Témoignage - Charles - 27 mai 2012

C'était ma première et seule grossesse, à 41 ans, après 6 ans de traitement de fertilité dont 8 FIV. Cette dernière tentative était le résultat d'un don d'ovule. Une généreuse jeune femme de mon entourage m’avait fait le plus beau cadeau de ma vie. Le don des ovules (ponction) s'est fait le jour de mon anniversaire par grand hasard.

Ce fut les plus beaux 4 mois de ma vie. Je flottais sur un nuage, je rayonnais de bonheur. Je me souciais de rien, sauf que je cherchais constamment à vérifier que c'était bien vrai, que ce n'était pas une illusion, si bien que je contais les jours pour le prochain doppler ou pour la prochaine écho. Avec mes 3 gros fibromes et avec le suivi de clinique de fertilité, j’ai eu 3 écho et 3 doppler, ce qui faisait qu'à chaque 2-3 semaines j'étais soulagée...tellement heureuse...

à 13 semaines, suite à la recommandation de mon médecin de famille OB, j'ai été vu à St-Justine en grossesse à risque et l’on a décidé de me suivre là. Rien n'était inquiétant, mais vu mes fibromes, mon âge (malgré l'ovule de 28 ans) et mes problèmes immunitaires (coagulation et anticorps).

Le même soir de ce RV, pendant la nuit alors que j’allais à la toilette tout bonnement, j’ai eu des saignements. En appelant l'unité de naissance on m’a dit qu’on ne pouvait rien faire, de rester chez moi. C'est quand j’ai mentionné que j’étais sous Fragmin (anticoagulant) qu’on m’a dit de me présenter. L'infirmière de St-Justine qui était si douce et attentionnée n'a pas réussi à entendre le cœur, le cauchemar. C’est seulement plus tard lorsque le médecin a fait une écho que nous l'avons vu en pleine forme...quel soulagement, tout le monde était ému... Mais qu'en était-il de ses saignements?? on m’a retourné chez nous en tentant aussi bien que mal de me rassurer.

Les saignements on cessés, j'ai eu 5-6 jours de sang brun résiduel et puis c’est tout. J’ai assez vite retrouvé ma joie de vivre ma grossesse, j'ai réussi à mettre de côté cet évènement du moins en bonne partie.

À 16 semaines alors que j’avais des invités pour souper des saignements ont recommencés. Ma meilleure amie et mon conjoint ont tout fait pour me rassurer, me calmer...en fin de soirée je n’en pouvais plus et nous sommes allés à l'hôpital. Après examen le cœur battait bien, le col était fermé on m’a retourné à la maison. 2 jours plus tard je saignais toujours. De retour à l’hôpital et même scenario. Sauf qu’on m’a recommandé de revenir pendant la semaine pour une écho pour vérifier le placenta.

L'écho n’a montré aucun problème, un bébé en pleine santé un placenta bien positionné aucune rupture visible. Mais ce soir-là j’ai eu des contractions, en fait, je sais aujourd'hui que c'était bien des contractions...de retour à l'hôpital mes contractions ont cessé et un gros caillot de sang (comme un œuf) est sorti. Du coup je croyais que c'était le bébé sans réaliser qu’il était bien plus gros qu'un oeuf. Ensuite, j’ai cru que c'était peut-être une bonne nouvelle, que tout serait résolu maintenant que ce caillot était sorti?? Mais la résidente ne s'est pas fait très rassurante à cet effet. Cette dernière m'avait déjà vu et elle était très sensible à ma situation, un peu par pitié je crois, elle m’a offert de m'hospitaliser, question de me calmer et surtout que dès le lendemain que l’on refasse tous les examens incluant écho de mon col, et ce malgré que rien ne pouvait être fait à 17 semaines, comme on m'a répété si souvent.

L'examen de mon col le lendemain ma rassuré on m’a dit que j’avais un col très long et qu’il était bien fermé. Je sentais que ceci protégeait à mon bébé, enfin mon corps était bon à quelque chose! Malgré cela, j'ai pleuré tout le long de cet examen alors qu'on me disait "regarde tu manques tout il bouge bien, il te fait une danse, tout va bien, félicitations!"

