Dans le noir
Juste après ton départ, on se retrouve plongé dans le noir.
Le noir de la colère qui nous dévore, mais qui après des années fini par nous rendre plus fort.
Le noir de la jalousie, de voir une amie, qui porte en elle, un nouveau petit.
Le noir du désespoir, de te savoir là-haut ,toi, mon Léo.
Le noir du mensonge, car tu es obligé, toi, la maman endeuillé d’afficher un sourire pour la société. Car pour beaucoup ce bébé n'a pas existé.
Le noir de la haine, quand les gens nous rajoutent de la peine, en pensant nous aider à avancer, avec des paroles qui nous ont au final blessées.
Le noir de ce sentiment d'injustice, qui dans notre cœur s’immisce, car tu es absent de notre quotidien, toi, mon ange gardien.
Puis il y a des proches qui eux n’ont pas peur de prononcer ton prénom, car peu importe si pour eux tu as existé, ce n’est pas une question qu’ils se sont posés. Ils veulent juste voir nos cœurs apaisés.
Il y a aussi ceux qui te ramassent un coquillage, un joli caillou ou t’achètent un joujou…
Ceux qui te fabriquent quelque chose de leur mains, pour que l'on se sente mieux demain.
Ou celle qui te chante une chanson et illumine notre maison.
Peu importe la nature de ce geste. Il est si fort ! que de ce monde noir, il nous sort.
Je sais que vous vous reconnaîtrez, je n’ai pas besoin de vous citer.
Pour certains ça a été immédiat d’être là.
Pour d’autres il a fallut du temps, car il faut bien l’avouer, la mort d’un bébé on préfère la rejeter.
Sur le coup on se sent dévasté. Car dans notre deuil, on ne se sent pas toujours épaulé par qui l’on aimerait.
Mais je ne vous juge pas. Je ne vous en veut pas car aujourd’hui, j’ai compris.
J’ai compris que dans les mots qui m’ont blessé par le passé « il n’a pas existé » « il faut l’oublier » il y avait en réalité en vous, la volonté de nous aider.
Vous pensiez que si l’ont pouvait l’effacer notre douleur disparaîtait.
Des erreurs tout le monde en fait, personne n’est parfait !
Aujourd’hui je me sens apaisée de pouvoir enfin expliquer ce que j’ai traversé.
Mais ne croyez pas que tout est terminé, et que ça y est mon cœur est réparé.
Avoir son enfant inhumé, on ne s’en relève jamais.
Aujourd’hui je vis dans un monde coloré, mais il m’arrive encore parfois d’avoir besoin de me réfugier dans le noir pour crier mon désespoir.
Mon désespoir de voir les années défiler et de ne pas avoir eu la chance de te voir faire ta première rentrée.
Cette année c’est en CP que tu aurais du rentrer.
Et dans plusieurs années tu te serais certainement marié.
De l’extérieur le gens peuvent penser que dans cette situation, on se complait.
Mais en réalité ces choses là, on ne peux pas les maîtriser.
Malgré le fait que tu sois décédé, je ne cesserais jamais de t’imaginer, toi, mon bébé tant aimé.
Certainement parce que je ressens beaucoup de culpabilité, d’avoir du mettre fin à la vie de mon bébé.
On a rien à perdre quand on vient de tout perdre.
Alors je vous présente mes excuses d’avoir parfois été en colère, violente et jalouse.
Comme je le disais personne n’est parfait.
Mais aujourd’hui et venu l’heure de sensibiliser pour éviter de répéter les erreurs du passé.
Car ces bébés ont bel et bien existés.
Pour toi mon Léo né sans vie suite à une IMG le 5 avril 2017 .
Ta maman qui t'aime .
Illustration : maman Plumes