| | Reprendre le travail + attitude de certains proches. | |
| | Auteur | Message |
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dianetroyes
Nombre de messages : 5 Localisation : Reims Je suis : Maman de Ange(s) : Gabriel Décédé(e) à : 19 SA + 4 jours Le : 16/01/2020 Date d'inscription : 26/03/2020
| Sujet: Reprendre le travail + attitude de certains proches. Mer 1 Avr - 7:03 | |
| Bonjour,
J’ai beaucoup hésité à témoigner sur ce site mais m’étant sentie soulagée après la lecture de nombreux témoignages ici, je me suis dit que mon témoignage ferait aussi certainement du bien à une lectrice.
J’ai 36 ans, je suis mariée, j’ai un enfant. Mon mari aussi. Je suis enseignante.
Après avoir longtemps hésité, mon mari et moi décidons d’avoir un enfant commun. Au bout de trois mois d’essais, ça marche ! Je tombe enceinte ! Quel bonheur !
Quatre semaines après avoir eu la confirmation de ma grossesse (prise de sang), un matin au réveil, je constate des pertes de sang. Je file aux urgences. Ayant eu un rapport sexuel la veille avec mon mari, on pense que c’est le col qui saigne un peu car plus fragile ( J’avais saigné lors de ma première grossesse dans les mêmes conditions). Après deux heures d’attente , l’interne qui m’examine n’explique pas ces saignements. En revanche, il est affirmatif sur trois points : les saignements proviennent du vagin et se sont arrêtés et surtout … il y a deux sacs gestationnels ! Quel choc ! Il n’y a pas d’antécédents de jumeaux dans nos deux familles ! A cela, l’interne me répond « Il faut bien un début à tout ! ». Sous le choc, nous commençons à envisager notre vie avec des jumeaux et ce que cela implique : changement de voiture, fatigue, stress …Nous avons une certaine appréhension car nous ne pourrons pas compter sur nos familles respectives, qui sont , pour les plus proches d’entre eux, à deux heures de route de notre domicile.
Trois jours plus tard, je saigne fortement : du sang rouge vif qui coule comme un robinet ouvert. Retour aux urgences. Durant les deux heures d’attente, à deux reprises, je vais expulser « naturellement » un amas de tissus et de sang ( ça ressemblait à des morceaux de foie). Je comprends que je suis en train de perdre au moins l’un des deux œufs. Confirmation plus tard par l’interne . Il nous dit que c’est dû à un problème chromosomique, qui arrive souvent quand le corps comprend que l’oeuf ne sera pas viable. Nous rentrons alors à la maison sonnés mais soulagés à la fois. Soulagés car l’autre œuf est encore là ! Et puis, on se dit que ce serait peut-être mieux ainsi compte tenu de ce qu’implique au quotidien d’avoir des jumeaux en bas âge sans pouvoir compter sur une aide familiale. Ce soir-là, nous évoquons la suite de la grossesse et je me revois dire à mon mari « Ce serait vraiment pas de chance de perdre le second bébé ! ». J’aurais peut-être dû me taire…
Deux semaines plus tard, lors d’un contrôle de l’évolutivité à l’hôpital, le médecin décide de m’arrêter un mois car j’avais encore des pertes de couleur marron depuis la fausse couche précoce.Ce mois à la maison fût très difficile : fortes nausées tous les jours et toute la journée + grosses fringales incontrôlables. Je ne me plains jamais car je sais qu’il y a des femmes qui tueraient pour avoir ces désagréments et j’en connais. A la fin du mois, nous passons la première écho : nous voyons notre bébé qui bougeait beaucoup. Il croisait ses pieds, ses bras… Quel bonheur ! Je ne vous parle même pas des battements de son cœur ! On vient de passer alors le cap des 3 mois, on l’annonce à nos proches.
Un mois plus tard, je reprends le travail. Les nausées se sont atténuées. Un soir, juste avant de me coucher, je ressens de fortes douleurs au niveau de l’utérus. Je pense aux douleurs ligamentaires Je me dis que ce n’est pas grave. Je réussis à m’endormir. Le lendemain, toute la journée, je supporte ces douleurs au travail ( comme des décharges électriques) jusqu’au coucher. Je ne dis rien à mon mari pour ne pas l’inquiéter. Le lendemain au réveil, j’ai des pertes de sang légères et les douleurs sont toujours là. Je file aux urgences. Après deux heures de stress intense, l’interne me dit que tout va bien. Juste des douleurs ligamentaires. Dans la foulée elle me fait une analyse d’urine. Tout va bien. Je ressors donc avec du Spasfon et du Doliprane. Je vais au travail. Dès cet instant, je me ménage : j’annule des projets pro et perso. Je fais le minimum à la maison. Mon mari gère presque tout ! Quelques jours avant Noël, j’approche du 4ème mois. On se dit que c’est le moment de l’annoncer aux enfants. C’est ce qu’on fait. Les rendez-vous médicaux et les analyses médicales se poursuivent Peu de temps après Noël, ma sage-femme me téléphone pour me dire que j’ai une petite infection urinaire. Elle me prescrit un antibiotique : Séléxid, que je dois prendre pendant 7 jours 2 comprimés matin et soir. Elle me prescrit aussi un nouvel ECBU de contrôle à faire 10 jours après la prise de l’antibiotique. Je respecte bien la posologie. Je suis surprise car je na’avais aucun symptôme ( contrairement aux fois où j’ai eu une infection urinaire) ne suis pas inquiète car la sage-femme ne semblait pas alarmiste et puis je n’ai aucun symptôme et surtout je suis sous antibiotique !
