Nos Petits Anges au Paradis
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 Mon ange Antoine

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angeantoine




Nombre de messages : 12
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Localisation : chambly
Je suis : Maman de
Ange(s) : Antoine
Décédé(e) à : 36 sem de grossesse
Le : 10 novembre 2003
Date d'inscription : 03/12/2008

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MessageSujet: Mon ange Antoine   Mon ange Antoine Icon_minitimeVen 5 Déc - 9:03

Alors voilà, je commence... j’y ai mis du temps car je ne me sentais pas prête à tout revivre ces évènements dans ma tête mais depuis deux nuits déjà, je ne rêve qu’à ça... Installez-vous confortablement car j’en ai long à dire...

Voici mon histoire:

Depuis quelques années, je travaillais en pouponnière dans un C.P.E et on voulait un autre poupon à nous... notre 3ème. A l’automne 2002, alors que mes collègues commencent à être enceintes une après l’autre, nous nous mettons au “travail” si on peut dire... après 6 mois d’essais, je suis finalement enceinte le 7 avril 2004... Retrait préventif instantané. Je suis très contente d’autant plus que l’atmosphère au travail laisse beaucoup à désirer... je suis soulagée de sortir de là pour les 20 prochains mois à venir... Et voir à mon projet de faire une actualisation en soins infirmiers pour reprendre mon emploi d’infirmière...

Un bon soir, (je suis à 10 semaines) je commence à avoir des crampes et aussi des pertes sanguines... je suis très inquiète et après consultation auprès d’Info Santé, je me repose et demeure couchée pendant 48 heures... le jour suivant, c’est mon 1er RV chez le médecin... Je lui en parle et elle me dit que cela arrive régulièrement et qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Étant donné mon âge, elle me suggère aussi de passer une amniocentèse... Après en avoir discuté avec mon conjoint, je décide de ne pas passer ce test car j’ai trop peur de faire une fausse couche, d’autant plus que je viens d’avoir un épisode de pertes sanguines...

À la mi-juillet, nous allons toute la famille à l’hôpital pour passer l’échographie. Et là vraiment, ce fut tout un évènement... qui je n’aurais jamais pensé aurait autant de sens pour toute la famille... La première image que nous voyons, c’est le visage d’Antoine très clair, qui semble si serein, si heureux et qui nous envoie la main... il nous fait des bye bye... jamais je n’aurais pensé qu’il nous faisait ses adieux... l’échographie se déroule bien, tout est ok, on est bien contents de l’avoir si bien vu. On n’a pas pu nous confirmer le sexe, mais au fond de moi, je le sais que c’est un garçon, que c’est Antoine...

Le temps passe, tout va bien, c‘est même ma plus belle grossesse, aucun malaise, prise de poids normale, bref, je ne me suis jamais sentie aussi bien. On se prépare à déménager dans notre maison dans une nouvelle ville pour le 1er septembre.

Le 22 octobre à 33 semaines, 2ème écho, c’est le début de la descente aux enfers... Le technicien s’attarde beaucoup sur son thorax... et est très évasif dans ses réponses à mes questions... “Je trouve qu’il y a peut-être un peu trop de liquide amniotique...” “Son estomac me semble un peu petit,” “Pour le reste, tout est dans les limites de la normale...”

En arrivant à la maison, mon médecin m’avait laissé un message que l’hôpital allait me rappeler pour un autre écho avec un gynéco pour faire certain que tout était correct... ils ont rappelé le jour même pour un RV le lundi matin 27 oct... L’écho a duré plus d’une heure... la gynéco est très gentille, répond à nos questions mais elle n’est sûre de rien... D’après elle, Antoine (c’est un garçon, c’est confirmé) aurait une fissure de l’œsophage. Cela me rassure un petit peu car je sais que ça s’opère... Elle nous réfère à Ste-Justine pour un autre écho... on est jamais trop prudents...

Le lendemain matin, j’ai un téléphone de l’hôpital me disant qu’on m’attend à Ste-Justine... Je suis prise en charge immédiatement à mon arrivée, aucune attente, écho, médecin, amniocentèse, génétique... toute l’équipe de la clinique des grossesses à risques... et plus le temps avance, plus on s’enfonce... dans la noirceur.

Les médecins sont catégoriques, Antoine est atteint de la trisomie 18. Il a des malformations internes multiples, est trop petit, n’avale pas (raison pour laquelle j’ai trop de liquide...) Nous sommes sous le choc. Et on doit prendre des décisions... soit continuer ma grossesse ou y mettre un terme... décider moi-même de ma date d’accouchement, on me renvoie à la maison avec un rendez-vous pour le mardi suivant... une semaine! Selon eux, je dois prendre le temps de réfléchir et de commencer à faire mon deuil... aller trop vite n’est pas une solution. Ce fut une semaine atroce... sans mes nièces (des mamans dans la jeune trentaine) qui sont venues porter les repas, mes amies venues faire du ménage, je ne sais pas ce qu’on aurait fait... tout les jours, il y avait quelqu’un avec moi car mon conjoint devait continuer à travailler, les filles aller à l’école... Je faisais dur, on aurait pu me prendre pour une clocharde... C'EST L'ENFER...

Mon amie Sylvie (un ange sur la terre) est venue à mon secours... (Elle est maman de deux petits anges) Elle m’a accompagnée à l’hôpital pour mes RV et l’accouchement. Pour nous, c’est la marraine spirituelle d’Antoine.