Les jours suivants, hospitalisée, j’ai continué de saigner et j’ai eu une autre épisode de contractions pendant 3 heures. Parfois on était rassurant à mon égard, on me parlait d’exemple qui ont tenu malgré les saignements et contractions, mais on n’avait pas d’explications certaines de ce qui se passait. Mon mari venait me voir tous les jours malgré la distance et on s’imaginait les prochains 4 a 5 mois ainsi...mais on s'en fouttait, on aurait fait n’importe quoi pour avoir ce bébé, si je devais rester hospitalisée 5 mois, so be it!

Dimanche le 27 mai vers 14h, d'autres contractions ont débuté, je pensais par moment que c'était le bébé qui bougeait, je n’avais pas encore expérimenté avec certitude les mouvements de bébé alors je ne savais pas exactement ce qui se passait, les infirmières essayaient de m’aider à distinguer, on me disait qu’il bougeait beaucoup selon les sons du doppler. Mais les contractions sont devenues très régulières et assez rapprochées. Mon mari est arrivé alors que j'étais aux 3 minutes. Comme nous avions déjà eu des épisodes comme celles-ci ont s’attendait à ce qu'elles s’arrêtent. J'avais déjà demandé qu'on me donne un médicament pour arrêter les contractions, mais on me répondait qu'on ne le donnait pas avant 20 semaines. Pourquoi?

Vers 18h je suis tombé en état de choc, la résidente a mesuré une ouverture de col de 1cm. Tout mon corps tremblait. J’étais déjà en douleur à ce moment-là, mes contractions pour la première fois me faisait mal. On m'a finalement donné la fameuse drogue pour cesser les contractions, quand je les ai supplié "SVP je vous demande l'acharnement " c'est ce que j’ai dit en pleurant et tremblant à la résidente.

Nous avions encore espoir que tout se résorbe. Mon mari, le premier, y a cru jusqu'à la fin. Personne ne nous a jamais dit, vous êtes en train d'accoucher madame...on a donc continuer d’espérer malgré les contractions aux minutes qui était extrement douloureuses. À un moment les contractions ont semblé s'espacer, on pensait qu’on avait réussi, mais en vains. On m'a aussi donné une drogue calmante, celle-ci n'enlevait pas tout à fait la douleur mais réduisait l’intensité ou me permettait de l’endurer mieux, je ne sais plus. Pendant 3 heures de plus en travail, mon mari me massait le dos, et moi je passais à travers chaque contraction avec un moment de répit entre chaque. J’étais assez calme malgré tout; cette drogue m'a sauvée de devenir folle. À un moment j’ai dit à mon mari, "te prépares tu mentalement, tu comprends ce qui se passe?" mais il ne m’a pas répondu il voulait à tout prix continuer d’espérer.

Tout ce temps le cœur du bébé battait parfaitement bien.

A 21h54, j’ai senti un caillot de sang, j’ai sonné l’infirmière qui est venu voir, au même moment j’ai senti une dernière contraction énorme, j’ai poussé un grand cri et tout est sorti: le liquide et…. le bébé.

Tout petit, tout beau, tout formé jusqu'au bout des ongles, mais sans capacité de respirer, de survivre. Son coeur battait encore lorsqu’on me la mis sur moi, il était encore vivant. J'étais calme, je ne pleurais pas, la drogue calmante faisait encore son effet, mon mari lui pleurait beaucoup, tout son espoir venait de s'éclater d'un seul coup. Nous avons gardé Charles sur nous, nous l'avons regardé, touché, photographié. Pendant que son coeur battait de moins en moins, je fermais les yeux quelques instants par épuisement, puis rouvrais pour le regarder à nouveau, pour ne rien manquer. Mon mari suivait de près son petit cœur qu’il pouvait voir à travers sa peau translucide.

