Nos Petits Anges au Paradis
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.


DEUIL PÉRINATAL - SITE OFFICIEL
 
Histoire de ma petite Raphaëlle I_icon_mini_portalAccueilGalerieRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
 

 Histoire de ma petite Raphaëlle

Aller en bas 
4 participants
AuteurMessage
Marybou

Marybou


Nombre de messages : 631
Localisation : Murdochville
Je suis : Maman de
Ange(s) : Raphaëlle
Décédé(e) à : 22 semaines
Le : 10 juin 2008
Date d'inscription : 06/12/2008

Histoire de ma petite Raphaëlle Empty
MessageSujet: Histoire de ma petite Raphaëlle   Histoire de ma petite Raphaëlle Icon_minitimeLun 8 Déc - 16:03

Bonjour,

Voici mon témoignage que j'avais publié sur l'ancien forum en date du 29 septembre 2008. J'ai dû le couper en section car on me dit qu'il est trop long. Aujourd'hui, j'attends mon bébé espoir. J'en suis à 11 semaines et demies de grossesse.

" Ça fait plusieurs mois que je connais ce groupe, mais je ne m'y suis jamais exprimée auparavant. Je crois que c'est parce qu'au moment où j'ai été acceptée comme membre, j'avais déjà mis mon deuil en pause. La première semaine après le décès, j'ai affronté mon deuil en face et je me suis racontée et racontée. Mais une semaine et demi après, un membre de la famille de mon mari nous a dit sèchement d'en revenir. Et je crois que ça m'a fait inconsciemment stoppé mon deuil, même si sur le coup, je ne l'ai pas vu ainsi. N'empêche que très peu de temps après, je me suis mise à aller mieux et je me suis même surprise que ça ait été si facile. Sauf que ça m'a rattrappé, il y a environ 1 mois et demi, lorsque j'ai eu mes règles confirmant que notre premier essai avait été infructueux. Tout à coup, les émotions ont surgit en rafales. Alors voilà ce qui m'amène aujourd'hui à venir partager mon histoire.

Quand j'ai su que j'étais enceinte, au début de l'hiver dernier, ça faisait 2 ans qu'on se ressayait pour un troisième enfant. J'ai déjà 2 grandes filles de 8 et 9 ans. Alors quand j'ai su que j'étais enceinte, j'étais vraiment très emballée, c'était une grossesse énormément désirée.

Ça a été un début de grossesse beaucoup plus pénible que les fois précédentes. J'ai mis ça sur le coup de l'âge. Quand j'ai eu mes filles, j'étais au tout début de la vingtaine et là, j'approchais les 30 ans. J'étais beaucoup plus fatiguée. J'avais des nausées plus fortes alors que j'en avais presque pas eu aux autres. Et chose surprenante, je ne prenais pas de poids. Mais bon, ayant un fort embonpoint, je ne me suis pas inquiétée sur ce point. Le docteur m'assurait que c'était normal.

À ma première visite médicale, le docteur a soupçonné que j'attendais des jumeaux ou que j'avais plus de temps de fait que supposé, car j'avais un utérus de 4 mois de grossesse, alors que j'étais à 2 mois et demi. Elle m'a donc planifié une écho pour la semaine suivante. J'étais vraiment emballée. Déjà que mon conjoint n'arrêtait pas de me dire qu'on en attendait deux. Quand le docteur a émis un doute, j'ai commencé à avoir espoir que ce soit vrai. Après toute cette attente, je n'aurais pas détesté avoir des jumeaux. Et ce n'était pas impossible car avant mes filles, j'avais déjà fait une fausse couche à 11 semaines de grossesse parce que j'attendais des jumeaux non identiques et qu'un embryon n'était pas viable. Or, la fausse couche avait alors expulsé les 2 embryons. Donc, même si c'était des jumeaux non identiques, ça rendait encore plus possible la possibilité que ce soit une grossesse gemellaire. Et tous ces espoirs suscités en moi m'amenait à m'attacher encore plus à cette ou ces vies qui étaient en moi.

Avant mon écho, environ à 11 semaines de grossesse, j'ai eu des saignements abondants et des contractions. Je savais que c'était des contractions pour en avoir déjà vécu. J'ai fondu en larmes. J'étais certaine que j'étais en train de faire une fausse couche. Mon mari et moi sommes chrétiens pratiquants et après avoir momentannément été tenté de se décourager, on a décidé de mettre notre foi en Dieu et de prier pour qu'il empêche la fausse couche d'arrivée. Peut-être qu'ainsi je n'ai fait que retarder le décès de mon bébé... mais néanmoins, à peine une heure plus tard, quand je suis allée consulter le docteur à l'urgence, je ne saignais presque plus et ça a complètement arrêté ensuite. Il m'a quand même envoyé passé une écho, devançant d'une journée la date où j'aurais dû y aller de toute façon.

