que cela serait difficile à vivre, que rien ne serait plus pareil entre elle et moi.
Je n'avais pas de raison de me dire que je serais mise à l'écart car une amie à moi qui a accouché une semaine avant moi me parle tous les jours, elle reste très disponible, bien que je n'ai toujours pas vu sa fille.
Donc pour ma meilleure amie, je me disais qu'en effet je n'aurais pas la force de voir sa fille mais que comme mon autre amie nous garderons contact à distance. Avant son accouchement on se voyait très souvent, lorsqu'elle était enceinte je l'accompagnais aux cours d'accouchement, elle m'écoutait et cela me faisait beaucoup de bien de voir qu'elle me comprenait.
Le jour de son accouchement elle me dit que sa fille a très hâte de voir sa tata... Moi je n'en ai pas la force et je lui répond gentiment que je ne me sens pas prête et que je préfère que sa fille ressemble moins à un nouveau né avant de la rencontrer mais que je suis très contente pour elle. Seulement depuis, je n'ai plus vraiment de nouvelles... Lorsque je lui envoie des messages je reçois un fébrile "salut ca va?" sans plus, sans réponse plus poussée.
Je l'ai appelée, j'ai tenté de m'intéresser à sa fille, pour lui montrer que je n'ai pas de soucis à en parler, qu'au contraire cela me fait plaisir de savoir que tout va bien, mais la conversation tourne court. Maintenant j'attends qu'elle souhaite elle même me parler mais cela ne semble pas venir.

Je pense qu'elle est mal à l'aise, qu'elle a peur de me blesser, mais en me mettant à l'écart je me sens tellement seule... Je ne comprends pas, si elle pense que parler de sa fille pourrait me blesser elle pourrait tenter de venir me parler d'autre chose, au lieu de cela c'est comme si elle n'existait plus, je ne sais pas quoi faire, je me demande si elle a mal pris le fait que je refuse de voir sa fille. Je n'ose pas lui en parler car effectivement parler de sa fille ne me pose pas de problème mais je ne me sens pas de la voir avant un moment.

Je ne sais pas quoi lui dire pour renouer le contact sans aller dans le reproche, ou la faire culpabiliser.

Surement que tu vois juste, ton amie ne saisie sans doute pas cette nuance, tu es capable qu'elle te parle de sa fille mais non de la voir, d'entendre sa petite voix, de voir ses petites mimiques...c'est parfaitement compréhensible, et d'ailleurs, c'est déjà énorme que tu réussisses à l'entendre parler de sa fille, tu pourrai ne même pas en être capable encore, cela se comprendrait aussi et les amis devraient tout comprendre en théorie, du moins, admettre, que tu n'y peux rien, que tu géres comme tu peux dans le contexte où tu te trouves, ayant toi, perdu ta fille. Ils devraient admettre, comprendre tout ceci, sans en pratique, réellement se rendre compte de ce que nous traversons...

A ta place, je créverai l'abcès, du moins, je tenterais même pas écrit si tu te sens plus libre...lui redire que tu lui souhaite du bonheur avec son enfant, que tu es contente qu'elle se sente à l'aise et libre avec toi, qu'elle te parle de sa fille mais que tu vas à ton ryhtme, que c'est bien trop compliqué encore à gérer pour toi émotionnellement, la vision d'un bébé...qu'un jour, tu y arriveras, que tu feras connaissance avec son enfant...mais qu'il faut qu'elle te respecte en tant qu'individu ayant ton propre vécu, ta propre histoire douloureuse, que l'amitié est importante pour toi, que tu ne voudrais pas qu'il y'ait un quiproquo etc...

C'est pas simple...j'espère qu'elle sera plus tolérante et moins vexée, si telle est le cas par ta démarche de te respecter dans ton chemin de deuil.

Tu sais, moi-même je ne saurais pas comment agir si j'avais une maman dans mon entourage qui perdait son petit bébé pour la simple et unique raison que nous ne sommes pas toutes faites pareilles, on a chacune une façon différente de vivre notre deuil et, par le fait-même, des besoins bien différents. Je sais un peu plus comment m'adresser à ces mamans mais est-ce que je l'aurais su avant de passer par-là moi-même? Assurément pas parce que je ne comprenais l'intensité de leur douleur. C'est ce que j'ai toujours gardé en tête quand ma fille est décédée. On lit souvent sur le forum d'être égoïste, que les gens devraient avoir plus de tacts, qu'ils devraient savoir ce qui est approprié ou non mais ce n'est pas vrai, on ne peut pas avoir d'attente si on ne prend pas le temps d'énoncer clairement ce dont on a besoin et ce qui nous fait mal.

