Le deuil est vraiment quelque chose de spécial, avec tout ce bouleversement d'émotions qui nous submergent, ces vagues qui nous engloutissent à tout moment, ce soulagement éprouvé à certains autres moments, soulagement dans mon cas de ne plus avoir à porter d'enfants, car j'ai fais 5 fausses couches toutes plus horribles les unes que les autres et j'ai perdu ma fille à 5 mois de grossesse, ; mais si le deuil est spécial, le deuil d'un enfant vient ajouter une donnée...le manque de souvenir avec notre enfant, ce désir instictif et maternellement légitime de vouloir encore le protéger est là, et ça ajoute une donnée pas évidente avec laquelle il faut pourtant composer.
je crois bien que si je vivais un deuil (et non un deuild 'enfant) en ce moment, je me remémorerais avec tristesse les souvenirs avec cette personne. Mais je ne tenterais pas je crois de me créer de nouveaux souvenirs. Avec ma Frédérique, je me sens poussée dans le dos pour amasser toutes ces choses, tout ce qui lui a touché de près ou de loin et ces souvenirs sont pour moi sacrés.
On dirait que je ne veux pas oublier, je ne veux pas ne plus y penser, je veux être confortable avec son deuil évidemment car les vagues de fond, c,est dur à vivre, mais je ne veux pas ne plus en parler. est-ce que c'est normal ? J'ai l'impression qu'il me faut guérir de Frédérique mais que moi je veux continuer d'en parler sans arrêt car c'est tout ce qui me reste de ma fille. je ne veux pas trop sortir de cette phase car ça reviendrait à dire : je n'ai plus de petite fille...et après un combat de 5 ans, 5 fausses couches, ma seule victoire (elle est très mince vous en conviendrez) c'est d'avoir une fille morte-née. alors guérir veut-il dire ne plus en parler aussi souvent ? peut-être mais je ne suis pas prête à ça. Ce sont mes réflexions sur le deuil en ce moment. Je me demande si je dois arrêter de parler d'elle avec mon entourage, j'ai peur que mon monde se tanne et se dise : elle ne veut pas guérir. En fait je veux guérir si guérir veut dire : cesser d'Avoir mal. Mais si guérir veut dire : cesser de parler de frédérique, je ne veux pas.
Peut-être qu'avec le temps je voudrai... je ne sais pas... je n'ose plus trop prévoir ce que je ressentirai.
je me laisse un peu guider par le deuil, sans être passive, car ma résilience me fait rebondir et me fait créer mille projets, mais dans mon processus de deuil, j'ai lâché prise et je me laisse aller, je me dis que la thérapie, le temps, vont m'aider, je ne pas trop dirigier mes émotions...
c'est dur un deuil d,enfant, je trouve que c,est la pire chose au monde, quand je repense à ma petite fille dans mes bras, à tout ce qu'on ne vivra pas ensemble, à tout l'amour que j'ai pour elle, ouf, le souffle me manque. Ma puce est partout en moi, elle change ma perception de la vie, me fait savourer ma vie d'une autre façon, à quelque part je suis beaucoup plus heureuse depuis sa mort, car rien n,est acquis, je profite de chaque petit instant. Pourquoi faut-il traverser la mort de son enfant pour comprendre la vie ? ça je ne le sais pas. j'étais heureuse avant, j,avais l'impression de profiter de la vie, et maintenant que je la savoure pleinement, je comprend que non, je n'étais pas consciente d'un paquet d'affaires...mais je trouve que ça M,a couté cher pour vivre ça. Il m'a fallu vivre la mort de mon enfant... ça m'arrive encore d'avoir le goût amer de la mort en tête, quand je me rappelle tout ça, ma fille, son accouchement, ça va, mais quand je repense à son petit corps froid et au choc qui a suivi, je me demande si je suis réellement cette fille là qui est entraind e vivre quelque chose d'aussi tragique.
vendredi soir, une de mes amies est avec moi, nous parlons beaucoup de Frédérique, elle veut voir ses petites photos, elle pleure beaucoup, je ressens toute sa compassion comme un immense cadeau, mais dans la nuit qui a suivi je me suis dit : c'est vraiment terrible si elle pleure, et c'est moi qui ai vécu ce drame la ? et c'est dans ce temps là que le goût amer de la mort me remonte à la gorge...
sinon, je me sens pleine de vie, et avant je ressentais la vie, maintenant je suis envahie de vie, je crois que c'est und es "bonheurs" de perdre son enfant, il nous habite en dedans pour toute la vie, c'est probablement mon seul enfant avec lequel je n'aurai pas besoin de couper le cordon et de dire : vole de tes propres ailes mon bébé. Ma Frédérique je n'ai pas besoin de la préparer pour la vie, je peux la garder, ça c'est beau, malgré tout. mon deuil me remonte à la gorge souvent, et ça m'a fait du bien de l,écrire...