À l'écho, j'ai été complètement rassurée. Mon col était bien fermé et le bébé était très vigoureux. J'ai alors appris que j'avais le bon temps de grossesse que je pensais et qu'il n'y avais qu'un bébé. Malgré ma déception de ne pas attendre de jumeaux, j'étais très heureuse d'être encore enceinte. Cet épisode a contribué à créer davantage un sentiment d'attachement. J'ai tellement eu peur de perdre mon bébé.

Ma grossesse a continué sans complications. Il y avait juste des petits détails qui suscitaient mon inquiétude. À chaque visite chez le docteur, elle n'entendait pas le coeur. Alors chaque fois, elle m'envoyait passé une écho pour s'assurer qu'il battait bien. De fait, il battait bien et tout semblait se dérouler normalement. Toutes ces échos où j'ai vu mon bébé ont également contribué à fortifier mon sentiment d'attachement. Puis à une visite de grossesse, comme d'habitude, j'ai dû avoir une écho pour voir le coeur. Bien que le bébé semblait bien, le docteur a remarqué qu'il semblait plus jeune que supposé. J'ai trouvé ça étrange puisqu'au départ, ils ont présumé que j'avais plus de temps de fait. Le docteur m'a donc suggéré de m'assurer d'avoir un 20 semaines bien fait avant ma date pour mon écho de routine.

Arrive alors l'écho de routine à 20 semaines. Le techinicien me pose alors plein de questions qui me font un peu peur. On aurait dit qu'il pressentait quelque chose qui n'allait pas bien. J'ai alors pensé que mon bébé était peut-être handicapé, car je ne craignais pas pour sa vie puisque je voyais son coeur battre. Il a fait venir le docteur pour la suite de l'examen. Ma gynéco m'a alors expliqué qu'il était plus jeune qu'on pensait et qu'elle voulait que je repasse un écho dans 2 semaines. Je lui ai demandé si c'était un retard de croissance. Elle m'a dit que c'est ce qu'ils voulaient vérifier. Mais elle a tenté de se faire rassurante me disant que l'échographie pouvait avoir une marge d'erreur de plus ou moins 1 semaine. Donc, il se pouvait qu'à ma première écho, ils aient évalué une semaine de trop et que celle-ci évalue une semaine de moins, ce qui expliquait peut-être le retard de 2 semaines qu'elle voyait. Ça commençait à faire plusieurs choses qui allaient de travers. Mais dans ma tête, je n'ai pas pensé en terme de décès à ce moment-là, mais en terme d'handicap. Je ne savais pas que c'était la dernière fois que je voyais mon bébé vivant.

Dans les 2 semaines qui ont suivi, j'ai commencé à me sentir différente. Je trouvais que ma grossesse stagnait. Moi qui avait vu mon ventre prendre du volume rapidement (car après tout, c'était ma cinquième grossesse dont 2 accouchements), je trouvais que ça ne progressait plus. Je me souviens même avoir dit à mon mari que je ne me sentais presque plus enceinte, sans savoir ce qui se passait réellement.

Puis j'ai eu une autre écho à 22 semaines. Rapidement le technicien semblait inquiet. Et je voyais mon bébé complètement immobile, allongé. Je ne voyais pas son petit coeur. J'étais également inquiète. Le techinicien a rapidement appelé le docteur. J'ai vu le visage de ma gynécologue changé. Elle a vraiment essayer de trouver son coeur et je la voyais devenir triste. J'avais déjà compris ce qui se passait. Mais j'avais espoir qu'elle trouve un petit coeur. Puis elle m'a dit qu'elle n'avait pas de très bonnes nouvelles pour moi. J'ai fondu en larmes.

J'ai demandé à aller à la toilette pour me resaisir. Et là, prise d'un excès de foi, j'ai prié pour que Dieu ressucite mon bébé. Et c'est avec un espoir mêlé de crainte que je suis retournée à la salle d'examen. Mais il était vraiment mort. Il devait même être décédé depuis près de 2 semaines, soit quelques jours après l'écho précédente. Même si cette fois-ci, Dieu n'a pas exaucé ma prière, je ne lui en ai pas voulu. Il m'a quand même laissé la joie de porter mon enfant 3 mois de plus, car je suis certaine qu'à 11 semaine j'étais en voie de faire une fausse couche. Ma foi m'a également aidé à accepté la situation. Je sais qu'à mon entrée au ciel, j'ai une petite fille qui va m'y attendre et que j'aurai l'éternité pour faire sa connaissance.

