Dans un mois

Ma fille aurait un an dans un mois. 11 mois aujourd'hui qu'elle est partie. Au début j'aurais dit qu'elle est morte parce que tous les euphémismes m'énervaient mais là, même le mot me fait mal. Elle me fait peur cette date qui approche, j'ai l'impression que plus le temps passe, moins j'ai le droit ou moins je me donne le droit d'avoir de la peine. J'ai l'impression qu'après un an, je devrais aller mieux et pourtant, rien ne va mieux dans ma vie. La boucle n'est pas bouclée. J'aimerais pouvoir me dire que si ma fille me voyait elle serait fière de moi mais je ne le pense même pas. Je n'avance pas, je m'enlise et je n'arrive pas à la laisser aller.

Je me sens mal d'en parler aux autres encore et encore, de m'exposer à nu. Je ne sais pas comment aller mieux, comment vivre encore pour vrai, pas juste en apparence. Je me sens hyper seule même si je sais que j'ai des gens qui m'écouteraient. Je ne suis pas capable de continuer comme ça. Je ne suis pas capable, je refoule tout et je sais que je suis triste mais je ne le laisse pas assez sortir. Le père de ma fille me dit qu'il pense à elle, qu'il redoute la date de son un an mais c'est tout.

J'aimerais vivre comme si ce n'était pas arrivé, essayer de rebâtir, ne plus être triste. Mais je ne suis pas capable. Je ne suis plus capable d'être triste et incapable de ne pas l'être finalement...

Amélie qui voudrait tellement avoir sa belle poupoune de 11 mois avec elle.

C'est difficile d'apprendre a vivre avec notre peine. Je te comprends amplement. Je ne crois pas qu'il faut tourner la page sur ce que l'on a vécu. Nos anges font partie de notre vie maintenant. Il s'agit de leur trouver une nouvelle place auprès de nous. Une place à laquelle on ne pensait pas lorsqu'on était enceinte. Mais cette nouvelle place on doit lui faire de l'espace dans notre cœur et cela est souffrant. Peut-être que d'en parler justement va t'aider dans ta démarche. Je suis comme toi, je n'aime pas me mettre à nu et lorsque je le fait les gens sont mal-à-l'aise. Mais je me dis que c'est pour moi que je le fais finalement.
J'ai une pensée pour toi et j'espère que ce fameux un an se passera en douceur pour toi.

Merci eve148 de ta réponse. Je trouve ça difficile d'intégrer cette perte immense, cette souffrance à ma vie. Le temps passe et je ne suis pas là où je croyais être à l'approche du un an.

J'aimerais tout mettre de côté, tout refouler et c'est impossible. Comment je peux intégrer ça? Il y a un an c'était le printemps, je plantais des tomates avec mon ventre déjà énorme. Je passais du temps avec mon grand, je prenais soin de moi, du bébé. J'avais tellement hâte d'accoucher, de voir ce bébé surprise, de le porter, de l'allaiter. J'étais sur un nuage, mon chum serait en congé pendant de mois avec nous. J'aimerais ne plus penser à toute la joie que j'avais il y a un an. Ça me ramène juste au manque, à la désillusion totale qui a suivi.

Tu sais, un jour mon médecin m'a dit: Tu ne peux pas aller mieux, tu ne les a pas laissé partir tes filles. Et je lui est répondu: Comment je dois faire ? À partir de ce moment, j'ai cheminé beaucoup et j'ai fait de gros efforts pour les laisser partir. Ce fût difficile et ça m'a pris plus d'un an. En fait, l'arrivée d'une nouvelle grossesse deux ans plus tard, m'a aidé à les laisser partir. Et même si après 10 ans, je les ai laissé partir, elles sont dans mes pensées à toutes les jours. Seul le temps peut nous apprendre à vivre avec cette grosse perte mais ce n'est pas dit nul part qu'après un an tout doit être correcte. Dans ce monde tout va vite, tout est jetable et il faut passer vite à autre chose, mais un deuil se doit d'être vécu, on ne peux pas le contourner, on doit le traverser et ça prend du temps. Laisses le temps faire son oeuvre car tu ne peux passer vite à autre chose, c'est normal.

Coucou maya,

Moi aussi mathéo aurait eu 1 an le 4 juillet et j'appréhende aussi cette date, je tecomprends c'est pas facile de devoir continuer à vivre malgré tout.

Prends soin de toi