Bonjour à tous les mamanges et papanges, et merci d'avance pour la lecture de notre histoire.
Je suis tombée enceinte de Tino le 15 novembre 2014 pour être exacte. Je voulais absolument un enfant suite à une fausse couche à 2 mois et demi de grossesse en février 2013, suite à la perte de ce premier "enfant" je n'attendais qu'une chose : avoir une bonne situation avec mon conjoint pour lancer une nouvelle grossesse. Ce moment était donc arrivé. Les trois premiers mois étaient spéciaux, j'avais du mal à croire que j'étais enfin enceinte, mais surtout que j'allais réellement avoir un beau ventre rond et un enfant en bonne santé et VIVANT. Une fois les trois mois passés, j'ai doucement commencé à y croire, a en parler, et à profiter de cette merveilleuse nouvelle. Au 5ème mois, nous avons apprit que c'était un garçon. Ravis de cette nouvelle nous commencions à chercher un prénom mais nous avons eu du mal à tomber d'accord.
Le mardi 12 mai 2015, mon conjoint et moi sommes allés à notre consultation mensuelle chez la gygy qui m'a prit la tension, m'a fait me peser, tout allait bien. A la fin de la consultation j'ai demandé à ma gyneco "vous ne me montrez pas mon petit bout aujourd'hui?" Et elle me répondit que je le verrais dans 2 semaines pour prendre les mesures du 3eme trimestre. Et me donna le feu vert pour passer le week-end dans la famille de mon conjoint à Lille (500km de chez nous).
Confiants, nous partimes donc le jeudi 14 en route pour Lille, le trajet en voiture fut long, et pas très confortable, mais je m'empressais de montrer mon joli bidou à ma belle famille!!! Une fois arrivés sur place, j'étais très fatiguée du chemin et j'avais beaucoup de remontées acides, j'ai donc bu un verre de lait et nous nous sommes installés à table pour le repas du soir. Mais à la fin de repas, j'eu très mal au ventre et un gros coup de fatigue, ce n'était pas mon genre mais je me suis levée de table pour aller m'allonger et me reposer. Le lendemain, j'étais encore très fatiguée mais me suis forcée à me lever car nous avions prévu de visiter un petit peu, au retour de la petite promenade, mes chevilles avaient enflées, triplées de volume, mais cela ne m'a pas alertée car c'était encore une fois un symptôme connu d'une "fin de grossesse".
Le samedi, une tante de mon conjoint fêtait ses 80ans, une salle remplie monde et une ambiance à la Liloise, je me suis permise de faire quelques pas de danses sans trop d'excès, mais je du sortir plusieurs fois car je mourrais de chaud. Le lendemain de cette fête, j'étais encore une fois très fatiguée mais sans aucun soupçons de la suite des événements. Nous reprimes la route le lendemain sur les environs de midi, mais au milieu du trajet, une douleur au niveau de la cage thoracique se faisait ressentir, j'étais nouée et avais un peu de mal à respirer par moment, mais selon moi sans aucunes conséquences pour mon petit bout. Vers la fin du trajet, nous nous sommes arrêtés pour que je sorte respirer et me dégourdir les jambes, j'avais tellement mal à la cage thoracique que j'en ai oublié mes chaussures sur l'air de repos....
Une fois ENFIN rentrés, je n'avais qu'une hâte. M'étaler dans mon lit et ne plus bouger, en attendant que la douleur s'atténue. Le lendemain matin et toute la journée, la douleur était encore présente, je ne pouvais plus marcher plus de 5 minutes sans me plier en 2, mais courageuse, j'ai accompagné mon conjoint sortir le chien et prendre l'air, mais c'est enfin là que j'ai décidé d'appeler ma Gyneco pour lui expliquer ma douleur. Il était 17h elle me dit de venir de suite, je n'en pouvais plus. Une fois arrivée elle prit ma tension et fit une tête choquée, j'avais 19 de tension. Paniquée, elle me fit une échographie et tira la même tête que lors de ma précédente grossesse, resta silencieuse, et la j'ai compris... Son cœur ne battait plus. Je ne peux décrire ce que j'ai ressenti à ce moment là tellement la douleur et la peine étaient fortes.
Nous sommes donc allés d'urgence à l'hôpital, le trajet en voiture était un cauchemar, je n'arrivais pas à y croire, je pleurais toute les larmes de mon corps, je criais, et ma douleur thoracique s'amplifiait. Une fois à l'hôpital, ils m'ont directement pris en charge et donné des calmants pour la douleur, m'ont expliqué que j'avais fait une pré éclampsie et que ma vie était réellement en danger. Mais je m'en foutais, je voulais m'arrêter de vivre sur ce lit d'accouchement, la vie est si injuste, j'ai eu tellement de regrets, pourquoi je n'ai pas consulté avant, pourquoi les symptômes que j'ai eu ne m'ont pas alarmé, pourquoi ai je fais ce voyage, pourquoi j'ai laissé mon tant aimé mourir à petit feu... Je me haïssais.
Les médecins me dirent qu'il fallait absolument que j'accouche au plus vite, car ma vie en dépendait, et que si à 7h du matin je n'avais pas accouché par voie basse, il me ferait une césarienne. Il ne pouvais pas me la faire de suite car à ce terme de grossesse (28SA +3) je ne pourrais peut être plus jamais accoucher par voie basse car la césarienne serait faite à un endroit qui pourrait se réouvrir lors d'une prochaine grossesse. Je voulais de toute manière accoucher de mon bébé par voie naturelle, il méritait au moins ca...