Malgré l'acceptation de la situation, je me sentais complètement dévastée. J'avais beaucoup de peine. Le docteur nous a offert la possibilité d'aller vivre un peu notre peine et de revenir la voir 2 heures plus tard. On a accepté. On a beaucoup parlé et pleuré ensemble mon mari et moi. Puis on s'est senti prêt à faire face à la situation. Là, pendant environ 48h, je suis entrée dans une genre de phase où je sentais mes émotions un peu gelé. J'avais de la peine, mais ça me semblait pas si pire. Je trouvais que ça allait assez bien.

La gynéco m'a laissé 2 choix : accoucher à l'hôpital de Gaspé ou aller à Québec pour un curetage. Sur le coup, ça m'a semblé cruel d'accoucher un bébé mort. Mais en même temps, Québec, c'est loin. Et ce qui a fait pencher la balance, c'est que l'accouchement me permettrait de voir le bébé et il pourrait subir une autopsie. J'ai choisit l'accouchement. Moi qui est pro-accouchement naturel, je me disais que cette fois-là, j'allais accepter tous les calmants.

Avant d'entrer à l'hôpital, j'ai passé une journée chez moi. Il a d'abord fallut annoncer le décès à mes grandes filles qui attendaient le bébé avec autant de joie que nous. Elles ont eu de la peine sur le coup, mais elles sont rapidement passée à autre chose. Ma plus jeune a fait des cauchemars quelques temps et je voyais que quelque part son inconscient avait peur de mourir. Elle m'a aussi demandé si je pouvais mourir en accouchant. Je l'ai vite rassurée. Et c'est rapidement rentré dans l'ordre. Pendant ce 24h avant l'hospitalisation, je me suis préparée sur tous les détails techniques. Je me disais que j'aurais le temps pour le deuil plus tard. Sauf que je regrette de ne pas avoir pris le temps de lire certaines infos avant. Même si tout s'est bien passé, il y a quelques souvenirs que j'aurais aimé avoir de mon bébé.

Le lendemain matin, je suis entrée à l'hôpital. Ils ont commencé par me faire une amniocentèse pour avoir le plus d'informations possibles afin de diagnostiquer la cause du décès. C'est fou, mais j'avais encore espoir qu'ils me disent que mon bébé était finalement vivant, qu'ils s'étaient trompés. Mais bon, ce ne fut pas le cas. Et quand j'ai vu le liquide (amniotique) rouge brique qui a sorti de mon ventre, j'ai compris que mon bébé était décédé depuis longtemps. Comme il n'y avait pas beaucoup de liquide amniotique, ils ont dû s'attarder pendant l'amniocentèse. C'est peut-être pour ça que j'ai trouvé ça assez douloureux.

À SUIVRE...


Dernière édition par Marybou le Lun 8 Déc - 16:34, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Marybou

Marybou


Nombre de messages : 631
Localisation : Murdochville
Je suis : Maman de
Ange(s) : Raphaëlle
Décédé(e) à : 22 semaines
Le : 10 juin 2008
Date d'inscription : 06/12/2008

Histoire de ma petite Raphaëlle Empty
MessageSujet: Re: Histoire de ma petite Raphaëlle   Histoire de ma petite Raphaëlle Icon_minitimeLun 8 Déc - 16:04

SUITE...

Après, on m'a monté à ma chambre et j'ai attendu plusieurs heures la suite des choses. C'est que plusieurs femmes arrivaient pour accoucher en même temps et avant de me provoquer, ils voulaient s'assurer d'avoir tout le personnel infirmier nécessaire. Je comprenais. J'étais encore dans ma phase d'émotions gelées. J'arrivais même à jouer aux cartes avec mon mari pour passer le temps.

Puis en début d'après-midi, ils ont commencé à m'insérer quelque chose dans le vagin pour me provoquer. On m'avait dit que ça pouvait prendre 2 jours à faire effet. Vers le souper, j'ai commencé à ressentir des contractions. Concernant la douleur, j'avais changé d'avis en cours de route. J'ai choisit d'accoucher le plus naturellement possible. J'avais l'impression ainsi de rendre mon bébé plus réel, de lui accorder le même traitement qu'à ses soeurs.

