Bonjour!
Je suis déjà venue à quelques reprises sur le site mais c'est la première fois que je m'inscris afin de venir partager avec vous sur le deuil périnatal. J'ai malheureusement vécu moi aussi ce drame il y a presque 7 mois (ça fera 7 mois dans la nuit du 18 au 19 avril vers 2h45).
Je suis la maman de Charles. Mon fils est né à 40SA et 2 jours. J'ai connu une assez belle grossesse hormis un diabète gestationnel et la pression qui faisait le yo-yo vers la fin. J'étais suivie en clinique de grossesse à risque (GARE) pour ces raisons. J'ai donc eu beaucoup d'échos, de prises de sang, d'urine, de rendez-vous... On est prête à tout pour avoir un bb en santé. J'ai malheureusement appris que parfois, ce n'est pas suffisant. Il y a des choses qu'on ne contrôle pas...
J'ai souvent eu à faire des moniteurs foetaux pour Charles et son rythme cardiaque était beau. Le dernier que j'ai fait est le 4 septembre. Charles était super en forme! Mon gynéco me dit de revenir le lundi matin (8 septembre) pour un déclenchement car il ne veut pas que je dépasse trop 40SA à cause du diabète.
J'ai rendez-vous à 7h15 le lundi. Comme convenu, je me présente à l'hôpital un peu nerveuse. On m'installe dans une chambre, petit pipi, je mets la jaquette, la routine quoi! Je ne suis pas en travail, même pas dilatée. Charles bouge dans mon ventre comme tous les matins.
Nous savons déjà que ce sera un garçon et sommes très heureux qu'il arrive parmi nous même si nous sommes aussi stressés par le changement imminent dans nos vies! Mais Charles était un bb désiré et aimé.
L'infirmière m'installe le moniteur foetal. On trouve un pouls à 76... Sur le coup, je pense que c'est p-e mon pouls qu'il capte. Une 2e infirmière arrive pour tenter de localiser un autre pouls, suivie rapidement d'une troisième infirmière. On a toujours le pouls à 76
. Là, tout bascule. Ma chambre se remplit de monde, c'est le branle-bas. On vérifie mon col, 0 dilatation. Mon gynéco arrive et me demande si j'ai eu un problème durant la fin de semaine (fièvre, douleurs...) NON! Je serais venue ou j'aurais au moins appelé. Il m'annonce qu'il me fait une césarienne d'urgence. On me prépare vite pour l'opération, on m'amène dans le lit: pas le temps d'attendre la civière. Charles bouge beaucoup dans mon ventre. QU'EST-CE QUI SE PASSE? J'ose à peine demander...
On m'endort pour la césarienne. Il est 9h25 lorsque je reprends conscience en salle de réveil. Une infirmière est là et je demande où est mon bb. Elle me dit qu'on s'en occupe, qu'il est en néonat. Je n'en sais pas plus mais au moins, il est vivant! On m'amène finalement voir mon fils. Il est branché de partout, inconscient mais tellement beau! On nous explique qu'il devra être transféré à Montréal car il a besoin de soins intensifs spécialisés. Je ne le sais pas mais il est en danger de mort... Je suis sous le choc. Tout a basculé si vite... Mon conjoint aussi est sous le choc. Qu'est-ce qui s'est passé?
Je ne peux pas suivre Charles car il n'y a pas d'obstétrique où il va. C'est un hôpital pour enfants. J'ai besoin de soins alors je resterai dans ma ville, à l'hôpital où j'ai accouché. Un dernier regard posé sur Charles et ils l'emmènent. Moi, j'ai de l'espoir. Je ne veux et ne peux pas croire que ça peut mal aller. NON! On m'amène à ma chambre après le départ de Charles. Son père part pour Montréal avec mon père et ma belle-mère et moi, je reste à l'hôpital avec ma mère. Vers 17h00, l'infirmière de transport m'appelle à ma chambre pour m'informer que Charles est arrivé. Elle ne me ménage pas et me dit qu'on craint pour sa vie ou encore qu'il aura de graves séquelles... Le sol se dérobe sous mes pieds... C'est ma fin du monde... Après avoir raccroché, je me mets à pleurer sans pouvoir m'arrêter, je crie, j'ai mal...
Quand mon conjoint revient me retrouver le soir, il a cependant de bonnes nouvelles! Charles a pris du mieux, il est éveillé, alerte, les regardait, avait presque tous ses réflexes. Le médecin a dit que les séquelles devraient être légères si cet état se maintenait, ce qui n'est pas acquis encore. J'ai des images de mon fils via la vidéo mais j'en pleure car oui, les nouvelles me soulagent, mais mon bb est si loin de moi, il a l'air de me chercher du regard... Ça m'arrache le coeur.
Le lendemain, les choses se dégradent pour Charles. Son état empire. Il en va ainsi les jours suivants. Le vendredi, je peux enfin me rendre à son chevet. Il est inconscient et tout enflé à cause des médicaments. Ses reins ont du mal à fonctionner. Pourtant, tous ses organes étaient normaux, aucune malformation mais le choc qui a causé sa décélération cardiaque avant sa naissance semble vouloir laisser de graves séquelles. Il a dû avoir une réanimation aussi à la naissance. Son pouls était rendu à 50 quand il est né...