Son décès a été constaté 1h25 plus tard. Nous avons gardé Charles sur nous pendant des heures, on nous offrait de le reprendre et on refusait. Puis vers 3h du matin, nous l'avons laissé partir, et c'est là que j’ai tellement pleuré, je l'avais dans moi, puis sur moi et puis, plus rien du tout...

Le lendemain les ressources d'aide au deuil sont venu nous voir, c'est là que nous avons compris que ce petit est vrai, qu’il a existé et qu’il sera toujours notre fils. Nous avons remplis son certificat de naissance et nous avons accepté le service funéraire offert. Nous avons rencontré les médecins et tenté d'obtenir des réponses. Le placenta aurait déchiré à 30%, causes? On ne sait pas trop, je prenais déjà l'anticoagulant qui aurait dû normalement empêcher cela...

Nous avons repris Charles avant de partir, nous l'avons bercé, nous l'avons regardé une dernière fois, nous l'avons embrassé, et nous avons pris d'autres belles photos. En quittant la chambre l'infirmière tenait Charles dans ses bras, comme cela nous avait été recommandé par la psychologue, question que nous ne sentions pas que nous laissions notre petit tout seul...

Depuis sa courte visite, je chéri ses photos et les quelques petits souvenirs que j'ai de lui, et je parle de lui à qui veut bien l’entendre...

Charles mon petit chéri, repose en paix, je t’aime

Ta mamange

Merci à l’hôpital St-Justine d'avoir eu toutes ces belles attentions et d'offrir ce bon support en deuil périnatal.

Bonsoir mamange de Charles, et désolée de t'accueillir parmis nous.
Ton histoire est très touchante, d'autant + qu'elle ressemble en certain point à la mienne, alors te lire me serre le coeur...
Mon fils est né le 21 mai, une semaine tout juste avant ton petit ange Charles.
Tu es une maman courageuse, tu as tout donné pour lui, et ça il le sait.
Tu as eu le temps de le bercer, de le prendre dans tes bras, de faire de jolies photos, et ca sera des précieux souvenirs de ton ange.. que tu pourras regarder quand tu le veux, ca fait parfois du bien malgré les larmes qui coulent lorsqu'on les regarde..

Moi aussi j'ai perdu du sang mais toute la grossesse, ca a provoqué un gros hématome que personne n'a vu aux échos, et du coup le sang qui a stagné comme cela a provoqué une infection, et donc ca a déclenché des contractions...
J'ai eu droit a plusieurs traitements anti contractions (perfusions de tractocyl, cachets a prendre ect...) mais ca n'a pas suffit, le travail s'est lancé, et j'ai perdu le liquide... mon petit ange est né a 21 sa, un accouchement en silence comme beaucoup d'entre nous ici.. mais mon petit ange s'est éteins en moi pendant le travail.

Tu trouveras tout le réconfort dont tu as besoin, les coups de gueule que tu voudras lancer, les messages a ton ange, tout ça a sa place ici, tu es au bon endroit!
Tu pourras parler de ton petit Charles autant que tu le souhaites, il y a toujours quelqu'un pour partager un moment, une discussion, simplement t'écouter...

Je te souhaite beaucoup de courage, et je t'embrasse vraiment fort...

Pensées a nos bébéanges...

que dire de plus de tout coeur avec toi mamanange de Charles gros bisoux

je suis desolée de t'accueillir ici jolie mamange.Quel combat pour si peu d'instant de bonheur c'est vraiment injuste ...

mes jumelles ont ete emportées il y a un an a peu pres au meme terme que ton petit charles. Elles etaient deja decédées a leur naissance.

je te souhaite beaucoup de courage pour affronter l'avenir et braver toute cette peine et ce vd=ide n'hesite pas a venir ici c'est un vrai refuge.

je t'envoie beaucoup de courage pour cette douloureuse epreuve
tendre pensee a vous et bisous ton ange charles xxx

Désolée de t'accueillir ici
perdre son enfant après un si douloureux et long parcours pma, c'est vraiment injuste

je t'envoie plein de courage
Douces pensées à ton ange Charles

Désolée pour ton histoire mamanges,

Tu es une maman courageuse, tu as tout donné pour lui, et ton ange on est très fière

Douces pensées à vous

Bonjour maman de Charles,

désolée de t'accueillir sur ce forum où nous sommes malheureusement trop nombreuses à avoir vécu ce drame qu'est la perte d'un bébé...