J'en avais avertit la gynéco qui était passée me voir à la fin de sa journée. Elle m'a dit qu'elle reviendrait lorsque je serais près d'accoucher.

Pendant les contractions, alors que c'était encore léger, j'ai décidé à un moment donné d'aller marcher dans le corridor pour accélérer le travail. Or, je me suis vite rendue compte que c'était une mauvaise idée. Ça a été pénible de voir tous ces parents plein de hâte et joie, d'entendre pleurer des bébés ou encore de croiser des regards de gens qui semblaient me dire: "Je comprends pour toi aussi c'est le grand jour." Sauf qu'ils ne pouvaient pas savoir que c'était pour moi un jour de deuil. Après tout, dû à mon embonpoint et au nombre de grossesses que j'ai eus, j'avais un ventre aussi gros que les autres.

Je suis donc retournée à ma chambre. Vers 19h, c'est devenu plus intense. Mais c'était encore à un niveau de douleur raisonnable. Ce que je n'avais pas vu venir, c'est que je me suis mise à avoir froid. J'ignorais que c'était un effet secondaire de la méthode de provocation. Je suis allée m'étendre. J'ai demandé à mon mari de monter le chauffage et d'aller me chercher des couvertures de laine. Rien n'arrivait à calmer ce froid. J'avais tellement de frissons que je n'arrivais plus à me concentrer sur la douleur et à bien respirer, ce qui rendait le tout plus douloureux. Mes frissons en étaient presque convulsifs. Je me sentais complètement en perte de contrôle. Mon mari comme le personnel infirmier suait à grosses gouttes en rentrant dans la chambre, mais moi j'avais froid comme ça se peut pas. Heureusement, après 1 heure, ça a finit par passer. C'était comme la transition entre les petites contractions et le vrai travail.

Ensuite, ça n'a pas été très long. J'ai crevé mes eaux et j'ai senti l'envie de pousser rapidement. Cependant, on me disait que ce n'était pas encore le temps. Puis un moment donné, l'envie de pousser a été très forte. J'ai envoyé mon mari chercher l'infirmière qui était déjà débordée avec les autres mamans qui accouchaient. Pendant ce temps, toute seule, j'ai expulsé mon bébé. Je pleurais et criais : "Il est sorti, il est sorti!" Je trouvais ça un peu triste d'avoir été seule pour l'expulsion, mais en même temps je comprenais qu'on priorise l'accouchement des bébés vivants. De plus, à ce que j'ai compris, c'était la première fois que les infirmière supervisaient ce genre d'accouchement. Avant, il n'y avait qu'une gynéco à Gaspé, alors elle référait les cas systématiquement à Québec.

Ils sont quand même venus rapidement s'occuper de moi. Le bébé était tout rouge. C'était évident qu'il était décédé depuis longtemps. C'était aussi difficile de déterminer le sexe. À première vue, ça semblait une fille, mais autant la gynéco que les infirmières avaient des doutes puisqu'il y avait quelque chose qui faisait douter d'un petit pénis pas encore formé. Bref, le suspense a encore été là plusieurs semaines. Ce sont les résultats de l'amniocentèse qui ont confirmé que c'était une petite fille.

La cause du décès était visuellement identifiable et a été confirmée par le pathologiste. Il y avait une anomalie du cordon ombilical qui ne se développait presque pas par endroit. Il était si mince et avait parfois l'air d'un saucisson. C'est normal qu'en grandissant, le bébé n'a pas pu recevoir tous les nutriments dont il avait besoin. C'est ce qui a causé son décès. Le bébé en lui-même était parfaitement formé. C'est une anomalie très rare, tellement rare qu'elle n'est pas vraiment documentée. La gynéco m'a dit que c'était un coup du hasard et qu'il n'y avait pratiquement aucun risque que ça se reproduise.

Nous avons passé 2 heures avec notre bébé et mon mari a pris plusieurs photos. Cependant, je n'étais pas tellement à l'aise car j'ai eu de la difficulté à expulser mon placenta et je devais attendre un curetage pour le reste. Donc, j'étais pleine de fils et préoccupée par l'anesthésie que j'allais avoir. De plus, j'étais épuisée. Je n'avais pratiquement pas dormi dans les 48 heures précédentes. Je n'en ai pas profité comme j'aurais voulu. Et je ne savais pas qu'il n'allait pas se décomposer aussi rapidement qu'un mort normal car il n'avait pas de bactéries dans l'intestin... alors j'ai cru qu'il fallait le rendre rapidement avant qu'il se mette à trop sentir. Si j'avais su, j'aurais demandé à le garder pour le lendemain. C'est un de mes seuls regrets. À cause des fils aussi, j'étais mal à l'aise de la prendre dans mes bras. J'avais peur de l'abîmer aussi. Cette partie, j'aurais aimé qu'elle soit autrement. Mais je suis contente d'avoir plein de photos.

