Nos Petits Anges au Paradis
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 Ma belle Justine 2

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eve148

eve148


Nombre de messages : 60
Localisation : Québec
Je suis : Maman de
Ange(s) : Justine
Décédé(e) à : 22 semaines
Le : 2009-01-10
Date d'inscription : 19/01/2009

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MessageSujet: Ma belle Justine 2   Ma belle Justine 2 Icon_minitimeMar 10 Mar - 12:55

Jeudi le 8 Janvier, tout mon univers
s’effondre. La journée débute
normalement. Je vais au travail. Je prends même une marche avec une collègue
et je lui demande ce que je dois faire avec mes jambes enflés qui me font mal
! Elle me dit à la blague : « Ha
! Les malaises de femmes enceintes, je n’ai
jamais connu ça moi ! ». De tels
malaises, je n’en ai jamais connu moi non plus ! Aujourd’hui mon urine est foncée. Je dois boire plus d’eau. Je me dis que c’est de ma faute. Ce soir là, je suis seule à la maison, car
mon mari termine tard au travail. Je
couche les enfants. Complètement
épuisée, je me couche sur le divan.
J’observe mes chevilles : je ne vois plus l’os de la malléole
tellement c’est enflé. Je décide de
regarder dans mon livre de grossesse pour voir ce qu’il y dise sur le
sujet. Les premières lignes parlent de
pré-éclampsie. La culpabilité m’envahie
d’un seul coup. Moi qui suis infirmière,
je n’ai même pas pensé à prendre ma pression !
Je cherche fébrilement ce vieil appareil à pression dans mes boîtes au
sous-sol. Je prends ma pression,
toujours en me disant que je m’inquiète encore pour rien. Mais non, le véridique tombe :
160/90. Je sais ce que ce chiffre veut
dire à 22 semaines de grossesse mais je ne veux pas trop y penser. La peur m’envahie tout de même. J’appelle mon mari. Il tente de me rassurer au téléphone, il a
presque terminé, il rentre. J’appelle ma
belle-sœur qui est médecin, elle me dit de me rendre à l’hôpital au plus tard
le lendemain matin. Je laisse un message
à ma sage-femme pour qu’elle me rappelle.
Épuisée, je me couche vers 22h00.
Ma sage-femme rappelle vers 23h00 et discute avec mon conjoint. Elle veut que je reprenne ma pression. Verdict : 170/100. Elle contactera le CHUL pour les aviser de
notre arrivée. Mon cœur s’emballe. Je tremble comme une feuille. Je vois dans les yeux de mon chum beaucoup
d’inquiétude. J’appelle ma mère. Elle arrive vite pour garder les
enfants. Je n’apporte rien avec moi,
croyant ressortir le lendemain. Nous
arrivons au CHUL à minuit. À la
maternité, on passe rapidement.
L’infirmière me met sur moniteur.
Le cœur de Justine bat bien. Ma
pression est toujours haute. Je tremble
toujours. Une autre maman arrive, elle a
des contractions régulière : « félicitation madame, c’est aujourd’hui
le grand jour »! J’aurais tout
donné pour être à sa place. L’infirmière
me fait des tests. J’ai des protéines à
4+ dans mes urines. Un autre signe de
pré-éclampsie. J’ai peur. Le médecin me dit que pour faire un
diagnostic de pré-éclampsie, il lui manque des donnés. Il peut s’agir également d’une simple
hypertension essentielle. Moi je sais
que ce n’est pas ça. Je n’ai aucuns
antécédents familiaux, je suis sportive et je m’alimente bien. Le temps passe. Vers 2h00, l’Infirmière me dit je me lever et
de m’assoir sur la chaise roulante : « Où allons-nous »? Elle me répond « dans votre chambre
madame ». Pardon ? Mais pour quelle raison ? Je croyais sortir d’ici au plus vite moi
! Ma fille va bien, donner moi une
médication pour faire baisser la pression, mettez moi au repos et voilà ! « Non madame, il faut faire une
collecte urinaire des 24 heures pour valider la thèse de la
pré-éclampsie ». D’accord, et si
c’est ça qu’est ce qu’on fait ? « Madame, vous avez seulement 22 semaines
de grossesse, on ne peut pas faire de miracle, il faudra alors prévoir une
interruption de grossesse »! Un
couteau est venu se loger dans mon ventre, j’ai fondu en larme. On m’a poussé jusqu’à ma chambre. Une petite chambre avec des photos de bébé
sur un babillard. Je demande à mon mari de
les retourner. Je ne peux pas les
regarder, je suis en choc. On me
transfert de chambre. Cette fois-ci
c’est plus grave. C’est une chambre
d’accouchement avec une petite table de réanimation pour les bébés et un
monitoring. En entrant, je vois bien la
suite : « ça y est, je vais perdre mon bébé ». J’essaie de garder espoir, elle est en vie
! Mon mari est lui aussi dans tout ses
états mais il essai tant bien que mal de me faire croire que tout va s’arranger
pour le mieux et que notre bébé ne va surtout pas mourir. J’aimerais le croire. Ma pression est toujours très haute. Vers 4h00 A.M., mon conjoint rentre à la
maison pour dormir un peu et organiser toute la petite famille au matin. Je me couche aussi. Je dors 30 minutes seulement, mais assez
longtemps pour faire un rêve qui me marquera.
Je rêve à un champ fleuri. Il y a
une petite route de pierres anciennes qui suit le tracé de la colline. J’y aperçois une jeune fille de 9 ou 10 ans,
presque pubère. Elle est de dos et
marche vers la forêt. Elle ressemble
étrangement à ma belle-mère. Je ne peux
pas voir son visage, elle ne se retourne pas.
Elle marche d’un pas décidé. À
mon réveille, je suis mêlée. Où
suis-je? C’est vrai, je suis à
l’hôpital. Une grand vide
m’envahie. Justine va nous quitter, elle
est venue me le dire en rêve. Je ne
pleure pas, sa visite me laisse sereine pour quelques instants. (voir suite).