Ton histoire me touche énormément car je fais aussi partiie de celles pour qui être enceinte n'est pas facile... Après près de 9 ans "d'infertilité inexpliquée", j'ai eu le bonheur d'être enceinte à l'automne 2011. Tout se déroulait pour le mieux jusqu'éa l'écho de 20SA où on note quelques anomalies...pour conclure avec un diagnostic de trisomie 18, malformation non viable :/ J'ai accouché en janvier dernier par IMG, à 21SA, de mon ange Lola... Comme j'en veux à la vie de m'avoir offert mon rêve si près pour me l'enlever aussitôt! Je ne suis plus très jeune non plus et je sais que le temps est compté...

Je te souhaite de trouver ici le réconfort dont tu auras besoin dans ce long et sinueux parcours qu'est le deuil d'un bébé... Malgré que ton petit Charles ne soit pas dans tes bras, il a fait de toi une maman pour toujours..! Il est maintenant un petit ange qui veille sur son papa et sa maman...

Bon courage, un jour à la fois...il y aura des journées meilleures que d'autres, mais donne-toi le temps qu'il faut... Prenez du temps ensemble toi et ton conjoint...les gens de l'entourage ne réalisent pas toujours l'ampleur de cette perte et c'est parfois difficile de pleurer quelqu'un que nous seules avons connu.

Sincèrement bonne chance Juliette, et n'hésite pas à venir te défouler ici, tu trouveras des oreilles compréhensives, peu importe les étapes que tu traverses...Je suis de tout coeur avec toi, avec vous...

Douces pensées à toi et ton petit ange Charles Témoignage - Charles - 27 mai 2012 935604

Témoignage - Charles - 27 mai 2012 935604

merci pour vos réponses. je les lis en pleurant. Presque 2 mois plus tard. Je passe de dures journees ces temps-ci...rien rien ne mintéresse, je m'éforce de me divertir poru ne pas devenir completement folle, mais tout est si illusoire, inutile... je suis incapable de retourner travailler, travail que je voulait quitter avec cette naissance de toute facon. Je n'ai pas le droit au congé de maternité etant donne que l'Accouchement était avant 20 SA, mais heureusmeent le medecin et mon employeur me laisse plus de temps...

Bonjour Juliette,

c'est vrai que c'est difficile de donner un sens à quoi que ce soit après une telle épreuve...! On dirait que tout est si superficiel... on essaie de se consoler avec des choses qui ne consolent pas vraiment au fond... C'est dur de garder espoir...

si ça peut t'encourager un peu, je crois que c'est normal d'être dans une prériode difficile... au début on dirait qu'on est comme en état de choc et le temps passe et on réalise davantage la triste réalité... on prend conscience de ce qui s'est passé... Tiens bon!!! 6 mois plus tard, je commence à avoir des meilleures journées... J'ai toujours beaucoup de peine, ma fille me manque à chaque instant, mais je pense que la douleur perd peu à peu en lourdeur...

Pour ton travail, heureusement que le médecin de ton employeur te donne un peu de temps...c'est clair que tu n'as pas la tête à ça... Je conmprends vraiment car j'ai aussi un travail que j'étais prête à quitter en 2009... La vie m'a fait y rester...pour le moment...J'ai au moins la chance d'être à temps partiel maintenant, mais à chaque journée de travail, je suis confrontée aux éléments qui faisaient que j'en avais assez et que je voulais partir... et je dois travailler fort pour trouver de nouvelles motivations et réussir à être bien dans mon travail malgré tout... Ouf, pas évident..! le médecin te donne combien de temps? Il est important de te respecter dans tes émotions... donne-toi le maximum de temps pour te remettre sur pieds, personne ne peut juger à ta place de comment tu devrais te sentir...!

Courage à toi...douces pensées pour toi et ton petit ange Charles

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