J'ai donc redonné le bébé après 2 heures environ et on m'a amené en salle d'opération. Comme d'habitude, à cause de mon asthme et de mon poids, l'anesthésiste a insisté pour l'anesthésie locale. J'ai donc passé une grosse demie-heure à me faire jouer dans le dos. Tout ce temps, la gynéco est restée près de moi et a discuté avec moi. Je l'ai trouvé d'une humanité incroyable. Il était 1 heure du matin, elle avait fait toute sa journée de bureau et était là à mes côtés, pleine de compassion et de gentillesse. Je suis vraiment reconnaissante envers elle pour toute l'humanité dont elle a fait preuve de l'annonce du décès jusqu'à maintenant. Ça m'a fait beaucoup de bien.

Pour en revenir au curetage, comme d'habitude, l'anesthésie locale ne fonctionne pas. Il finit donc par me dire qu'il va devoir m'endormir. Ensuite, tout ce que je me souviens c'est que j'avais cet envie incroyable de dormir et de silence et je répétais la même chose chaque fois que les infirmières venaient prendre mes signes vitaux pendant la nuit.

Je me suis réveillée le lendemain en pleine forme. Je ne me suis jamais aussi vite relevée d'un accouchement. J'étais contente sur ce point. Ce matin-là, je me suis aperçue que j'avais du colostrum et je me suis mise à craindre la montée de lait. Le docteur m'a dit que c'était rare à ce stade-ci de grossesse mais que ça se pouvait surtout compte-tenu que j'avais eu d'autres enfants.

Je suis sortie de l'hôpital en fin d'après-midi. Et c'est là que le choc a eu lieu. J'ai eu l'impression de dégeler d'un coup et que les émotions me sont rentrées dedans de plein fouet. Je réalisais que tout était fini et je sentais le vide de mon ventre. J'ai pleuré beaucoup ce jour-là et le suivant. Ce soir-là, en me couchant, je prenais pleinement conscience que mon ventre était vide et je me suis mise à vivre un énorme sentiment de vide. Moi qui avait hâte de sortir la mort d'à l'intérieur de moi, tout à coup j'aurais aimé porté encore quelques temps mon bébé. C'était comme s'il me manquait une partie de moi.

Ma peine s'est amplifiée dans les jours suivants quand j'ai eu toute une montée de lait. J'ai toujours eu beaucoup de lait dans le passé. De plus, j'ai tellement aimé allaité mes filles que j'avais d'ailleurs allaitées longtemps. Et c'était quelque chose que j'avais hâte : d'allaiter mon bébé. Et là, j'étais pleine de lait mais aucun bébé à nourrir. Ça a terriblement amplifié mon sentiment de manque, de vide.

Mais comme je l'ai dit précédemment, je voulais vivre mon deuil et j'ai accepté toutes ces émotions et j'ai cherché des moyens de les faire sortir, en lisant des témoignages, en visionnant des vidéos, en parcourant des forums, en me racontant autour de moi, en faisant un espace à mon bébé dans mon profil Facebook, etc. Je ne voulais pas enfouir le tout, ni traîner ça longtemps. Je n'avais pas le temps de traîner ça longtemps. J'ai 2 grandes filles que je scolarise à domicile et qui avaient besoin que je continue d'être leur maman et leur prof.

Puis, après s'être fait dire sèchement d'en revenir, on aurait dit que du jour au lendemain, ça s'est terminé. Je suis revenue à la normale après environ 2 semaines de peine intense. J'étais encore pas mal désorganisée, mais je commençais à tourner la page.

En moi, j'avais l'espoir que j'allais rapidement tombée enceinte. La gynéco m'a dit d'attendre au minimum 1 mois et demi. Psychologiquement, elle m'a conseillé d'attendre plus longtemps. Comme j'ai déjà fait une dépression post-partum dans le passé, elle voulait s'assurer que je sois assez forte advenant le cas où ça tournerait mal à nouveau. Elle m'a fait penser que des fausses couches en début de grossesse c'est courant et que je pourrais trouver ça difficile si ça m'arriver, si coller sur le décès de Raphaëlle. Mais j'avais cet urgent besoin en moi de redevenir enceinte. J'étais consciente de ce que ça impliquait. Et j'avais comme la pensée magique que je tomberais enceinte dès le premier mois.

