Bonjour Alexandra et les autres.
Moi aussi, ça fait 5 mois, même et demi maintenant, que mon Trésor n'est plus avec moi.
Moi non plus, je ne vais pas bien.
En fait, j'ai l'impression que le temps, pour l'instant, n'y fait absolument rien.
Voilà plus de 5 mois que je vivote. Hier je me suis allongée, j'ai fermé les yeux et j'ai essayé de moins respirer pour voir comment c'était. Parfois ma douleur est si intense que je m'énerve contre le Ciel et je demande POURQUOI je ne suis pas partie en même temps que mon enfant.
Bref, vous l'aurez compris, mon moral est très bas.
je suis en fin de congé maternité. Je ne reprendrai pas dans mon ancien boulot car ça ne se passait pas bien.
De plus, mes deux garçons vivants me voient dans un état lamentable et j'ai du mal à remonter. Ca m'afflige encore davantage car ils n'ont pas besoin de ça.
J'ai desuite pensé, après le décès de mon fils, qu'un autre bébé pourrait m'aider, nous aider. Mon fils aîné fait déjà des plans sur la comète avec ce bébé hypothétique. Hélas, je n'arrive pas à tomber enceinte, mes cycles sont totalement déréglés. Je n'ai même plus mes règles d'ailleurs.
Du coup, je dois "prendre mon mal en patience", comme on me dit. Mais j'ai plus l'impression que c'est le mal qui me ronge.
Alors, j'essaie de reprendre le dessus. Mais le dessus de quoi?
Les gens ne nous comprennent pas beaucoup. Je suis tout-à-fait d'accord avec vous.
J'ai même la sensation d'être un peu comme humiliée. Ma tante, quand mon conjoint lui avait appris cette 3è grossesse qui nous comblait tant de bonheur, nous avait dit "Vous ne connaissez pas les contraceptifs? il va peut-être falloir vous documenter!" et ce malheur qui nous touche le 31 décembre 2010 et elle ne s'est pas manifestée.
S'il n'y avait qu'elle, mais je la cite juste pour exemple. Sans vouloir être paranoïaque, j'ai l'impression que la perte de mon enfant fait presque plaisir à certains.
En tout cas, beaucoup ne manifestent que de l'indifférence.
Et cette chape de plomb pèse vraiment lourd sur mes épaules.
Pourquoi les gens sont si cruels?
Bien sûr, je ne devraient pas penser à eux, à ceux qui me font du mal.
Avez-vous le soutien de vos familles?
Moi, je dois faire sans. "Quand est-ce que tu te remets au travail? non parce que ça y est maintenant tu t'es assez occupée de tes
2 enfants."
, voilà la seule question que l'on me pose.
Et j'ai une envie irrésistible de hurler au monde entier "j'ai en 3 des enfants, bande de cons!!!!"
Alexandra, nous réagissons toutes différemment, mais sans doute toutes dans la douleur.
Quand je croise une maman enceinte, j'ai mal. Elle est heureuse et fière de son état. Ca me rappelle à quel point j'étais heureuse aussi et fière et inscouciante, même si à la fin de ma 3è grossesse je souffrais beaucoup, mon corps se préparait lentement à l'accouchement un peu prématuré (7 mois et demi de grossesse).Et j'enrage car, aux urgences, ils n'ont pas voulu m'écouter et mon fils est mort car le travail avait commencé, il était prêt à sortir et il n'a pas pu.
Quand je croise une maman qui a accouché et se promène avec son ou ses bébés (pire), c'est un peu comme si je me noyais. Je me sens minable, j'ai envie de me cacher.Cette nouvelle maman a été capable de donner la vie à son ou ses enfants (pire) et pas moi. Si en plus, je vois des jumeaux, alors, je ne peux m'empêcher de me dire "elle y est arrivée deux fois plus que moi!")
Elle a raison d'être heureuse, je suis jalouse de son bonheur.
Dans ces moments-là, où je croise des mamans, je serre mon porte-clef très fort dans ma main: il y a la photo de mon Thomas dans un petit cadre.
Je voudrais réparer ce que je n'ai pas su mener à terme correctement, normalement. Mais la vie me fait attendre.
De toute façon un autre bébé ne me rendra jamais Thomas.
Même si les médecins et mon conjoint me disent que rien n'est de ma faute, qu'au contraire j'ai fait tout ce que j'ai pu pour sauver mon enfant, j'ai du mal à ne pas me dire que je n'ai pas été à la hauteur.
Ca fera 6 mois.
Il faut du temps, vous dites?
Dites-moi juste qu'on va y arriver.
En attendant, je n'arrive pas à retenir mes chaudes et grosses larmes depuis tout ce temps. J'ai aussi l'impression que le travail avec ma psy ne me fait plus avancer.
Bon, je n'apporte pas de réconfort. J'en ai même besoin. Je suis juste une fille de plus sur la liste des mamanges à consoler.
Bises virtuelles à vous toutes.