Sur le moment, je me dis quand même que ce délai d’attente de 10 jours me semble long mais je me dis que ça doit être la procédure.
Le 10 ème jour après la prise de l’antibiotique, c’est un dimanche, les labo sont donc fermés. Je vais faire l’ECBU le lendemain. Dans l’après-midi, je constate d’importantes pertes blanches. J’ai souvent lu que c’était normal chez les femmes enceintes. Le soir-même, en faisant l’amour, me mari me fait remarquer lui aussi que j’ai beaucoup de pertes. Non sans humour on fait aussi le constat qu’il est temps de réfléchir à d’autres positions. Dans la nuit, je me réveille car je me sens humide. Le drap est aussi humide. Mi-réveillée et mi-endormie, je me dis que c’est un « accident » ( en fait, je souffre d’une vessie hyperactive et j’ai souvent eu des fuites). Honteuse, je file aux toilettes , je me change et je recouvre la partie humide du drap avec une serviette. Je me recouche.
Le lendemain matin, je me rends compte que la tâche humide sur le drap est quand même importante, mais je me dis : une perte des eaux à presque 5 mois de grossesse ??? Impossible pour moi ! Je n’y pense même pas ! Et puis, étant croyante, je me dis « Après ce qu’on a déjà vécu depuis le début de cette grossesse, le bon Dieu ne peut pas nous faire ça ! ». J’ai la foi. Je ne m’inquiète pas. Je vais travailler. Dans la journée, je trouve que mon ventre est un peu moins « tendu ». Mais je me dis que ce n’est qu’une impression. Avec le recul, je me dis que j’avais compris ce qui se passait mais que c’était tellement brutal, horrible, incompréhensible qu’il m’était impossible d’être dans la réalité.
Ce n’est que le lendemain quand je constate des pertes de sang que je file aux urgences. Durant l’attente, j’ai de la fièvre et des douleurs dans le bas du dos. L’interne m’examine. Le verdict tombe : le col est ouvert et pas qu’un peu. A tel point que l’on aperçoit des phalanges du bébé. La poche des eaux a rompu. Je suis en travail. A ce stade, bébé n’est pas viable. Je suis en état de choc, je ne peux bouger ni parler. Le monde s’écroule à mes pieds. Je pense être dans un cauchemar et j’espère me réveiller. Je suis hospitalisée. Dans la nuit, je prie, je supplie, j’implore le bon Dieu de sauver mon bébé. Je bois aussi beaucoup d’eau en espérant naïvement reconstituer le liquide amniotique. J’ai froid, j’ai des frissons. JE parle à mon bébé. Je lui demande de s’accrocher, que je fais tout pour le garder.
Le lendemain matin, au réveil, la sage-femme ne perçoit pas d’activité cardiaque. Elle appelle le médecin, qui me dit sur le même ton qu’on emploierait pour dire l’heure qu’il est, « De toute façon, il n’ y a plus d’activité cardiaque ». Je m’effondre. J’ai des contractions . Direction salle d’accouchement. Je croise des nouveaux-nés, des femmes qui viennent d’accoucher. J’entends des pleurs de nouveaux-nés . J’ai très mal. Les contraction sont de plus en plus fortes et de plus en plus rapprochées. Je hurle.L’anesthésiste vient. Il me met la péridurale. A peine me l’a-t-il mise que je sens expulser mon bébé. Il règne alors un silence assourdissant. Quel silence dans une salle de « naissance » !!. La sage-femme le prend, dans une autre salle, le « prépare » puis nous le ramène dans une petite boite en plastique bleue. Il est beau notre garçon. Il est formé. Il est comme vous et moi sauf qu’il n’a pas de cheveux et qu’il est petit. Il semble sourire. Je l’embrasse, je le caresse notre petit Gabriel né à 18 SA + 4 jours.
