Delphine, EDIT lorsque grossesse devient tristesse et désespoir...

Comment exprimer mon désespoir…

En général, la grossesse est signe de bonheur, de vie, d’amour et de joie…
Chez moi grossesse est égal à tristesse, angoisse, peur, et deuil.

"Lorsque grossesse devient tristesse" est le titre d'un livre de Nadia Pinet qui exprime le deuil périnatal et comment les parents orphelins réagissent à un tel drame qui est souvent sujet tabou dans la vie de tous les jours.

Chez moi, la grossesse se résume donc à ça: angoisse et déprime malgré mon envie de l'idéaliser.

Tout commence en 2009, ma 1ère grossesse « innocente » qui se termine 6 mois plus tard en janvier 2010 par une césarienne, un bébé mort, un deuil à faire, une santé physique et morale à récupérer tant bien que mal…

Une 2ème grossesse, après 10 mois d’essai… on n’y croyait plus. Elle se finira 12 semaines plus tard par curetage en juin 2011.

La 3ème grossesse vient avec un coup de pouce médicamenteux pour stimuler les ovaires. Une belle surprise avec 2 œufs : un œuf clair et un embryon. Cette grossesse se finira à la 10ème semaine par curetage en décembre 2012.

Mon processus de deuil s’entame alors : entre doutes, angoisses, déprimes voire même dépression… Un gros travail chez le psy qui révèle que j’ai fait un déni de mon deuil de 2010. Et je sais pourquoi : j’ai voulu être forte et relativiser. Mais en 2010, j’ai perdu mon bébé, mon grand-père, la grand-mère de mon mari, ma chienne et une opération de la tumeur au cerveau de mon beau-père qui l’a paralysé pendant 1 mois ensuite. Alors le voilà le déni : pourquoi pleurer sur mon sort alors que la vie est si cruelle ? et moi, je suis en vie, j’ai été sauvée…

Bref, ce mois de décembre 2011 à été un mois terrible : les copines accouchent, les annonces de grossesse déboulent et moi je reste au même plan, je suis la pauvre cloche qu’on essaie de préserver, et on me parle avec pitié. Je n’ai pourtant jamais éprouvé la moindre jalousie envers les copines, je suis enjouée, contente que tout aille pour le mieux autour de moi. Alors pourquoi certaines me disent : « je n’ai pas osé t’en parler pour ne pas te peiner » ou alors «je ne devrais pas te le dire mais je suis enceinte »… toutes ces phrases qui me font mal, mais ce qui me fait mal c’est cette gêne qu’ils ont en me parlant ! Ma poisse, mes malheurs ne se transmettent pas, alors inutile de prendre des pincettes. J’ai donc eu la terrible lucidité de me dire que les amis ne se comptent que sur les doigts d’une main.

Ne voyant plus de grossesse venir malgré nos essais depuis décembre 2011, et mon gynéco un peu dépassé par les évènements qui me prescrit du jour au lendemain un protocole de IAC, je décide de changer de médecin. Quel superbe idée nous avons eu. En fait il s’est avéré que je ne pouvais pas tomber enceinte car les curetages m’avaient provoqué des synéchies. Alors avant toute chose, la levée des synéchies était obligatoire avant de recommencer les essais. Hystéroscopie opératoire en mai 2012. Tout se passe bien, on me dit que mon utérus est enfin propice pour une grossesse.

La 4ème grossesse arrive en août 2012, mais pas le temps de se réjouir, elle partira aussi vite qu’elle est venue. Lors du bilan de fausse couche, mon gynéco me prescrit le protocole FIV. Cette fois, me dit-il, on va contrôler la fécondation, plus question de faire des fausses couches, vous avez assez souffert.
Chouette, enfin un médecin qui nous prend bien en charge…

Mais voilà, la 5ème grossesse arrive spontanément, 15 jours après ma fausse couche. Le médecin fait tout pour la garder, traitements, écho mais rien y fait : la fausse couche est terrible. C’est la pire fausse couche de toutes celles que j’ai vécu, avec complications, douleurs et fatigue…

Aujourd’hui je suis sous traitement pour éviter de tomber enceinte « naturellement ». J’ai RDV le 10/12 pour savoir si je commence le protocole FIV le cycle suivant. Mais voilà, je suis dépitée…

Je n’ai plus envie de me battre contre cette vie minable que j’ai. Et quand je fais un bilan, j’ai quoi de beau dans ma vie à part mon mari et ma famille ? Je n’ai pas d’enfants, on part en vacances avec l’angoisse de pas trop dépenser car les finances ne sont pas fameuses, donc pas de travaux, pas de shopping, pas de voyages car on s’en mort les doigts après.

