Abigaïl

Parfois il y a un moment, une journée, qui nous prend à la gorge, qui nous rappel tout ce qu'on a perdu, tout ce qui ne sera pas...

Ecrire ses rêves que nous avions pour toi, écrire cette reconstruction que nous devront faire pas à pas, écrire...
Je vais donc poster ici toutes mes lettres à ma fille, ma chipie d'amour.

Après les avoir écrites à la a main je vais les taper ici même.

Pour toi mon Abigaïl.

Demain je dois te laisser partir.

C'est bien la dernière chose dont j'ai envie ! Mais-ais-je le choix?
Alors nous allons te dire "au revoir" avec ton papa. Tu ne partiras pas seule mon petit ange... Nous t'accompagnerons !

Dans ton cercueil nous allons te glisser deux lettres.
La mienne brulera avec toi et tu en emporteras tous les mots d'amour que j'y ai laisser pour toi, ce sera notre secret. Celle de ton papa résonnera dans le funérarium car il veut la présenter comme son discours d'adieu a sa fille.

Dans tes petites mains nous mettons un peu de nous. Une mèche des cheveux de papa dans ta main gauche, une mèche de mes cheveux dans ta main droite.

Tu portera la grenouillère verte que papa t'as choisi. C'est la toute première que nous avions acheter.
Je revois ton papa la tenir dans ses mains dans le magasin et me regarder incrédule "il va être aussi petit que cela notre bébé?"
C'étais fin juin 2015, à l'époque nous ne savions pas si tu étais un petit garçon ou une petite fille.

Tu aura ton doudou avec toi.
Je l'avais porté contre moi pour l'imprégner de mon odeur car je voulais le mettre dans ton lit pour que tu ne te sente pas abandonnée la nuit.

Tu aura aussi la tétine que papa avait choisi, le même modèle que nous avions choisi pour annoncer ton arrivée aux grands parents.

Tu pars, mais je te garde pour toujours dans mon cœur, dans ma tête, dans mes tripes...
Tu me manque !
Je t'aime tans...

Aujourd'hui ton papa a évoquer l'après-mort.

Nous ne sommes pas religion !
Je ne crois pas aux dieux que nous vendent les religions. La religion n'est qu'affaire d'homme, de pouvoir et de manipulation.
Un Dieu qui aurait donné des préceptes aux éminences religieuses laisserait il vivre des ordures et te prendre toi?
Qu'est ce qu'on a fait de mal ton père et moi pour que tu nous soit arraché? Pourquoi n'as tu pas le droit de vivre et grandir alors que le foyer qui t'attendait était plein d'amour ?

La seule chose que j'espère c'est que ton étincelle de vie, ou qu'elle soit , y ai trouver des protecteurs. Je pense a tes arrières grands parents :
- Mamie Michelle, ma grand mère paternelle, première épouse de papy Marcel, que je n'ai pas connu mais que mon papa, ton papy, adorait.
- Papy Marcel, mon grand père paternel, qui m'a appris tans de choses et transmis des valeurs de respect avec beaucoup de douceur.
- Mémé Jeanne, ma grand mère maternelle avec son sale caractère, une vraie tête de mule avec qui j'ai beaucoup rit.
- Mamie-chou, la grand mère paternelle de ton papa.
- Diadia, le grand père maternel de ton papa, dont il me parle très souvent et pour qui il avait tans d'admiration et d'affection.

Un jour ce sera notre tour de te rejoindre.
Mais pas tout de suite...

Il neige.
Pas une neige qui tiendra. Elle est trop faible et il ne fait pas assez froid. Mais il neige !

Nous sommes chez tes grands-parents pour quelques jours. J'ai presque réussi a tenir ces quelques jours sans larmes (sauf celles du soir...) mais là ce matin en voyant la neige j'ai craquer.
Ton papa a un peu paniquer et il a demander l'aide de ma maman pour me consoler!

Tu sais cette neige, elle m'a exploser à la figure.
Papa adore la neige. Durant tout le mois de janvier il guettait la météo, il scrutait en espérant qu'il neige pour ta naissance. Il voulait te "montrer la neige".

Moi je sais que tu aurais été trop petite. Qu'il n'aurait pas pu aller dehors avec toi sous la neige. Je n'aurais pas eut besoin de lui dire, il a l'instinct paternel et son besoin de "ton bien être" est tel qu'il l'aurait compris tout seul.
Mais en attendant il se voyait t'emmitoufler et t'emmener dehors !

