Bonjour les mamanges,
Je suis malheureusement nouvellement parmi vous... Eh oui, moi aussi j'ai maintenant un petit ange au paradis...
Parce qu'à vous lire, je crois que ça fait du bien d'en parler, alors mon histoire est la suivante :
Je suis tombée enceinte à l'été 2010 et c'était une grossesse voulue et planifiée. Ça a marché presque tout de suite ! Yeah !!!! J'ai 28 ans, un bon emploi stable, un conjoint (extraordinaire) de longue date et je me sentait prête. Tout se passait bien. Écho de 8-10 semaines (Prénatest $$), tout est numéro 1. Écho de 18-20 semaines, tout est numéro 1. Wow, tout va bien !!! La moitié de faite !!! Ensuite, aucune écho n'est obligatoire, seulement les suivis du médecin.
À 32 semaines, j'ai une petite perte de poids. Il faut dire que ça me faisait 15,5 lbs de pris seulement. J'étais loin d'être un beau globe terrestre. Mon médecin me fait passer une écho supplémentaire pour retard de croissance (RCIU) à presque 34 semaines. On découvre que le bébé affiche un retard effectivement et qu'il a du liquide dans le coeur, les poumons et le petit bedon. C'est le drame. Cette écho a lieu le vendredi 4 février 15h15. Le radiologiste appelle mon médecin sur-le-champ. Mon médecin, qui ne travaillait pas cette journée-là, s'est rendue à l'urgence tout de suite et m'a organisé un transfert en ambulance à Québec au CHUL afin de sauver mon bébé car avec tout cela, il fallait qu'il sorte au plus vite pour "limiter les dégats".
Il est 18h00. Une infirmière accepte de rentrer en supplémentaire pour faire mon transfert en ambulance ; nous sommes à 400 km du CHUL et avons 3½ heures d'ambulance à faire si tout va bien. Eh oui, je reste en région. Mon médecin appelle mon conjoint qui est au travail pour lui annoncer la nouvelle, puisque j'étais sans mot. Il travaille à 100 km plus loin. Il quitte le travail en urgence et "se lâche pour Québec" sur les 4 flash.
Ouf ! Durant le voyage en ambulance, j'ai des durcissements du ventre très fréquents et le coeur du bébé a des décélérations. Il ne lui en reste pas pour longtemps. Mon conjoint parvient à nous rejoindre par cellulaire car il est très inquiet. Imaginez, vous avez 500 km à faire l'hiver, le soir, tout seul dans la voiture, sachant seulement que votre conjointe et votre bébé sont en danger, sans trop de détails du pourquoi ou du comment, et qu'ils sont en ambulance vers Québec. Le voyage doit être pénible.
Arrivée au CHUL à 22h00 finalement, on me fait une écho et on détecte une prééclampsie sévère (ma pression est dans l'tapis !) et le coeur du bébé est faible. Césarienne d'urgence. L'équipe médicale court partout, alerte générale, on prépare la salle d'opération illico et on m'endort. Au réveil, je vois mon conjoint (ouf, il s'est rendu en un morceau) et on m'annonce que bébé est né mais qu'il est maintenu en vie puisqu'il n'a aucune activité cérébrale. Tout est là (bras, jambes, petits pieds, beau petit visage, etc.) mais comme il y a du liquide dans le cerveau, il n'y a aucune activité cérébrale donc bébé respire grâce aux machines seulement. Il ne peut le faire par lui-même. On m'explique que le placenta a cessé de grossir entre l'écho de 18-20 semaines et celle de 34 semaines. Bébé ne pouvait donc plus s'alimenter correctement et beaucoup de liquide amniotique s'est logé dans sa tête, son coeur, ses poumons et son bedon. Il était sur le point de décédé dans moi. Cela n'a pas pu être détecté avant car aucun signe extérieur ne laissait présager cette insuffisance placentaire jusqu'à ma perte de poids. La prééclampsie sévère est venue s'ajouter de mon côté comme complication.
Bref, mon bébé a été maintenu en vie 3 jours, soit jusqu'au 6 février, le temps que je sorte des soins intentifs et que je puisse le prendre dans mes bras. C'était un moment magique. Wow, mon bébé dans mes bras. Même si je savais que je ne pouvais pas le prendre longtemps, ça été le plus beau moment de toute ma vie. On l'a pris 2 heures et ensuite on a fait signe à l'infirmière qu'on était prêt à le laisser partir ; l'infirmière l'a repris et ils l'ont débranchés. Il n'aurait pas pu vivre de toute façon. Il fallait lui dire adieu, c'était inévitable. Quel moment déchirant que celui de dire à l'infirmière : « Ok, vous pouvez le prendre, et aller le débrancher. Dépêchez-vous, si vous ne le prenez pas tout de suite, je ne serai pas capable de vous le redonner...». J'ai eu l'impression de décider de la mort, et de l'heure de la mort de mon bébé. Terrible souvenir.
Nous sommes demeurés au CHUL encore une journée afin d'être sûrs que la césarienne était correcte et la prééclampsie passée. On a signé mon congé lundi fin de pm. Et on redescendait dans le bas du fleuve en peine, les bras vides. C'était déchirant.
Je dois souligner que l'équipe de néonat du CHUL à Québec a été extraordinaire et très compétente. Et que mon médecin de Matane est une ange sur terre par sa vigilence et son dévouement. C'est grâce à eux que nous avons somme toute pu prendre notre petit bébé en vie dans notre bras. J'ai pu goûter à la maternité. Et depuis ce temps, on est impatient d'avoir un autre bébé, ça a confirmé notre désir d'être parents et qu'on était réellement prêt. Ce genre d'événement nous fait réfléchir et change nos priorités grandement. On m'a assuré que je serais suivie de très près lors de ma prochaine grossesse, conjointement avec une Dre du CHUL et mon médecin de Matane. Ça me rassure. Ça ne me fait pas peur. Nous aurons les résultats de l'autopsie d'ici 6 mois et aussi les résultats des tests faits sur le placenta. J'espère que pour le plancenta c'est seulement une malchance, et que je pourrai à nouveau retomber enceinte. On traitera ma pression pour éviter une 2e prééclampsie. Amenez-en des pilules, des piqûres, et des tests de toute sorte, ça ne me fait pas peur; moi je veux plein de bébés en santé coûte que coûte !!!
C'était mon histoire. Je suis maintenant mamange depuis 1 semaine jour pour jour. Mon petit Alexandre est devenu un ange et il est allé rejoindre les vôtres au paradis. Je suis très peinée. J'essaie de vivre un jour à la fois. Mon conjoint me soutient énormément. Même si nous sommes ensemble depuis 9 ans bientôt, cela a tout de même renforcé les liens déjà très forts qui nous unissaient. Et je trouve un certain réconfort sur ce site. Je découvre que je ne suis pas seule à vivre un tel événement, que ça arrive à d'autres, mais qu'en grande majorité, les mauvaises histoires finissent plutôt bien, voire à la conte de fée, à savoir "elle fut mamange un jour mais vécut heureuse et eut plusieurs autres enfants ...bien vivants". J'espère que ce sera mon cas aussi !
Maman t'aime énormément bon beau Alexandre

xxx