Déjà un mois

Jamais je n’aurais cru que j’aurais pu vivre même une journée sans ressentir la présence de mon petit Matteo à l’intérieur de moi et voilà pourtant, 30 jours se sont écoulés. Tous les intervenants, les infirmières, les médecins, les membres de la famille et même quelques étrangers au courant de ma perte ne cessent de me répéter la même chose : Tout ira mieux, il faut seulement du temps, car seul lui peut arranger les choses. Pour le moment, je ne peux pas croire qu’un jour je pourrai passer une journée entière sans penser à mon amour, mon fils Matteo.

Ayant eu des douleurs vers le mi-mars, je suis entrer à l’hôpital, sans savoir que j’y resterais 8 jours. Les médecins ont découvert un fibrome de 10 cm de diamètre, mais bébé lui allait bien. J’avais des pertes sanguines, mais rien ne semblait anormal...c’était probablement le fibrome qui se désagrégeait ou encore peut être y avait-t-il un petit décollement placentaire. Au bout de ces 8 jours, je suis retournée chez moi avec comme instruction de rester au lit. Tout allait bien....Quelques semaines après, j’ai remarqué que je ressentais Matteo très bas lorsqu’il “kickait”, mais je me suis dis que c’était normal. Ensuite, j’ai remarqué que ma culotte était toujours mouillé...bizarre je me suis dis, mais ça ne ressemblait pas à du liquide et j’ai donc attendu quelques jours.

Le 24 avril, je me suis rendue à l’hôpital afin de m’assurer que ce n’était pas du liquide amniotique. Après examen, on me confirme que ce n’est pas ça....mais mon col lui est ouvert à environ 4 ou 5...L’HORREUR!!! Je suis à 21 semaines de grossesse, ça ne se peut pas. On me propose 3 options: laisser aller la nature, faire un cerclage d’urgence (avec risque de rupture des membranes) ou...

J’ai choisis le cerclage....c’est Pâques, pas de salle et presque pas de médecins, lundi 25 est un jour férié, donc on me cédule mon cerclage pour mardi matin...mais il est trop tard, mes eaux crèvent vers 14 h oo!

À ce moment, je dois me rendre à l’évidence...oui on pourrait me mettre sur un protocole d’antibiotiques, mais le cerclage maintenant étant hors de question, ça me donnerait, avec de la chance, 3 semaines...Matteo naîterait très prématuré. Il souffrirait...je ne veux pas que mon amour souffre, je ne peux pas lui faire ça...d’ailleurs, je ne sais pas si moi-même je pourrai passer au travers. Mon conjoint et moi discutons et au travers les sanglots, nous faison appeler le médecin pour lui faire part de notre décision...

Tout se passe ensuite comme dans un cauchemar. On m’emmène à la salle d’accouchement. Le corridor pour s’y rendre ressemble plus à ce moment au couloir de la mort et je suis celle qu’on s’apprête à exécuter. Il est 17 h 30. Je souffre, physiquement, émotionnelement, je pleure, je crie, je ne ressens plus mon fils.Vers 21 h 30, tout est fini. Mon fils est déjà parti. C’est comme s’il dormait paisiblement. J’ai même l’impression de voir sur son merveilleux visage, un petit sourire...mais moi, je me rend compte à cet instant que je suis entrain de vivre ma plus grande peine d’amour.

Comme lorsqu’on perd l’amour de notre vie, je me dis que peut-être aurais-je pu faire plus, c’est mas faute. Je me sens comme si j’avais trahi mon garçon. Il me faisait confiance pour le garder au chaud et pour prendre soin de lui. Un mois plus tard, je me sens encore comme un animal blessé qui se terre dans son trou pour lecher ses plaies...

Matteo David Perez, mon fils, mon amour, je veux que tu saches que je t’aime tellement! Je pense à toi tous les jours! Je pleure pour toi en écrivant ces lignes, mais je sais que tu t’amuses avec tes amis les anges.

Pardonnez-moi pour la longeur du texte, mais cela fait tellement du bien de partager mon histoire en sachant que les personnes qui liront comprendront exactement ce que je ressens.

En espérant un jour m’en sortir...

Merci à tous et toutes!

Kate