Donc, après un mois et demi, on a enlevé la contraception. Je ne crois pas avoir appréciée ma vie sexuelle ce mois-là... Sans blague, j'étais bien trop préoccupée à concevoir. Mon pauvre mari, il a suivi le rythme sans broncher, même si ça supposait ne pas sauter un seul jour même quand on est épuisé par tout le reste de la vie. Et là, déception totale, j'ai eu mes règles. Et avec elles, une décharge immense d'émotion. Moi qui pensait avoir réglé mon deuil, je me retrouvais en plein dedans. Et encore là, mon mari a été bien patient avec moi. C'était son anniversaire et tout le long du repas je n'ai parlé que de ça.

Et j'ai recommencé à vivre les hauts et les bas du deuil. Il m'est arrivé de ressentir de la colère envers les femmes enceintes que je rencontrais. J'étais frustrée de leur bonheur. J'étais même jalouse de les voir essoufflée à force de traîner le ventre qu'elles portaient. J'aurais dû être à ces stades-là moi aussi. Je savais que ça faisait parti du deuil et j'ai accepté de vivre ces émotions. De plus, cette période a coïncidé avec la réception du livre "Les rêves envolés" que j'avais demandée à ma bibliothèque municipale. Je l'ai lu et ça m'a fait du bien. De plus, je réalisais que c'était correcte de bien faire mon deuil avant de concevoir à nouveau.

Puis, on s'est réessayé un autre mois, mais de façon moins "mécanique", moins stressée. Et encore une fois les règles sont arrivées. J'ai eu encore de fortes émotions, mais c'était moins pire. Le pire a été de réaliser que je passerais ma date prévue d'accouchement sans être à nouveau enceinte. En effet, j'aurais dû accoucher le 16 octobre. Alors, ces temps-ci, j'y pense beaucoup, car d'ici au 16, j'aurais pu accoucher n'importe quand. Après tout, mon aînée je l'ai eu à 37 semaines.

Alors nous en sommes encore au stade essai. Ce qui me réjouit c'est que je suis de plus en plus régulière dans mes menstruations. Alors j'ai espoir que ça ne prenne pas 2 ans. J'ai hâte que toutes ces choses de bébé dont je me suis rééquippée (car je n'avais pratiquement rien gardé depuis mes filles) servent à mon bébé et non pas seulement à la visite.

Voilà donc pour le récit de Raphaëlle, ma belle fille que j'ai eue le 10 juin dernier, que j'ai enterrée le 2 juillet.

Merci de m'avoir lu, même si c'était très long!"
Revenir en haut Aller en bas
Marybou

Marybou


Nombre de messages : 631
Localisation : Murdochville
Je suis : Maman de
Ange(s) : Raphaëlle
Décédé(e) à : 22 semaines
Le : 10 juin 2008
Date d'inscription : 06/12/2008

Histoire de ma petite Raphaëlle Empty
MessageSujet: Re: Histoire de ma petite Raphaëlle   Histoire de ma petite Raphaëlle Icon_minitimeVen 26 Déc - 12:48

Eh bien, petite Raphaëlle... en ce temps des Fêtes, j'ai une petite pensée pour toi qui aurait eu 2 mois et demi si tu ne nous avais pas quitté!

Et l'année 2008, année où tu as vécu en moi, année où tu as terminé ta courte existence, voilà qu'elle se termine. Je ne t'oublierai jamais et ce même si en cette fin d'année, il y a un petit frère ou une petite soeur qui s'accroche à mon ventre et qui semble décidé à vivre!
Revenir en haut Aller en bas
Marybou

Marybou


Nombre de messages : 631
Localisation : Murdochville
Je suis : Maman de
Ange(s) : Raphaëlle
Décédé(e) à : 22 semaines
Le : 10 juin 2008
Date d'inscription : 06/12/2008

Histoire de ma petite Raphaëlle Empty
MessageSujet: Re: Histoire de ma petite Raphaëlle   Histoire de ma petite Raphaëlle Icon_minitimeDim 11 Jan - 16:40

Ma tendre petite fille, hier, ça a fait 7 mois que tu t'es envolée! Je pense souvent à toi ces temps-ci!
Revenir en haut Aller en bas
labadoche