9 Janvier au matin. Je déjeune.
J’attends d’avoir la visite du médecin.
J’espère qu’il me donnera de bonnes nouvelles. Je suis prête à souffrir pour que ma fille
naisse en vie. Justine accroche
toi… SVP. Ne me fait pas ça…


Visite du Dr Paris obstétricien. Il a un drôle d’air avec son chapeau de
chirurgie. Il m’explique que tout porte
à croire que j’ai une pré-éclampsie sévère.
Il me parle d’interruption de grossesse.
La panique s’installe en moi. Je
tremble. Je lui dis que je veux avoir ce
bébé et que je souhaite poursuivre ma grossesse le plus longtemps
possible. Je lui demande de me
traiter. Il me répond
« Madame, comme médecin, je me tire dans le pied si j’essais de sauver un
bébé en perdant une patiente. Vous
risquez de mourir si rien n’est fait. Il
faut arrêter cette grossesse au plus vite ». Je tombe dans un précipice. Je sais que la pré-éclampsie ne se déclare
pas comme ça à la troisième grossesse.
Il me dit que ce n’est pas dans la norme effectivement. Une échographie est prévue pour 10h00 +
amniocentèse pour voir ce qui se passe.
Je pleure tous les larmes de mon corps.
Il m’offre une tape amicale sur la cuisse et sort de la chambre, mal à
l’aise. Je panique. J’appelle mon mari. Je lui dis en pleurant de venir au plus
vite. Je ne veux pas lui dire au
téléphone ce qui ce passe mais il insiste…
Je sens la panique dans sa voix.
Il me dit qu’il arrive au plus vite.


J’appelle ma famille et une collègue
de bureau pour annoncer la nouvelle. Une
préposée arrive avec une chaise roulante : c’est l’heure de l’écho. « Mon mari n’est pas arrivé, est-ce
qu’on peut attendre » ? Non. On me laisse dans un corridor près du
secrétariat des échographies. J’ai les
yeux et le visage tellement rouge. Je
suis encore en crise et seule. J’en veux
au personnel. Ils auraient pu laisser le
temps à mon conjoint d’arriver. Je suis « parqué comme un
char ». Je me mets les mains devant
mes yeux car j’ai honte. Je ne veux pas
que les autres mamans voient que moi je ne suis pas à la hauteur, que moi je
vais perdre mon bébé. Il y a des femmes
enceintes qui sortent des bureaux avec le sourire accroché au visage. Je me souviens de ce sourire de fierté que
j’ai déjà eu. Il y a des membres du
personnel qui passe. Personne ne me
parle même s’ils voient bien que je ne vais pas bien. Ils détournent le regard. Je me choque et je dis « il y a
quelqu’un »? Une secrétaire finit
par me répondre. « Ho, oui madame
on s’occupe de vous. Qu’est-ce qui se
passe »? Je vais perdre mon bébé….Je
me remet à pleurer… « Oui, ça ne
sera pas long, vous êtes la prochaine ».
Je reste là 45 minutes. Mais le
temps s’est arrêté pour moi et Justine. (voir suite)
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