Charlotte

Je lis vos témoignages depuis quelques jours sans me décider à écrire le mien. Mais bon, là, je crois que c'est mon tour... de parler d'amour.

J'ai su que j'étais enceinte de Charlotte avant de savoir qu'elle était un bébé espoir, car je ne connaissais pas ce terme avant que Charlotte meure. J'ai vu la petite ligne sur mon test de grossesse le 1er juillet 2010 et l'automne précédent, j'avais fait une fausse couche d'un oeuf clair à 9 3/7 SA. Je me souvines que mon conjoint avait trouvé la fausse couche très difficile. Pour moi, c'était quand même correct puisque c'était une surprise et que je pouvais facilement envisager me reprendre: je suis déjà maman de 2 garçons de 6 et 3 1/2 ans maintennant. Mon mari n'est pas leur père et je crois que notre deuil était différent à cette étape pour cette raison. Charlotte était beaucoup plus désirée, quoique que mon oeuf clair porte quand même le nom de Timothé car j'avais rêvé de lui!

Bref, Charlotte allait #1 dans mon nid. À 20 SA, on va à l'échographie et le placenta est bas. Comme je prévois un accouchement à domicile et qu'une césarienne est difficilement envisageable pour moi, je suis anxieuse. Nous retournons à 29SA pour un contrôle: le placenta est remonté, mais la petite à encore les fesses en bas... Je suis inquiète car ma chiropraticienne et moi savons que j'ai une prédisposition à porter mes bébés en sièges et à en accoucher en position postérieur Mais tout est ok dans ma tête, j'ai eu une version externe à mon 2e garçon, j'en aurai une cette fois-ci aussi! Ça fait mal, mais je préfère cela à une césarienne.

À 36 SA, nous allons à l'hôpital pour la version. Surprise! Charlotte a déjà la tête en bas! OUF! Mais la technicienne doit faire une écho de croissance (mesurer le bébé). Elle s'exécute et le médecin de garde vient vérifier pour que l'on finisse par se faire dire que notre fille est trop petite, qu'elle a un retard de croissance (1960g) in utero. En plus, il semble que le niveau de liquide amniotique soit très bas. Je fais un NST à tous les 2 jours à partir de là et à 37 SA et 1 jour, le liquide n'a pas augmenté: il faut induire...
YARK! J'accouche à l'hôpital au lieu de chez moi... Mais pour sauver ma fille qui semble fatiguée dans mon ventre même si elle bouge toujours, je suis en paix avec ça. Elle est née après un accouchement somme toute facile, mon plus zen «en carrière» et j'en suis fière

Mais là elle ne va pas bien... On est toute deux transférées à Ste-Justine et plein de tests sont faits sur elle. Ils croient qu'elle a une anomalie génétique à cause de son visage Mais de quoi ils parlent? Elle est super belle! 3 jours après l'arrivée à l'hôpital, on apprend qu'elle a une grosse malformation cardiaque mais qu'elle est trop petite pour être opérée tout de suite. On se prépare déjà pour «habiter» à l'hôpital pour les 3 prochains mois. 2 semaines plus tard, c'est la génétique qui nous apprend qu'elle a effectivement des anomalies génétiques et qu'elle sera assurément handicapée pour la vie. À quel degré, on en sait rien encore. «Est-ce qu'on veut toujours l'opérer?» Ben voyons, c'est certain! Tout un cheminement pour moi et son papa qui acceptons cet handicap avec toute la sérénité possible. Nous aimons notre fille et elle sera comme elle sera, c'est tout! Une semaine plus tard, on apprend suite à une image par résonance magnétique qu'elle a fait une hémorragie cérébrale et que la moitié de son cerveau est détruite, sans parler des autres lésions qu'ils ont trouvé dans la région centrale de son cerveau. Charlotte ne pourra plus respirer sans son respirateur même si elle le pouvait une semaine plus tôt

On fait des arrangements pour inviter la famille, mais on prend quand même la fin de semaine pour en profiter juste nous 3 du mieux qu'on peut. Les 2 autres journées sont réservées à ses frères qui lui donnent même un bain «AH! une vulve!!!». Nos 2 familles viennent aussi et tout le monde la prend. Charlotte est fatiguée à la fin des 2 journées et on doit augmenter sa quantité d'oxygène considérablement pour qu'elle reste confortable. Elle a des sécrétions dans la bouche et les poumons à n'en plus finir... Pauvre elle. Je me sens mal qu'on lui fasse endurer ces simagrés d'humains, à ma fille qui deviendra papillon...