Les heures, les jours, les semaines qui ont suivi ont été les plus sombres de ma vie . Je ne pensais pas qu’il était possible de souffrir autant. Je me sentais vide. En état de sidération. Je ne faisais que pleurer.
Hier on a eu les résultats des examens du placenta : il a été infecté par la bactérie E.Coli. Sans doute lors de mon infection urinaire. Les résultats de l’autopsie ne sont pas encore arrivés. Sinon, le caryotype de Gabriel est normal. Donc pas de problème chromosomique. Cela nous soulage un peu, mais qu’un peu (car on ne renonce pas à notre projet bébé), car je suis bien placée pour affirmer aujourd’hui que la malchance peut se répéter.
Nous avons en presque 5 mois perdu deux bébés pour deux raisons différentes. On ne peut pas dire qu’on a été chanceux sur ce coup-là. Aujourd’hui j’essaie de me raccrocher à ce qui est positif dans ma vie : un mari formidable, deux enfants en bonne santé apparente ( dans mon métier j’ai des enfants qui n’ont pas cette chance ; parfois même avant leur naissance), on a acheté une belle maison, j’ai des amis et des proches qui m’aiment, mon mari et moi sommes en bonne santé apparente, ainsi que ceux que j’aime. Mais ce n’est pas facile tous les jour de voir les aspects positifs de ma vie.
Cela fait deux mois maintenant. Je n’ai toujours pas repris le travail. Je suis en arrêt pour état dépressif et je ne me sens pas capable de reprendre le travail avant la fin de l’année scolaire. Parfois,je me dis que je suis trop faible. Ma psy est très bien. Que je devrais déjà avoir fait mon deuil et être capable de reprendre le travail. Mais je n’y arrive pas. Quelqu’un d’autre dans cette situation ? J’aimerais bien avoir vos témoignages sur ce sujet.
Nous avons été fort déçus par l’attitude de nombreux de nos proches. Chacun a son excuse pour ne pas venir nous voir ou simplement nous soutenir : ma belle-mère qui dit ne pas vouloir s’immiscer dans notre intimité ! (La même qui ,nous a demandé quand on lui a annoncé ma grossesse si le bébé avait été conçu lors de notre séjour à Venise un mois plus tôt). Un deuil serait-il d’ailleurs plus intime qu’une naissance ??? Puis mon beau-père qui rajoute plus tard : « Dites-nous si vous organisez une cérémonie, on sera là ». Ah ! il faudrait qu’on organise une cérémonie pour nous faire la faveur de venir bous voir ??? Quand aurait-on pu organiser cette cérémonie ? entre deux coups de fil aux pompes funèbres ? J’avais à peine la force de me lever pour manger ou prendre une douche !
Sans parler d’un ami de mon mari qui « avait ski » et d’autres qui ne se sont pas manifestés. Ces mêmes qui étaient prêts à faire 4 heures de route pour venir chez nous quand nous organisions des repas à la maison. Il faut croire que dans les moments malheureux, les kilomètres se rallongent.
Pas un message non plus de ma belle-sœur. Toutes ces personnes trouvent le temps d’être sur Facebook à commenter des publications inutiles et à liker mes posts mais ne prennent pas deux secondes pour me faire un coucou. Comment des femmes qui ont porté des enfants peuvent-elles ainsi ignorer mon traumatisme ??? Pour moi c’est incompréhensible.
Voilà, vous l’aurez compris, aujourd’hui je suis dans la douleur, la culpabilité (de ne pas avoir pû veiller sur mon bébé) et la colère d’avoir eu tant de malchance et de constater le manque d’empathie de nos « proches ».
Merci de m’avoir lue. Prenez soin de vous. | |
| | | xabsiel
Nombre de messages : 2 Localisation : La Rochelle Je suis : Maman de Ange(s) : Félix Décédé(e) à : 32 sa + 2 Le : 2 octobre 2019 Date d'inscription : 06/04/2020
| Sujet: Re: Reprendre le travail + attitude de certains proches. Mar 7 Avr - 3:13 | |
| Bonjour,
J'ai perdu mon bébé en octobre 2019, je suis professeure, je n'ai pas repris le travail et mon médecin traitant trouve cela normal et m'arrêtera jusqu'à la fin de l’année scolaire.
Ce que vous avez vécu est extrêmement difficile, et dans notre métier, arriver ou revenir en cours d’année nécessite d'être en possession de toutes ses forces. Ne culpabilisez pas.
Je n'ai pas pu lire l'intégralité de votre témoignage car c’était trop douloureux pour moi... je ne sais donc pas si vous êtes suivi sur le plan psychologique. Si ce n'est pas le cas, je vous le conseille très chaudement.