Moi qui suis toujours positive et tournée vers les autres, j’ai repris le boulot ce lundi et je constate que nous vivons dans un monde d’égoistes et de requins qui ne pensent qu’à eux. Je n’en peux plus de vivre ici. C’est tellement injuste. Et pourquoi j’ai que des merdes dans ma vie ? qu’est ce que j’ai fait de mal ? Je ne dis pas que je suis une sainte, mais si j’étais une mauvaise personne, peut-être que tout me sourira ??

Je suis partie en Chine en 2007 à la rencontre de la population rurale chinoise, là où l’industrie, les machines n’existent pas, là où le pouvoir de consommation n’est pas arrivé… des villages qui n’ont ni eau ni éléctricité dans leur maison, les habitants vivent de leur agriculture et ILS SONT HEUREUX. Les enfants vont à l’école et ils sont contents quand on leur offre non pas un jouet ou un bonbon, mais un cahier et un stylo. Pour accueillir un nouvel arrivant ou un voyageur, ils l’acceuillent en chantant, et la coutume est de chanter avec eux et de leur faire découvrir de nouveaux chants. Ils adorent les « nouveaux » et même si la langue est incomprise, on s’en fout, on est humains comme eux et ils ont la beauté et l’innocence de l’esprit. C’est ça qui est beau. J’aimerai tellement avoir ce simple bonheur. Ma vie m’épuise, je sature.

A quoi bon éspérer une nouvelle grossesse, de toutes façon cela n’apportera que du stress : protocole / FIV /attente / angoisses / grossesse à risque / examens / 9 mois de non sérénité.
Je suis fatiguée de ce combat. J’aimerai parvenir à mon reve d’avoir un bébé, mais je ne peux pas.

L'idéal et la sérénité que je souhaitais avoir pour la ou les grossesse(s) à venir sont donc à jamais écrasé par ces échecs répétés....

je suis peinée de te lire.
je ne peux malheureusement que te dire de ne pas désespérer mais je pense qu'on te le dit assez et que tu n'as plus envie de l'entendre.
je pense que qu'on vit beaucoup de malheur, il ne peut que y avoir du positif par la suite.
tu ne penses pas?
lle sort ne peut pas s'acharner indéfiniment sur toi et tu aura ta part de bonheur

je t'embrasse

Delphine,
Je suis si triste que la vie vous ait enlevé à chaque fois vos bébés, et mis autant d'épreuves sur ton chemin.
Il est certain que tu ne vivras plus de grossesse sereine, mais tu sais, la grossesse n'est pas un but en soi, c'est un moyen d'avoir un enfant. Alors si pendant 9 mois, tu auras l'impression de ne plus vivre, dis toi que quand tu seras arrivée au bout, tu auras la plus belle des récompenses.
Tu as trouvé un bon médecin qui a été touché par votre histoire et fera tout ce qui est en son pouvoir pour vous aider à atteindre votre but: avoir votre famille. Et il m'a l'air très compétent en plus d'être humain ton médecin.
Et on sera là pour toi. Et j'espère que les quelques bons amis qui vous restent et votre famille seront t'aider à passer ces mauvais moments.
Je me permets de te faire un gros câlin virtuel car tu l'as bien mérité!
Je t'embrasse

Un jour ça sera notre tour et on connaîtra ce bonheur.
Je regarde babyboum ce soir sur nt1 , je pleure toutes les larmes mon corp mais je garde espoir que un jour la roue va tourner pour nous .
Je t'embrasse

Merci les filles pour votre soutien et votre réconfort... je suis tellement déseperée.. je ne sais plus quoi faire: attendre et me battre ou laisser tomber et ne plus souffrir ?

La souffrance est là, et si je laisse tomber, je serais très mal, mais la souffrance physique ne sera pas là.