Mercredi le 23 mars au matin, après avoir passé les 2 plus belles nuits de ma vie à ses côtés dans le même lit on commence par prendre ses empreintes de mains et de pieds. Après on lui donne son dernier bain et on lui met la belle robe rose en satin qu'on a choisie. On lui peigne ses beaux cheveux roux. On en est si fiers! Je la prends une dernière fois. Mon mari la prend aussi. On appelle l'infirmière qui lui fait son injection de morphine et on attend la néonatalogiste qui viendra l'extuber. C'est vraiment la vie qui s'arrête...

Elle a cessé de respirer 6 ou 7 fois, je ne sais plus. Chaque fois, elle se réveillait comme dans les films de morts-vivants avec sa petite langue qui pointait en dehors de sa bouche et ce bruit... La première fois, on paniquait! Je lui ai même caché le visage avec un mouchoir parce qu'elle m'a fait peur! Mais son coeur tenait bon... Elle était toute bleue et tellement crispée que sa petite machoire n'ouvrait plus. À l'extubation c'est mon mari qui l'avait dans les bras, mais on a fini par se l'échanger tellement c'était long! Ça a pris 4 heures, mais ce fût le plus beau cadeau qu'elle nous ait fait, à part sa venue parmi nous, parce qu'à la fin, on était serein et content qu'elle parte. Elle est née le 23 février et est décédée le 23 mars 2011.

Ça fait 2 semaines qu'elle nous a quitté et je pleure difficilement. Je me demande combien de temps il va me falloir pour comprendre que c'est réellement terminé? Mon mari pleure beaucoup lui, au moins à tous les jours. Et moi, tout ce que je trouve à faire, c'est des crises de panique. Je rêve tellement! Et quand j'essaie de m'endormir, tout ce que je vois quand je pense à elle, c'est sa langue qui sort de sa bouche et la couleur de sa peau bleue... et ce bruit qu'elle faisait...

J'ai l'espoir que de venir écrire ici me fera intégrer tout ça. Je veux juste me sentir bien à nouveau.

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Malheureusement bienvenue ici parmi nous. J'avoue avoir peu de mots pour te réconforter, j'ai lu l'histoire de Charlotte avec beaucoup d'émotions. J'espère qu'ici tu trouveras ce que tu recherches, la compréhension, le soutien, l'écoute et l'entraide, c'est que j'ai trouvé ici et ça m'a bien aidé à passer à travers les derniers mois. Et aussi, échanger avec d'autres mamans aide à normaliser certaines réactions qui nous rendent perplexe. Ce n'est pas tout le monde qui pleure automatiquement pendant des semaines et la mort d'un enfant c'est un grand choc à encaisser, chacun réagit à sa façon et il n'y en a pas de bonne ni de mauvaise. Bon courage à toi et à ton conjoint et douces pensées vers votre petite Charlotte.

Merci pour vos bons mots les filles...
C'est juste un peu inquiétant pour moi car mon mari et ma thérapeute voudraient tellement que je pleure on dirait qu'il y a juste par là qu'on peut guérir!
Oui, je sais, le temps... le temps... le temps... Et il prend son temps

On peut pleurer sans avoir vraiment de peine tout comme on peut avoir de la peine sans pleurer
Je me suis tellement sentie coupable de ne pas avoir pleurer quand on m'a annoncé que ma fille était sans vie dans mon ventre, de ne pas avoir été dévastée quand je l'ai rencontré. Pourtant, j'en ai eu de la peine... mais je n'avais pas besoin de pleurer à ce moment-là, j'avais besoin d'avoir toute ma tête pour ancrer chaque souvenir de ma grossesse, de mon accouchement, de notre rencontre parce que ça, ça ne reviendra jamais mais j'ai toute la vie pour pleurer ma fille.

Ton récit est magnifique, serein malgré la tristesse de son départ... on sent que tu es en paix avec l'histoire de Charlotte.

ferguemel
je suis navrée de t'accueillir ici...quelle histoire...
merveilleuse et courageuse charlotte qui s'est battue pour vous permettre de la connaitre, de la toucher, de la sentir.
ces instants douloureux seront un réconfort plus tard. et quelle fierté devant une telle combativité...On se demande souvent si l'irm est fiable à 100 % ...oui il l'est mais de là à connaitre exactement le handicap et quel degrés je ne sais pas. Quoi qu'il en soit, vous avez permis à charlotte d'être libéré d'une vie qui n'en aurait pas été une.
Pour elle, pour votre couple, pour tes 2 petits garçon, vous avez la lucidité de permettre ce départ entouré de votre amour.
Comme toi, je ne pleurais que très peu. Oeil sec à l'enterrement et je sais que ça à choqué beaucoup de presonnes, mais on vit notre deuil différemment et comme toi je ne pense pas que le fait de ne pas pleurer veuille dire ne rien ressentir. et puis des pleurs tu vas en avoir, par cascades, imprévus, butaux...sans crier gare, une voisine croisée, ton commerçant, un papier administratif, une maman au parc, ta prochaine visite chez la gynéco... bref tu en auras. et là ça rassureras tout le monde car tu entre dans la normalité du deuil tel que les gens se le reprensente.
Je sais ce qu'on ressent quand on nous annonce les résultats IRM. au début, on ne veut pas y croire, puis c'est le gouffre, le coeur qui éclate, les "pourquoi nous", la culpabilité d'avoir fait un truc de travers...et puis quand bien calé dans nos bras, nos bébés s'envolent loin de nous...un déchirement,mais aussi un soulagement...c'est fini pour eux comme pour nous.
le deuil on commence à le faire dès l'annonce des résultats IRM...
Voilà ton histoire me touche énormément car elle me renvoie 3 mois en arrière... 3 mois c'est long et court à la fois. Long quand ta chaire te manque à un point où tu peux hurler de douleur et court quand tu regardes le chemin qu'il te reste à parcourir.
Voilà, ce post est long mais j'avais envie de de dire cela.
Sache que comme on m'a aidé au début, je serai là pour toi, te lire, te conseiler, répondre à tes questions.
Ce forum pour moi, a été la meilleur thérapie car ici c'est du vécu, alors que pour les psy c'est de la théorie.
Il n'y a qu'une personne ayant vécu ce drame qui puisse te comprendre en totalité.
Courage à toi, pour votre couple, et pour vos enfants. ces derniers sont nos moteurs.

Bonjour mamange de Charlotte.

J'ai lu ton récit qui m'a beaucoup touché, je comprend trés bien ce que tu as vécu pendant ce mois passé auprés de ta fille en néonat car mon mari et moi l'avons aussi vécu pour notre petite Célia. Nous avons aussi accompagné notre puce jusqu'a son dernier souffle. Comme tu le décris, ce moment est terrifiant et douloureux. On croit que sol s'ouvre sous nos pieds et que notre vie s'arrete en même temps que la sienne. Et puis les jours passent et nous devons faire face au manque de notre enfant.
Tes deux grands garçons sont une force et pour eux je suis sure que tu trouveras le courage d'avancer.
Ta petite Charlotte était une battante. J'espère qu'aujourd'hui elle est en paix avec tous les autres petits anges.
Je t'envoie pleins de pensées à toi et à tes hommes et mille baisers à nos anges.

Ton histoire m'a beaucoup touché. J'ai mis beaucoup de temps à pleurer la mort de ma fille. J'ai choisi de consulter parce qu'à un certain moment j'ai sentit que les émotions étaient bloquées en moi et que ça allait me détruire. Encore maintenant, parfois je laisse les pleurs venir mais souvent, j'ai tendance à mettre ce que je ressent de côté, comme dans une petite boîte dans ma tête. C'est comme un réflexe, parce que ça fait encore trop mal. Je ne savais pas qu'on pouvait vivre les émotions de cette façon...avoir peur d'avoir mal...
Je te souhaite bon courage, mes pensées sont avec toi, ton conjoint, tes garçons, ton Timothé et ta Charlotte.

la belle charlotte!J'espère que le soleil réchauffe vos coeur,que vous riez autant que vous pleurez.J'écoute les oiseaux chanter tous les matins et tous les soirs et je me dit que la vie est belle!!

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Bon trois mois d'ange à Charlotte! Je pense à vous autres! Bisous!

Merci les filles vous êtes vraiment gentilles
C'est pas terrible mon moral de ce temps-là, alors ça fait du bien de vous lire.
Bon 3 mois d'ange à Philippe aussi en cette journée pluvieuse...
Faut croire qu'ils pleurent avec nous!

Pleins de douces pensées pour toi et ta maman, petite charlotte.
Courage mamange.

je pense fort à toi moi aussi, maman de Charlotte, nous sommes là pour te lire, pour te comprendre nous qui traversons ce même marasme.
Plein de pensée pour ta petite Charlotte et plein de baisers à mon amour de petit garçon. Courage maman de Charlotte.

Bon 3 mois d'ailes à ta petite Charlotte Ça me fait aussi du bien de retourner sur mon récit de temps en temps pour relire les commentaires quand ça ne va pas

plein de courage à toi