Au sujet de l'attitude des proches (et le suivi psychologique m'a un peu aidée sur ce point), les personnes qui nous entourent de près ou de loin ne peuvent pas comprendre réellement ce qui se passe. Si vous vous en sentez capable et avec les personnes que vous pensez capables de l'entendre, parlez de votre enfant. Cela vous fera peut-être pleurer (c'est toujours le cas actuellement), mais c'est tellement important de prononcer son prénom, de l'entendre prononcer... Ce n'est pas un bébé que vous avez perdu. C'est votre enfant.
De loin, des pensées. Je ne sais pas quoi ajouter d'autre. | |
| | | dianetroyes
Nombre de messages : 5 Localisation : Reims Je suis : Maman de Ange(s) : Gabriel Décédé(e) à : 19 SA + 4 jours Le : 16/01/2020 Date d'inscription : 26/03/2020
| Sujet: Re: Reprendre le travail + attitude de certains proches. Mer 8 Avr - 15:05 | |
| Bonjour Xabsiel, merci beaucoup pourvotre message. Il m'a fait chaud au coeur. Je sais que je ne suis pas encore prête à reprendre le travail. Mon médécin traitant (qui est pourtant une femme) m'avait laissé entendre que " ça arrive souvent" et avait donc refusé de mârrêter jusqu'à la fin de l'année scolaire mais mon psy a accepté. Je me sens tellement soulagée...Un poids en moins...
Je vous souhaite aussi beaucoup de courage et de patience. Il parait que le temps guérit tout ... | |
| | | SouAd3010
Nombre de messages : 2 Localisation : ain Je suis : Maman de Ange(s) : adam et souleyman Décédé(e) à : 21+6 sa et 17sa Le : 10/04/2019,30/11/2019 Date d'inscription : 12/04/2020
| | | | dianetroyes
Nombre de messages : 5 Localisation : Reims Je suis : Maman de Ange(s) : Gabriel Décédé(e) à : 19 SA + 4 jours Le : 16/01/2020 Date d'inscription : 26/03/2020
| Sujet: Re: Reprendre le travail + attitude de certains proches. Lun 13 Avr - 17:51 | |
| Bonjour Alicia, je te trouve extrêmement courageuse ! Tes anges peuvent être fiers de leur maman. Moi après ma fausse couche, j'essaie de trouver le courage d'être à nouveau enceinte... Je te souhaite beaucoup beaucoup de courage et que du bonheur pour la suite ! | |
| | | Yut
Nombre de messages : 6 Localisation : Ardèche Je suis : Maman de Ange(s) : Maël Décédé(e) à : 4 mois de grossesse Le : 23/11/2019 Date d'inscription : 29/02/2020
| Sujet: Re: Reprendre le travail + attitude de certains proches. Mer 22 Avr - 8:49 | |
| Bonjour,
Votre histoire m'a beaucoup touchée, surement parce qu'elle fait fortement écho à la mienne... J'ai perdu mon petit garçon à 18 semaines de grossesse, le 23 novembre 2019. C'est la douleur la plus incommensurable que je n'ai jamais eu à traverser, et effectivement peu de gens peuvent la comprendre. Je dirais même que seuls ceux qui traversent la même épreuve sont capable de le faire, car comment imaginer un tel gouffre intérieur? Aucun mots n'est assez puissant... Et les proches, ou moins proche d'ailleurs, sont souvent d'une maladresse que l'on excuse difficilement car cette peine nous prend toute notre énergie. Je pense que c'est plus de la maladresse, de la non conscience, de la "fuite de voir l'autre en peine"... Seul le temps et la douceur avec vous même pourra vous aider.
Pour ce qui est de travail, prenez votre temps. Vraiment. Si il y a bien un moment où on devrait avoir le temps de souffler et reprendre pied, c'est bien après ce genre d'épreuve. Et que ceux qui ne le comprennent pas ferme bien leur gueule, ce n'est pas à eux de savoir quand vous serez prête à retourner au travail. Mon médecin traitant voulait m'y renvoyer un mois après, j'ai insisté pour prolonger 2x2 semaines avant de lâcher face aux "ça va aller maintenant non?" ou "Ça vous ferez du bien de ressortir!" et de reprendre, soit un peu moins de deux mois après. Je ne travaille pas avec des enfants, mais je suis aide à domicile, et prendre soin des gens à ce moment là à été compliqué! Je pleurais à chaque trajet en voiture entre deux clients, le matin avant de partir et le soir en rentrant... Bref, j'étais pas prête et ça a été très très dur pendant quelques mois. Alors mon conseil, n'écoutez que vous. Et ne culpabilisez pas de ce que les autres pensent, ils ne sont pas à votre place.
Je vous envoi toute ma tendresse, à vous et vos petits anges. Prenez soin de vous, et donnez vous du temps... | |
| | | | Reprendre le travail + attitude de certains proches. | |
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