C'est dur les fins d'année comme ça...
A chaque nouvelle année qui commence je me dis ca y est c'est la bonne, ce sera mon année... et à chaque fin d'année c'est l'énorme deception.... LE VIDE complet dans mon coeur, pas de bébé à caliner,

Début 2010 je perdais mon Ange, je me disait que fin 2010 je serai enceinte et bien NON.
Début 2011, je me suis dit c'est mon année, je suis tombée enceinte 2 fois et fin 2011 je venais de subir mon 2ème curetage.
Début 2012, je me suis dit la même chose avec le meme espoir, j'ai fait 2 fausse couche et la dernière vient à peine de se terminer donc toujorus rien dans mon ventre.

cette fois, je ne me dis même pas que 2013 sera mon année car je sais que j'ai la poisse et j'arrive pas à m'en débarasser. Même la FIV je n'y crois plus. Ils ne savent meme pas pourquoi je fais des fausses couches. Avec la FIv je referai surement une FC.

Je touche le bout du tunnel, je n'en peux plus...

Delphine,

Tu as fait preuve de tant de courage depuis des années. Je suis bouleversée quand je lis ton histoire, d'autant plus qu'il y a quelques jours je me posais les mêmes questions : dois je continuer?

Je n'ai pas ton parcours ni ton endurance mais je comprends.

Tout comme toi je vais passer par le protocole fiv (pour controler la fécondation et obtenir un seul embryon). Je connais les attentes, les lourdeurs du protocole....Il faut faire avec l'angoisse de la grossesse (fausse couche et autres).

J'ai longtemps discuté avec mon mari (qui me soutient et respecte mon choix d'arreter) et il m'a posé une seule question : peux tu vivre toute ta vie avec l'idée de ne jamais avoir d'enfants? Préfères tu faire une pause de plusieurs mois ou années?

Je suis fatiguée, très fatiguée de ne penser qu'à ce projet sans cesse. Mais je crois que je trouverais encore un peu de force pour continuer...

Je te souhaite le meilleur. Je ne te connais pas, je ne sais pas ce que tu as vécu mais sache que la roue tourne. Je l'ai vu.

Pour tes fausses couches, as tu fait un bilan thyoidien (complet)?

Je t'envoie beaucoup de courage!

Claire

Claire, mon mari m'a posé la meme question:
Et si jamais nous ne réussissons pas à avoir d’enfants ?
La réponse est claire, c’est non. Je n’envisage pas cette possibilité. J’ai réussi à garder Léo, je l’ai perdu à cause de mon hellp syndrome.
Tout est si dur… ma vie n’a plus aucun sens depuis 3 ans. Je n’ai meme plus d’envie, plus de passion. Je subi ma vie.

Comment s’en sortir ? il n’y a que la maternité qui me ferai retrouver le sourire et le bonheur.

Delphine...comme je te comprends.....si tu savais à quel point....

Delphine,

J'ai lu ton message hier et il m'a tellement bouleversée que je n'ai pas su quoi répondre. Je ne sais pas plus quoi te dire aujourd'hui sinon qu'il me touche énormément.

La vie est fragile, ce n'est plus à prouver... Pour nos enfants, pour nous. Des bonheurs, qui semblent si naturels pour tout le monde, ont un goût amer pour nous. Car la maternité nous a été volée. Et pour certaines d'entre vous, malheureusement, à plusieurs reprises, avec acharnement. Ça me brise le coeur et je me sens complètement impuissante devant votre douleur. Je ne peux qu'être fâchée contre la vie qui s'entête à vous faire souffrir.

Je t'envoie toutes mes penséees, toute mon affection.

Delphine,

Tu sais déjà tout ce que je pense de tout ça, de ton parcours, de la femme exceptionnellement courageuse que tu es, et dont je m'inspire quelques fois lorsque je suis tentée de laisser tomber.

Je vais te répéter ce que l'on ma dit un jour: tu seras maman à nouveau. Quand et comment je ne sais pas, mais ça reviendra.

La fiv permet si je ne me trompe pas, de sélectionner les meilleurs embryons alors l'espoir est permis. Par contre c'est sûr que ton corps doit trouver tout ça beaucoup trop dur à surmonter. Quand je vois que le mien a mis 1 an (et avec "seulement" une césa) pour accueillir à nouveau la vie, je pense que le tien a besoin de repos, de chaleur, de calme. Nos corps nous trahissent parfois ou bien n'avancent pas aussi vite que nos têtes et nos rêves. Mais je crois aussi qu'ils nous protègent.

Je t'embrasse fort à défaut de pouvoir faire autre chose.