Bonjour à toutes,
Cela fait plusieurs semaines que je lis vos témoignages, mais sans avoir le courage de m'inscrire sur ce forum. Aujourd'hui c'est chose faite, pensant que du réconfort auprès d'autres mamans m'aidera peut être à avancer.
J'ai 25 ans. Après plusieurs années de vie commune et une situation professionnelle bien stable, mon conjoint et moi décidons d'avoir un enfant. Je tombe enceinte en juin 2009. Quelle merveilleuse nouvelle, nous commençons à nous imaginer une nouvelle vie, à se demander si ça sera une petite fille ou un petit garçon... Ayant toujours été prudents et sachant que le 1er trimestre est la période la plus risquée pendant une grossesse (à cause des fausses couches), nous décidons d'attendre la 1ère échographie des 3 mois avant de l'annoncer à l'entourage. Ces mois me paraissent très longs, d'autant plus que je n'ai aucun symptôme de grossesse donc du mal aussi à réaliser qu'un petit être grandit en moi.
Arrive enfin le jour tant attendu de la 1ère échographie. J'étais excitée et avais peur à la fois qu'on m'annonce une mauvaise nouvelle. Mais quelle joie ce fut quand nous avons vu apparaitre à l'écran notre bébé, un bébé en bonne santé, avec "tout ce qu'il faut ou il faut", un bébé prévu pour le 14 mars 2010. J'aurais aimé rester des heures à le regarder... Nous avons alors commencé à l'annoncer à tout le monde : famille, amis, collègues de travail. Tout le monde était très heureux pour nous, surtout mes parents, impatients d'avoir leur 1er petit enfant, et une amie très proche elle même enceinte de 5 mois.
Ma grossesse se poursuit, tout va toujours très bien, je commence à m'arrondir.
Mais voilà, j’ai commencé à avoir des douleurs intenses au niveau du creux épigastrique et de l’estomac, juste sous la poitrine pour être plus précise.
Après plusieurs analyses de sang, une fibroscopie et une IRM, tout est normal.
J’ai également fait une écho pour regarder le bébé, qui lui aussi allait très bien. Pour moi, c'était le principal, et j'étais super contente d'avoir pu le voir une nouvelle fois.
Face à des résultats totalement normaux, les médecins n'avaient pas d'explication pour expliquer ces douleurs. Jusqu’aux résultats d’une analyse de sang montrant une chute des plaquettes et des globules rouges. Je suis alors hospitalisée et avec un traitement adapté mes plaquettes remontent petit à petit. Je suis donc restée 1 semaine dans un service de soins continus le temps de faire revenir à la normale mon bilan sanguin et de faire d’autres analyses pour expliquer cette baisse de plaquettes. Tous les jours je demandais si le bébé allait bien (car je n'avais pas refait d'écho depuis), et on me répondait qu’il n’y avait pas de problème, car mes mauvaises analyses de sang n'avaient pas forcément de lien avec la grossesse et les médicaments qu'on me donnait n'étaient pas nocifs pour le bébé.
Une fois mon bilan sanguin redevenu normal, on m'a mis dans une chambre à la maternité, c'était un lundi. Je me sentais très bien (physiquement pas de raison de rester à l'hôpital), mais c'était en attendant les résultats des analyses. Le mardi, une sage femme vient me voir pour écouter le cœur du bébé avec le doppler. Mais elle me dit qu'elle a du mal à entendre, mais que parfois ça arrive. Moi je n'entends rien du tout, mais je ne panique pas car elle n'a pas l'air inquiète. Elle revient 5 minutes plus tard avec un appareil pour faire une écho. Je vois le bébé vite fait à l'écran mais elle éteint rapidement l'ordinateur. Elle revient ensuite avec un médecin. Là, je commence à paniquer et me dis qu'il y a un problème. Ce fut le moment le plus triste de ma vie quand le médecin s'est tourné vers mon conjoint et moi pour nous dire que le cœur du bébé ne battait plus. J'ai explosé en sanglot, j'ai refusé d'y croire. Pourquoi ? Qu'est ce qui avait bien pu se passer ? Depuis combien de temps mon bébé était-il décédé ?
Vous devez connaitre la suite, les médecins qui vous expliquent qu'on va vous déclencher l'accouchement (cytotec), comment va se passer l'accouchement, les formalités administratives...
Entre temps, les médecins ont découvert ce que j’avais eu. Il s’agit du syndrome des anti phospholipides. C’est une maladie auto-immune qui se caractérise par des thromboses veineuses. Dans mon cas, j’ai un syndrome uniquement obstétrical, c'est-à-dire que des thromboses se sont formées dans le placenta. Ceci a été confirmé par la suite par l’autopsie.
J'ai accouché le vendredi 30 octobre 2009, à 21 SA, d'une magnifique petite fille que nous avons appelée Romane. Elle était toute petite mais tellement belle. Je l'ai prise dans mes bras, je l'ai embrassé et je lui ai dit que nous l'aimions très fort.
Après être restée quelques temps chez moi, j’ai recommencé après plusieurs semaines à revoir des amis et j’ai repris le travail. J’ai du faire face à la maladresse des gens, à l’annonce d’une grossesse au travail et à l’arrivée en janvier du bébé de mon amie (je n’ai toujours pas eu le courage d’aller la voir).
Il n’y a pas un moment ou je ne pense pas à ma petite fille et à ce qu’aurait pu être la vie avec elle. Je me sens vide. Je voudrais tellement qu’elle soit à nos côtés, elle qui est tant attendue et désirée.
Je suis passée par plein de sentiments. La culpabilité d'avoir fait du mal à mon bébé, de ne pas avoir été capable de mener cette grossesse à terme, la colère face à tant d'injustice (pourquoi moi ?), la tristesse qui est plus forte que tout. Aujourd'hui, j'ai repris ma vie comme auparavant, mais au fond de moi je me sens très mal.
J'espère que ce forum me permettra de partager mes sentiments avec d'autres mamans anges.
Sujet: Ma fille, mon amour 
Mer 24 Fév - 7:57
