Un stupide noeud au cordon ... un accident rare qui a ôté la vie à Sofia. A 18 semaines de grossesse. Mon bébé miracle qui a fait de moi la patiente la plus redoutée de ma gynéco. D'abord 3 merveilleuses grossesses dont la dernière gemellaire, 4 merveilleux enfants qui font de moi une maman comblée. Mais approchant la quarantaine, mon désir de maternité loin de se tarir, croît un peu plus chaque jour. Au point de devenir pesant, une véritable. Obsession. Et là en 3 ans, tout s'enchaîne : une fausse couche, puis une deuxième et encore et encore au point d'en cumuler 5. Les prélèvements ne donnent rien, on me donne des explications à taton : mon âge, un utérus cicatriciel (3 césariennes), problème chromosomique. En fait on ne sait pas. Et puis des douleurs qui s'installent, comme un poids dans le ventre. Cette fois c'est une môle. 1mois seulement après la dernière fausse couche pour laquelle j'ai eu la pire expérience de ma vie, une aspiration sans anesthésie sur le siège d'écho des urgences. Cette fois anesthésie générale, aspiration, antibiotiques ... et c'est là que le miracle intervient, une échographie de contrôle à peine 20 jours après montre un petit oeuf, une seconde 10 jours après montre un petut coeur qui bat. Mais je saigne ... nouvelle écho, c'est juste un problème d'acollement qui devrait se résoudre avec du repos (mot qui n'existe pas chez une maman de 4 enfants !). Mais mon bébé va bien, il grandit, à l'écho officielle du premier trimestre je le vois si bien, ses bras, ses jambes, quel bonheur. On projette, il viendra début décembre, le cadeau de Noël, de mes 40 ans et de ma vie !!! Je suis radieuse, ni nausée, ni douleur, presque pas de fatigue. Et déjà si grosse, je suis si fière de mon ventre rond. Et ces regards compatissants dans la rue qui me font sourire, "la pauvre, 5 enfants". Ou la folle selon qui je croise ! Oui je suis folle, folle de mes enfants, de la maternité. Folle de leur père qui est fou de joie d'être encore papa.
La date d'écho du 2ème trimestre approche. Mon humeur change. Je le force à ne plus penser au bébé. Je fais les soldes et j'évite le rayon layettes. On fête l'anniversaire de mes jumeaux mais j'ai le vague à l'âme, je ne suis pas bien. Je pleure un quart d'heureux à chaudes larmes, je sens que quelque chose n'est pas normal. Je nai jamais senti mon bébé bouger, je ne saigne pas donc logiquement tout va bien ... Je previens mon mari qu'on m'annoncera une mauvaise nouvelle. Il hausse les sourcils, encore une de mes fantaisies, rien de grave. Mais c'est étrange, c'est comme si je connaissais mon corps par coeur, j'avais aussi senti la môle. 3 jourd après, je me rends à la visite du 4ème mois. Le doppler ne donne rien, la sage femme décide de me faire une écho. Je vois mon bébé littéralement ratatiné dans un coin de mon ventre. Je comprends mais m'y refuse. La pauvre sage femme, elle tente de le faire bouger, désemparée et confuse. Elle me dit qu'elle va se faire aider d'un médecin mais je sais qu elle va demander confirmation. Mon bébé est mort. Il s'est éteint. Je le savais.
Me voilà dans un bureau, je suis en train de parler d'accouchement, de deuil, de reconnaissance, d'autopsie. Quelle horreur. C'est gris autour de moi, j'ai la tête qui tourne. Non je rêve, c'est un cauchemar, je vais me réveiller. Mais les faits sont là. Les décisions à prendre. Le deuil à faire. Je comprends en voyant le papa arriver qu'il va falloir être forte, il est encore plus désemparé que moi. Je rentre le soir à la maison. Je rentrerai à l'hôpital le 4 juillet en fin d'après midi, j'accoucherai "pour du vrai" cette fois le 5 juillet. Quelle farce, mon seul accouchement par voie basse sera pour donner naissance à un enfant sans vie. Et c'est ce qui s'est passé : Sofia est née très rapidement le 5 juillet à 10h. J'ai refusé l'autopsie, je l'ai vue, tenue dans mes bras, bercée. Elle a été enterrée dans un jardin blanc dans un cimetière près de chez moi. L'histoire est finie, mon miracle s'est envolée.