Le mardi 4 novembre, de retour à la clinique GARE... nous avons décidé que l’accouchement aurait lieu le 10 novembre... je n’en peux plus, chaque fois qu’Antoine bouge, je capote et je pleure... J’ai décidé de mettre un terme à ma grossesse car à 35 sem., Antoine à moins de chances de survivre qu’à 40... Et comme ses chances de survie sont très minces, nous ne voulons surtout pas qu’il souffre... Je ne peux pas l’imaginer tout branché en néonatalogie... (Pour avoir travaillé aux Soins Intensifs à Ste-Justine, je suis très consciente de ce qui l’attend s’il survit...) On me propose alors une alternative, une injection de KCL pour qu’il s’endorme tout doucement avant de naître... décision que je suis incapable de prendre... même si je sais qu’il n’aura aucune qualité de vie possible...

De retour chez moi en attendant la date fatidique... je ne suis que l’ombre de moi-même... J’ai parlé avec une autre mère qui avait perdu son bébé et qui me disait ses regrets, de n’avoir aucun souvenir... Une autre d’avoir refusé de le prendre dans ses bras, de ne pas avoir de photos... J’ai fait des recherches sur Internet sur la trisomie 18 et j’y ai trouvé un site où ils nous donnaient des “idées” pour avoir des souvenirs d’enfants qui ne vivraient que peu de temps: empreintes, photos, etc... Une de mes nièces était avec moi et m’encourageait dans mes démarches. Sans m’en douter, tranquillement, je commence mon processus de deuil... mais le choix que je dois faire me déchire... Je suis déchirée entre ma tête d’infirmière et mon cœur de mère. Et je me sens comme une meurtrière!

Dimanche le 9 novembre, j’entre à l’hôpital, Sylvie nous accompagne moi et mon conjoint. On m’installe une sonde pour ouvrir mon col, je suis dans un état second, on dirait qu’il ne me reste plus de larmes, je suis vidée... et ma décision n’est pas prise... je ne veux pas tuer mon enfant et je ne veux pas qu’il souffre...

Avec l’aide de somnifères, on a fini par s’endormir...

Jour J: On m’amène dans une chambre à la salle d’accouchement... et le médecin se rend bien compte que c’est trop difficile pour moi, cette histoire de KCL... Alors, il rencontre des pédiatres pour connaître les chances de survie d’Antoine. Leur verdict tombe, maximum 24 à 48 heures... on lui donnera seulement des soins de confort... notre décision est prise, pas de KCL, nous vivrons ces heures avec notre unique fils... Intérieurement, je suis soulagée, je ne serai pas une criminelle... Alors, on m’installe une perfusion avec Synto pour déclencher le travail... après 4 heures, je suis dilatée à 4 cm, il est 20h25... puis arrive une énorme contraction (avec des répits de quelques secondes à peine)... qui a duré 20 minutes... je pensais mourir... à 20h47 tout était terminé. Le pauvre petit cœur d’Antoine a été incapable de tenir le coup... il a flanché quelque part pendant ce 20 minutes-là...

L’atmosphère était irréelle... mes filles sont arrivées une heure plus tard avec mes deux nièces et mon neveu de 21 ans qui a pris des photos avec son appareil numérique. Tout le monde l’a pris dans ses bras... puis ils sont partis... nous on a gardé Antoine avec nous, on l’a pris sur notre cœur, bercé, couché avec nous, embrassé, regardé, il était tellement petit (3lbs1/2) et tellement beau... sur une période de 30 heures, on l’a gardé plus de 15 heures... et je regrette de ne pas l’avoir gardé plus longtemps... ça m’a déchirée de le quitter, j’aurais tellement voulu le ramener à la maison. Pas besoin de vous dire lorsqu’on est sorti dehors, c’était atroce... vous savez ce que c’est...

Antoine a été incinéré la semaine suivante et ce n’est que le 23 décembre que nous sommes allés chercher ses cendres... Il repose ici, à la maison, dans son urne et je lui ai fait un petit coin avec des anges, des fleurs séchées... je me sens plus sereine depuis qu’il est avec nous, je ne suis pas consolée mais au moins, je sais où il est...

Nous n’avons pas encore fait de funérailles... cela va venir, en attendant, je me console avec ses souvenirs, ses photos, ses empreintes, son pyjama, son bonnet, sa doudou... je devrais dire ses doudous... c’est une initiative de sa marraine Sylvie, elle a confectionné 4 doudous identiques et elle a enveloppé Antoine dedans puis, Émilie(9 ans) l’a pris dans ses bras et elle a gardé cette doudou (elle dort avec tous les soirs depuis...) elle a fait la même chose avec Catherine (7 ans) alors, on a chacun notre doudou... je vous l’avais dit que c’était un ange cette Sylvie-là, elle a tellement pris soin de nous, de moi surtout... Je lui en serai éternellement reconnaissante.

Merci d’avoir pris le temps de me lire, j’espère que cela n’a pas été trop pénible, pour ma part, cela m’a fait plus de bien que je pensais...

Michelle maman d’ange Antoine, Émilie et Catherine.
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Je suis : Maman de
Ange(s) : Marianne et Laurence
Décédé(e) à : 35 semaines de grossesse
Le : 2 juin 1999
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MessageSujet: Re: Mon ange Antoine   Mon ange Antoine Icon_minitimeMar 3 Fév - 11:04

La longueur du texte n'est pas pénible du tout, c'est un excellent moyen d'évacuer... Raconter l'histoire d'Antoine est sûrement un besoin. Tu as une merveilleuse amie, je trouve. Ses petites attentions ont sûrement faits une grosse différence dans votre processus de deuil. Après 4 ans, avez-vous décider d'avoir un autre enfant ou bien avez-vous abandonné le projet ? Ce qui m'a amené à lire ton témoignage est le prénom de ton garçon. J'ai eu un petit Antoine le 11 décembre 2004 et je suis éducatrice en CPE. Antoine n'est pas mon ange, il est bien en vie et en santé. Mes anges sont mes premières filles Marianne et Laurence décédées à 35 semaines de grossesse en juin 1999.


Caroline
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