Ils m'installèrent la péridurale et déclenchèrent l'accouchement vers 20h30, ce fuent les heures les plus longues de ma vie, mes parents et ma sœur sont venus me voir, désemparés, c'était trop dur de les voir ainsi je leur ai donc demandé de partir. Mon conjoint est resté avec moi du début à la fin, nous avons beaucoup pleuré et nous sommes très peu reposés, j'étais à bout de force. Le lendemain matin à 7h, mon col n'était toujours pas ouvert, ils optèrent pour la césarienne mais j'ai insisté pour attendre encore. Ils m'ont accordé 12h comme dernier délais.
A 11h20, ils vinrent vérifier une dernière fois mon col, toujours rien. Ils appelèrent le Gyneco de garde (un autre que la veille). Une homme très imposant arriva, il me fit très peur, me fit très mal en vérifiant mon col, j'ai pleuré de douleur. Mais je ne sais comment, il a déclenché l'accouchement, le col s'est entièrement ouvert. Tino est né le 19/05/2015 à 11h37, je l'ai tenu dans mes bras en espérant que le temps s'arrête à ce moment précis, et qu'on s'envole tous deux au paradis... Il était si beau, si petit mais si chevelu, il était parfait, il ressemblait étrangement à ce que je m'attendais. Je ne voulais plus le lâcher, mon conjoint aussi le porta, on a tellement pleuré...
Ils m'emmènent ensuite en soins intensifs, dans une sale lugubre et minuscule remplie d'appareils où je passa 5 jours consécutifs dans le noir, sans pouvoir bouger, accrochée par je ne sais combien de câbles, sans parler de la sonde pour uriner... C'était un vrai cauchemar, je crois que mon âme s'est envolée avec Tino dans la sale d'accouchement. J'en voulais à la terre entière, mais à moi plus particulièrement.
Les sages femmes étaient au petit soin, elle venaient me rendre visite, me parler et me rassurer, ce n'était pas de ma faute et ca arrivait fréquemment, mais je ne le croyais pas. Je voulais respirer, sortir prendre l'air, fumer une cigarette dont je m'étais passé depuis des mois. Mais je n'avais le droit à rien. Je devais attendre que mes plaquettes (défenses immunitaires) remontent. J'ai reçu de la visite de mes proches tous les jours, ils me faisaient penser à autre chose au moment de leur visite, mais quand ils partaient tout remontait. La dernière nuit, mon conjoint rentra dormir à la maison, il avait dormi sur une chaise à veiller sur moi toutes les nuits précédentes. Mais cette nuit là je fis une crise, je débrancha tous les câbles qui me retenaient prisonnière, c'était injuste d'endurer ça après la perte de mon enfant. Je me leva et je me rendis compte que je ne tenais pas sur mes jambes, l'infirmière de garde arriva de suite car mes appareils étaient reliés à son bureau, elle m'engueula et me remit au lit, j'hurlais de haine, la pauvre, elle n'y pouvait rien. Mon conjoint est revenu passer la nuit avec moi car je ne supportais pas la solitude.
Une sage femme m'apporta une boîte avec 3 magnifiques photos de Tino avec le doudou qu'on lui avait laissé, il était presque aussi petit que le doudou, et des empreintes de ses petites mains et petits pieds. Elle m'apporte ensuite Tino, suite à ma demande, et je lui fis mes adieux, ce fut tellement dur, encore une fois. J'ai passé les 2 jours suivants dans une autre chambre avec lit double et très ensoleillée. Mais mon cœur n'y était plus, j'aurais aimé de la pluie et du mauvais temps. Je fermais ainsi tous les volets.
Mon retour à la maison fut chaotique, je ne me sentais plus chez moi, je n'osais plus sortir le chien et affronter le voisinage qui allait me poser pleins de questions dont je ne voulais pas répondre. Je me sentais si grosse si moche, et si seule. L'enterrement de Tino a eu lieu le jeudi 28 mai, accompagné uniquement de ma famille proche.
Depuis ces 5 longs mois, j'évite de sombrer, je m'occupe tous les jours, je suis hyper active et m'empêche de penser , même si en réalité j'y pense à chaque seconde, je me dis qu'il devrait être la, à chaque chose que je fais. Je me suis faite une carapace et n'en parle pas ou quasiment pas, mais derrière tout ca je suis morte de l'intérieur, mon cœur est brisé en miles morceaux.
Mon conjoint et moi avons une relation très fusionnelle, nous sommes très complices mais n'abordons quasiment plus le sujet de Tino, et ça me déchire. J'ai l'impression qu'il en est déjà rétabli, et je le jalouse car lui a déjà un fils de 7 ans qui passe un week end sur deux chez nous. Je me surprend à être méchante dans mes pensées, comment cet enfant a pu naître alors qu'il était nullement désiré, comment il peut rendre heureux son père alors qu'il ne souhaite même pas passer les week end chez nous et qu'il nous le dit sans arrêt, comment mon homme peut survivre à tout ca sans en dire un mot. J'ai l'impression que ma vie sera toujours monotone sans mon fils, mais je le cache derrière des sourires.
Je désire plus que tout aujourd'hui un enfant, je veux le chérir de toutes mes forces, être auprès de lui chaque jour et qu'on se sente tous deux exister, je veux tellement donner naissance, j'ai ce besoin de me prouver que je peux le faire et que cette fois ci je peux être une mère exemplaire, mais malheureusement je ne suis pas sûr qu'un jour je serais capable de donner vie.
Mon Tino me manque à chaque respiration que je fais, à chaque maman ou future maman que je croise, à chaque actions de ma journée. Ce poids dans mon cœur ne s'atténuera jamais car mon ange à rejoint le paradis sans avoir pu connaître la lumière du jour.
Merci pour votre lecture, et merci de me sentir moins seule en lisant vos témoignages.