Nombre de messages : 56
Localisation : france
Je suis : Maman de
Ange(s) : clélia
Décédé(e) à : 40 sa
Le : 26/01/2006
Date d'inscription : 13/12/2008

Histoire de ma petite Raphaëlle Empty
MessageSujet: Re: Histoire de ma petite Raphaëlle   Histoire de ma petite Raphaëlle Icon_minitimeDim 18 Jan - 7:57

Merci à toi petite maman d'avoir laissé un message sur mon temoignage


bientot 3 ans que ma fille est un ange, et je ne l'oublie pas.

aujourd'hui j'ai 2 bébés espoir Esther et Constance, la roue à tourné

j'ai vu que c'était recent pour toi.

que te dire a part garder espoir. meme si tu as encore de nombreux moments tres douloureux a passer, garde espoir en la vie. ton coeur va cicatriser petite à petit mais le manque de ta fille sera toujours là.

Avoir 1 ou plusieurs bébés espoir c'est tout ce que je te souhaite moi mes filles m'ont aidé a survivre Avec la naissance de Constance je me sens épanouie et j'ai l'impression que je recommence à vivre

Pleins de bonheur pour toi et ta famille en 2009

Douce pensée pour ta petite Raphaelle

Laure, maman de Clélia Ange , Esther et Constance
Revenir en haut Aller en bas
Marybou

Marybou


Nombre de messages : 631
Localisation : Murdochville
Je suis : Maman de
Ange(s) : Raphaëlle
Décédé(e) à : 22 semaines
Le : 10 juin 2008
Date d'inscription : 06/12/2008

Histoire de ma petite Raphaëlle Empty
MessageSujet: Re: Histoire de ma petite Raphaëlle   Histoire de ma petite Raphaëlle Icon_minitimeDim 18 Jan - 19:05

Merci Laure pour tes bons mots! C'est vrai que c'est encore parfois douloureux. Surtout ces temps-ci, j'y pense plus. J'attends mon bébé espoir et j'arrive bientôt aux nombres de semaines que j'avais quand tout s'est mis à aller mal. Ce n'est pas sans angoisses ni stress, mais malgré tout, je suis confiante. Et je suis aussi très reconnaissante quand je vois que bien d'autres moments ont vécu le même drame sans avoir d'enfants... tandis que moi, j'ai 2 grandes filles bien en santé et bien en vie. N'empêche que j'ai hâte de tenir dans mes bras mon bébé espoir et de le sentir bien en vie lui aussi!
Revenir en haut Aller en bas
5foismaman

5foismaman


Nombre de messages : 294
Age : 52
Localisation : Québec
Je suis : Maman de
Ange(s) : Marianne et Laurence
Décédé(e) à : 35 semaines de grossesse
Le : 2 juin 1999
Date d'inscription : 07/01/2009

Histoire de ma petite Raphaëlle Empty
MessageSujet: Re: Histoire de ma petite Raphaëlle   Histoire de ma petite Raphaëlle Icon_minitimeDim 18 Jan - 21:56

Bonjour à toi,
Et bien, je trouve inconcevable qu'il y ai des gens aussi insensible à la douleur humaine pour vous dire d'en revenir... Ça me glace le sang ! Mais qui est cette personne pour juger qu'il est temps de passer à autre chose et ce, après seulement 1 semaine et demi? J'en ai eu des commentaires ridicules mais j'avoue que celui-là est en tête du palmarès... Un deuil doit être vécu, on ne peut l'éviter ou le contourner,. On doit passer au travers et il y a des étapes à vivre dans un deuil. Moi, ça m'as pris plus d'une année, en fait, j'ai commençer à revivre lorsque j'ai su que j'étais de nouveau enceinte soit deux ans plus tard... Je te souhaite une belle grossesse et que bébé-espoir se porte bien...

Caroline Mamange de Marianne et Laurence
Revenir en haut Aller en bas
Marybou

Marybou


Nombre de messages : 631
Localisation : Murdochville
Je suis : Maman de
Ange(s) : Raphaëlle
Décédé(e) à : 22 semaines
Le : 10 juin 2008
Date d'inscription : 06/12/2008

Histoire de ma petite Raphaëlle Empty
MessageSujet: Re: Histoire de ma petite Raphaëlle   Histoire de ma petite Raphaëlle Icon_minitimeLun 19 Jan - 15:06

Merci Caroline pour tes bons mots! Même si j'ai trouvé absolument cruel le commentaire de la personne qui nous a dit d'en revenir... j'ai compris que ça venait de sa propre souffrance. C'est une femme qui a fait quelques fausses couches et qui a tant désiré un enfant, mais n'a jamais pu reconcevoir ensuite. Je crois que ma propre douleur ravivait la sienne et rendait insupportable quelque chose qu'elle a tenté d'enfouir, d'oublier... bref probablement des deuils non vécus.

