Ellie,
Tout ce que j’ai à t’offrir aujourd’hui sont ces quelques
mots qui, je l’espère, voleront jusqu’à toi à travers les orages.
Tu sais, petit ange, si l’on pouvait quantifier la peine, je
crois qu’elle n’atteindrait pas le poids de mon amour. Mon amour pour toi n’est
pas affecté par la cruauté de la déchirure ni par l’absence de ton premier
souffle, de ton premier regard.
Tu as pris ton envol et je prie « je ne sais qui »
pour que ton départ te soit bénéfique, pour que cette autre existence ne soit
que bonheur et paix auprès de ceux qui te bercent à ma place.
Ne nous oublie pas, Ellie, nous qui sommes contraints d’être
loin de toi et qui te porteront à chaque étape de notre vie, dans chaque pas,
chaque étreinte, chaque pensée… Nous,
tes parents, qui t’avons désirée et qui t’aimons au-delà des frontières de la
vie.
Je me sens vide depuis ton départ et mon esprit semble être
comme les feuilles d’automne, que le vent emporte loin jusqu’au printemps où
tout l’espoir renaît dans les premiers rayons du soleil.
Où est le printemps, petit oiseau ? Je sais que tu ne
l’as pas emporté avec toi pour toujours et qu’un beau jour tu murmureras à mon
oreille : « Maman, je suis ici et ailleurs et ma page est écrite avec
l’encre indélébile qui coule en toi, l’heure est venue d’en écrire une
autre… »
Tu m’as apporté tellement et je sais que ton passage n’est
pas un hasard ni une méprise du destin. J’ai vu l’amour étinceler dans tous ces
bras qui nous ont entourés, j’ai compris la fragilité qui nous caractérise et
l’importance d’honorer la vie, juste la vie, cette vie qui a quitté ton petit
corps avant que je n’ai pu te dire à quel point je t’aime. Je ne suis pas la
meilleure des mamans, mais je suis la tienne et j'aurais fait de mon mieux pour
te rendre heureuse. Tu ne sais pas à quel point tu es précieuse.
Cependant je ne perds pas espoir de te serrer un jour contre
mon cœur, un jour ailleurs, le premier, le seul, le dernier. Ce jour a-t-il un
nom sinon espoir ?
Mon petit rouge gorge, tu avais déjà ta place dans notre nid,
et notre avenir, bien qu'angoissant car étranger, ne devais pas s'écrire sans
toi... Mais il y a comme un problème dans la narration, une rayure qui engendre
la répétition obsessionnelle du moment où tout a basculé
Où es-tu? Je t'envoie tout ce que je n'ai pas pu te dire, te
donner, je t'envoie tout ce qu'une maman doit donner à son enfant car tu es
faite de l’amour qui nous unit ton papa et moi, et chaque jour nous
distillerons cet amour en ta mémoire. Cet amour qui, j’en suis sûre, était si
fort qu’il a fait naître un ange.
Si tu nous as choisis pour être tes parents, belle petite
fée, si aujourd’hui tu veilles sur nous depuis ton parterre d’étoiles, saches
que nous réapprendrons à apprivoiser le bonheur loin de toi et que nous ferons
vivre jusqu’au bout ta petite flamme.
Ellie l'arc en ciel qui nous relie est immuable.
Désormais, lorsque je sourirai, je sourirai AUX ANGES...