Les nouvelles ne sont vraiment pas encourageantes. Je ne peux pas le prendre dans mes bras car il est branché de partout. Je peux lui caresser les joues, les jambes et le dessus de la tête. Je lui parle, lui dis que maman est là, que maman l'aime. Son père est allé le voir tous les jours pendant plusieurs heures, sauf hier car je suis sortie de l'hôpital. Ce sont mes parents qui sont allés à son chevet.
Le médecin trouve que Charles ne se réveille pas vite. Il craint des séquelles neurologiques de modérées à sévères et ses reins sont dans un état précaire. Il ne nous cache pas que ça se pourrait bien que Charles nous quitte. On n'en est pas là, mais... On est effondrés. Comment ça a pu se produire?
Nous passons les jours suivants au chevet de Charles. Durant la fin de semaine, il reprend tranquillement conscience. Je pleure presque lorsque je peux enfin voir ses beaux yeux et qu'il me regarde! Je remarque que ses petits bras et ses yeux font des mouvements saccadés parfois. Nous en parlons à l'infirmière. J'ai peur que ce ne soit des convulsions... Je ne suis pas médecin mais quand même. Ils font encore des tests qui confirment effectivement que Charles convulse. Cela démontre une atteinte neurologique. Charles sera fort probablement lourdement handicapé. Quelle vie l'attend? Le mercredi matin, il convulse très fortement. Malgré la prise de 4 médicaments, ils n'arrivent pas à maîtriser totalement les convulsions. Le médecin nous informe que Charles démontre des signes de souffrance. On décide de passer aux soins palliatifs. Il a atteint un point critique. Le médecin classe Charles dans un pronostic très sombre. L'électroencéphalogramme démontre peu d'activité cérébrale...
Le soir, nous invitons nos proches pour le baptême de Charles. Il aura lieu dans une salle annexée aux soins intensifs. Nous voulons donner son nom à notre fils. Je lui mets ses pyjamas, ses couvertures. La valise que j'avais préparée pour lui, pour sa naissance, je m'en sers pour ses derniers instants de vie.
Avant la cérémonie, on m'installe dans une chaise berçante et je peux enfin prendre mon fils dans mes bras. C'est un moment étrange: je suis heureuse de tenir enfin mon fils mais je sais que le temps m'est compté. Il va repartir.
Toute la durée de la cérémonie, je le regarde dormir paisiblement dans mes bras. Il est si serein. Je regarde ses traits pour les garder dans ma mémoire. Il porte l'ensemble de baptême de son papa. Nous lui donnons le prénom que nous avions choisi pour lui: Charles. Depuis que l'on sait que nous attendons un petit garçon, on l'appelle Charles. C'est SON nom. Le baptême terminé, on prend des photos et tous les gens présents peuvent tenir Charles dans leurs bras et le bercer. Charles est calme, se réveille parfois puis se rendort. Il a parfois des convulsions mais le personnel médical le soigne bien.
Vers minuit, dans les bras de son papa, l'inhalothérapeute enlève le respirateur. On a tellement peur... On ne veut pas qu'il meure... Surprise! Il respire très bien par lui-même!! Monsieur dort calmement pendant que nous le berçons! Nous passons la nuit ainsi! Nous lui racontons comment son père et moi on s'est connus. On lui raconte des anecdotes, on lui lit ses histoires, on le change de couche. Mon chum dit à Charles qu'il avait un rêve avec lui: Partir à la pêche au lever du soleil avec son fils. Il dit donc à Charles que s'il est capable, ce serait chouette de regarder le lever du soleil ensemble. C'est pour cette raison que leverdesoleil est mon nom sur ce site! On a vu le lever du soleil du 18 septembre 2008 sur Montréal en famille! Merci mon amour!
On a eu le bonheur de passer toute la journée avec Charles! Il respirait bien. On l'a promené en poussette, on lui a donné des soins, on l'a bercé, collé, aimé tellement fort! On lui a raconté ses histoires, on lui a donné son bain. Quel cadeau incroyable!
Durant la nuit suivante, Charles a finalement déployé ses ailes vers 2h45 dans mes bras. Il a gardé son dernier souffle pour moi, avec son papa à nos côtés. Je le berçais, on lui disait qu'on l'aime! On l'aime pour le reste de nos vies!
On ne saura jamais ce qui s'est passé dans mon ventre le matin du 8 septembre. Le placenta était correct, rien qui explique ce drame. Ce n'est pas génétique. Il paraît que ça arrive chez des bébés à terme: 1/1000 grossesse...
Je n'ai pas vu Charles venir au monde mais je l'ai vu (ou senti) mourir... Personne ne veut vivre ça...
J'ai en fait 2 petits anges. Il y a Charles, bien sûr, et mon ange de ma fc en août 2007 à 7SA et 3 jours. À la cérémonie des anges de Charles, on a libéré 2 colombes pour nos 2 anges. Nous avons maintenant les cendres de Charles à la maison. C'est un choix personnel avec lequel nous vivons bien (si on peut dire ça...). La douleur de cette perte immense est constante et sans répit. C'est pour cela que je voulais partager la courte vie de mon Charles avec vous! Je sais que vous pouvez comprendre ce que ça signifie! J'espère aussi pouvoir vous offrir mon soutien! L'entraide et l'empathie, on en a bien besoin!
Merci à celles qui ont eu le courage de me lire jusqu'à la fin!