Ton amie a sans doute rapidement vu que ça te blessait quand elle t'a annoncé la naissance de son bébé. Tu lui as dit que tu ne pouvais pas le voir mais comment peut-elle savoir que le fait d'en parler ça te va? Parce que même sur le forum ici, certaines mamans sont à l'aise d'aller vers les autres bébés, d'autres comme toi ne le peuvent pas mais peuvent en entendre parler mais d'autres ne veulent juste pas entendre le bonheur des autres. Elle ne veut sans doute pas te faire davantage de mal et elle ne sait pas comment agir.

Si tu es mal à l'aise de prendre contact par téléphone, envoie-lui un courriel pour lui expliquer exactement ce que tu nous dis: que tu as eu du mal à la naissance, que tu ne te sens pas prête à voir son bébé mais que tu as envie de partager son bonheur, de l'entendre te parler de son bébé.

Je te souhaite de pouvoir reprendre contact avec cette amie puisque ça semble te tenir à coeur, les amitiés sont tellement importantes.

Bonjour,

Moi j'ai ma petite soeur de 8 ans de moins que moi qui est maman d'un petit Louenn depuis le 26/03/2012.
Nous étions enceinte ensemble, elle avait un mois d'avance sur moi et on échangeait beaucoup sur nos grossesses (résultat d'écho, sentiments, projets....)
Jusqu'au jour où lors de mon écho a 23Sa on m'a annoncé cette mauvais nouvelle.
Je ne pouvais plus me confier a elle sur ce sujet. J'ai pris un peu de distance avec elle et mes parents pour les préservés. Ils ne savent pas a quel point ça été dure pour moi et quel point ça l'est toujours aujourd'hui.
C'est moi qui me suis mise a l'écart, pour qu'ils soient alaise avec moi. Mais malgré cela je suis quand même mise à l'écart puisque l'attention se porte beaucoup sur ma soeur et mon petit neveu (ce qui est normal).
Cependant, même si je suis présente pour des moments en famille, je me sent quand même mise a l'écart parce c'est moment de bonheur que mes parents ont avec leur petit fils, ils ne l'on pas avec mon "Tinou" et en faite on ce sent exclu parce qu'on nous a privé de ces moments. On ne peut pas partagé ces moments parce qu'on doit en faire le deuil.
Faire le deuil de ces instants de joie que j’imaginais lorsque je me projetais avec mon enfant au moment ou mes parents seraient venu nous voir a la maternité ou lorsqu'on se serais retrouvé avec ma soeur pour faire les magasin pour nos bébés.

Je ne sais pas si vous comprendrez ce que j'ai voulu exprimé.

Mamange de "Tinou"

Oui je comprends très bien ce que tu exprime Palomange, le bébé de ta soeur te renvoie encore plus à ton manque car tu vois vraiment ce que ton bébé aurait pu vivre et puis du coup tu ne pourra pas partager tout ce bonheur avec ta soeur comme tu aurais du.
Je ressens la même chose vis à vis de mon amie, j'avais 2mois de grossesse de plus, tant qu'elle était encore enceinte je pouvais encore partager un petit peu avec elle, car tout cela je l'avais vécu, mais une fois son bébé là, que partager? que dire? Difficile d'aller faire les magasins bébé avec elle alors que maintenant je m'en sens phobique, difficile d'aller se promener au parc parce qu'il y a trop d'enfant partout. Ce que j'ai vécu me rend différente, et il faut du coup créer une toute nouvelle relation, nous pensions ma copine et moi que d'avoir un enfant toute les deux nous rapprocherais et au lieu de cela, ce que j'ai vécu nous éloigne...
En ce moment je tente de recréer cette relation, mais que c'est dur! Il faut encore une fois beaucoup prendre sur soi.

Autant nos amies ne savent pas comment agir ou quoi dire quand ils sont avec nous, autant je pense qu'elles sont également incapables d'aller explorer aussi loin une telle douleur, une telle catastrophe de la vie. Je ressens une genre de barrière qu'elles ne veulent pas traverser, que nous, nous avons traversée. Les nouvelles mamans sont très vulnérables et je pense que le fait de s'imaginer ce qui nous est arrivé, surtout avec un nouveau bébé tout neuf dans leurs bras, c'est juste trop. Certaines sont capables de le faire, certains ne le sont pas. Étrangement, ce sont mes amies les plus proches qui sont incapables de le faire. Ce sont d'autres, plus éloignées, qui m'ont prêtées l'oreille la plus attentive jusqu'à maintenant.

Il y a beaucoup d'épreuves à surmonter après le deuil d'un nouveau-né. Et l'une des plus difficiles pour moi, c'est de réapprendre à vivre avec mon entourage avec mon nouveau bagage (qui est lourd comme une tonne de briques!).