Mais même si psychologiquement, je comprenais la raison de son commentaire, je ne ressentais pas moins de la colère et de la peine!
Revenir en haut Aller en bas
Marybou

Marybou


Nombre de messages : 631
Localisation : Murdochville
Je suis : Maman de
Ange(s) : Raphaëlle
Décédé(e) à : 22 semaines
Le : 10 juin 2008
Date d'inscription : 06/12/2008

Histoire de ma petite Raphaëlle Empty
MessageSujet: Re: Histoire de ma petite Raphaëlle   Histoire de ma petite Raphaëlle Icon_minitimeSam 7 Mar - 14:04

Mardi, ça va faire 9 mois que ma petite fille est décédée! Comme le temps passe vite! J'ai de la misère à réaliser que je suis déjà à 6 mois de ma grossesse espoir et que juin arrive à grands pas. Juin... moi où j'accoucherai d'Isaac, mais aussi mois-anniversaire du décès de ma fille!
Revenir en haut Aller en bas
Doudly12

Doudly12


Nombre de messages : 127
Age : 41
Localisation : Rive-Nord
Je suis : Maman de
Ange(s) : Donovan
Décédé(e) à : 24 semaines de grossesse
Le : 29/06/2008
Date d'inscription : 06/12/2008

Histoire de ma petite Raphaëlle Empty
MessageSujet: Re: Histoire de ma petite Raphaëlle   Histoire de ma petite Raphaëlle Icon_minitimeMer 11 Mar - 18:25

Salut Marybou,

Merci pour ton message... J'ai lu tout témoignage, on était effectivement dues autours des mêmes date car ma DPA était le 19 octobre pas trop loin dernière toi pour ta fille... Je suis un peu à court de mots ces temps-ci, je suis désolée, mais je tenais vraiment à te répondre et à te remercier pour ton message... Wink

Tu as maintenant un ti-pou dans ton bedon... Preuve qu'il y a toujours de l'espoir malgré cette terrible épreuve que le décès de nos petits bébés tant attendus...

Prends soin de toi...

Douces pensées pour ta petite puce...
Revenir en haut Aller en bas
Marybou

Marybou


Nombre de messages : 631
Localisation : Murdochville
Je suis : Maman de
Ange(s) : Raphaëlle
Décédé(e) à : 22 semaines
Le : 10 juin 2008
Date d'inscription : 06/12/2008

Histoire de ma petite Raphaëlle Empty
MessageSujet: Re: Histoire de ma petite Raphaëlle   Histoire de ma petite Raphaëlle Icon_minitimeJeu 12 Mar - 14:47

Merci Marie-Christine pour ton message! Ça fait toujours du bien de réaliser que les gens ont lu notre histoire et ça fait encore plus plaisir de lire les commentaires qu'ils nous laissent! Merci à toi!
Revenir en haut Aller en bas
Marybou

Marybou


Nombre de messages : 631
Localisation : Murdochville
Je suis : Maman de
Ange(s) : Raphaëlle
Décédé(e) à : 22 semaines
Le : 10 juin 2008
Date d'inscription : 06/12/2008

Histoire de ma petite Raphaëlle Empty
MessageSujet: Re: Histoire de ma petite Raphaëlle   Histoire de ma petite Raphaëlle Icon_minitimeMar 9 Juin - 16:22

Chère petite Raphaëlle, il y a déjà un an, on apprenait ton décès! Et demain, ça va faire un an que tu as quitté mon corps. Je te souhaite un bel anniversaire mon petit ange. Veille sur ton petit frère à venir, de là-haut, afin qu'il n'aille pas te rejoindre avant d'être très très vieux. Et même si vos anniversaires risque d'être très près, il ne viendra pas te remplacer. Vous êtes tous les deux uniques à mes yeux et je vous aime très fort. Tu dois maintenant être une bien grande fille sur ton beau nuage!
Revenir en haut Aller en bas
 
Histoire de ma petite Raphaëlle
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Ma petite Raphaëlle
» l'histoire de ma petite Eva
» L'histoire de ma petite Leah
» La petite histoire de Mathilde
» L'histoire de ma petite Jade

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Nos Petits Anges au Paradis :: DEUIL PÉRINATAL :: TÉMOIGNAGES-
Sauter vers: