Bonjour,
je suis nouvelle ici et enfin contente de trouver un lieu où parler et échanger de ce secret enfoui au fond de moi pour l'éternité.
Je vais pour la première fois depuis quelques mois faire le récit ici de notre histoire.
Mon mari et moi nous sommes rencontrés il ya 6 ans. Presque un coup de foudre. Dix mois après on s'installait et on essayait de devenir parents. Malheureusement, j'ai des troubles de la fertilité assez importants. Et puis à force de persévérance et grâce à la médecine, un hopital universitaire et la mise en place de protocoles nouveaux, nous sommes les heureux parents de Nils né en avril 2011. La fin de grossesse fut angoissante : je faisais de l'hypertension et devais me surveiller sans arrêt. Nous avions peur le perdre. Et puis, l'accouchement a été assez "rock&roll" : déclenchement 5 jours après le terme avec un col qui ne se dilate pas et je vous passe les détails mais j'ai vu le coeur de mon bébé fortement ralentir sur le monitoring, il descendait en-dessous de 60... Césarienne d'urgence, je suis entrée au bloc persuadée qu'il était mort, mais non !
Nous avons eu beaucoup de chance : entre la MIV et un bébé sauvé par les médecins à la dernière minute !
Et puis en avril dernier, deuxième miracle dans notre vie : j'étais enceinte. Nous avions réussi tous seuls, sans la médecine comme tout le monde, juste en nous aimant.... Cependant, le bonheur a été de courte durée : je sentais que quelque chose n'allait pas mais les médecins nous disaient d'attendre, qu'il fallait donner du temps à cet "embryon". Et puis le verdict a fini par tomber : la grossesse s'est arrêtée d'elle-même. Après un traitement et un curetage qui a eu lieu le premier jour de mon quatrième mois de grossesse, je me retrouvais vide.
Mon mari n'a pas vécu le deuil de cet enfant comme moi : il me dit qu'il n'avait pas vraiment eu le temps de se faire à l'idée et que j'ai été mal tout de suite, alors dans sa tete il avait choisi de fermer la porte pour se protéger. Du coup, je porte le deuil d'un enfant sans nom, sans visage, sans existence pour le reste du monde.
Et je croyais être passée à autre chose, mais voilà, je tente un nouveau protocole de FIV. PArce que visiblement mes ovocytes sont de qualité médiocre ce qui expliquerait ma fausse couche.
Ce bébé que j'ai perdu me hante. Je me dis qu'il sera toujours là en moi, jusqu'à ma mort. Il est caché dans mon coeur, parce que presque personne ne sait ce qu'il s'est passé et ceux qui savent ont eu les mauvais mots au mauvais moment.
Je me sens marquée au fer et seule dans ma douleur. Je me projette sur un prochain enfant et la peur de le perdre de nouveau m'envahit. Le désir est là pourtant.
Comment vais je réussir à traverser les fameuses 14 premières semaines ?
Le suivi en FIV et post-FIV me rassure et en meme temps le pourcentage de réussite est mince.
Voilà, j'ai mal de ce bébé perdu sans nom, de ce prochain bébé tellement flou et de mon quotidien où ma blessure est secrète et ardente.
Je pose ici mon fardeau et ma douleur.
Quand commence-t-on à vivre sans y penser tous les jours ?
Ludivine