La neige est là!
Papa est là!
Mais toi...

Je t'aime...

Aujourd'hui tu aurais eut 1 mois !

A ce stade tu devrais nous fixer de tes grands yeux. Ils seraient bleus... Comme ceux de ton père et moi!
Tu devrais être en train d'apprendre a sourire, faisant d'étranges grimaces que tu affinerais par mimétisme en nous regardant.
Tu devrais avoir droit a un énorme câlin de ton papa avant d'aller au lit, je crois qu'il attendrais ce moment encore plus que toi.
Tu devrais commencer a être un peu trop grande pour la gigoteuse que ta marraine t'a fabriquer, celle brodée à ton nom, et moi je la rangerais en me disant "quel dommage qu'elle ne serve pas plus longtemps..."
Tu devrais baver sur ton doudou, certes il est tôt pour les dents mais jamais trop tôt pour baver sur un doudou !

Mais rien de ceci ne se passe !

Hier soir nous avons regarder un film avec ton papa. A la fin de ce dernier mes yeux se sont posé sur le téléphone a coté de l'écran de télévision et j'ai vu l'heure : 00h05.
Soudain je me suis mise a pleurer. Mon corps a compris avant mon esprit: nous étions le lendemain, le 28, et je t'ai perdu il y a à peine 1 mois.

Tu ma manque tellement, je me sens si mal, si coupable de ne pas avoir réussi a te proteger.
Je suis désolée, tellement désolée...

C'est la fête des grands-mères

Je crois que je n'aurais même pas la force d'appeler ma grand mère. Tout ceci parce que tes grands mères a toi ne peuvent pas te serrer dans leur bras!
Je sais que ton arrière grand mère, pourtant si "à cheval" pour ce qui touche aux dates anniversaires et fêtes, me pardonnera.

Je suis en congé maternité.
Fin décembre j'avais remarqué la date et je m'étais dit "super on ira passer quelques jours dans la famille pour que les mamies profitent de la petite".

Quand nous avons annoncé ta venue ma maman a sauter de joie, "enfin un petit enfant qu'elle verra grandir, même si nous sommes à 300km...", Nanou a pleurer "une nouvelle princesse dans la famille" et Mamilène était si fière pour nous et pour son Marco...

Mais non je passe un dimanche dans le canapé a voir des images à la TV mais avec l'esprit si loin que je n'en comprend même pas le sens !

C'est pas juste!

Aujourd'hui je me suis rendu au gynécologue pour un contrôle post retour de couche.

J'ai fait mon retour de couche le 8 mars dernier et ça m'a mis en état de choc.
Je sais que ça veut dire que mon organisme se remet en route. Mais ça me rappel que j'ai accoucher de toi mais que tu n'es pas là.

Le médecin m'a dit que je m'étais "incroyablement bien remise" sur le plan physique de ta naissance.
Peut être une sorte d'équilibre puisque sur le plan morale je ne m'en remet pas ?

Il m'a dit que si ton papa et moi sommes prêt il faut "tenter de mettre en route ton frère ou ta sœur" car il n'y a "aucune contrindication physique".
Et d'une certaine manière il y a mon age. J'ai déjà 32 ans... Il y a des mamans plus âgées mais les ménopauses dans ma familles sont précoces. Ta mamie a 39 ans, ses sœurs à 29 ans, 32 ans et 41 ans. 

Je ne voulais pas me précipiter pour avoir un bébé. Je voulais pouvoir offrir a mon enfant une situation stable (couple solide, travail, maison...).
Et nous avions avec ton papa tout pour être heureux !

La vie nous a offert ce bébé, notre bébé : toi !
Mais la vie t'as repris et je la déteste pour ça.

Sache aussi que j'avais toujours dit que je ne voulais qu'un seul enfant. Te perdre a tout changer !
Je veux te faire des frères et sœurs. Mais il ne pourront jamais te remplacer mon petit cœur.

Aujourd'hui nous sommes rentrez d'un week end à la mer.

En temps normal j'adore les week end a la mer.
Mais là il nous manquait le plus important : toi !

Ces dernières semaines j'ai ranger tes affaires. Je pensais que ce serait plus difficile... Mais en meme temps tu n'as pas connu ta chambre.
Papa est d'accord pour laisser les meubles monter. Mais ceci ne me dispense pas de remettre tes vêtements dans les bacs de stockage.

J'ai trouver que j'avais plutôt bien gérer. Alors quand ton papa m'a dit "mon père nous propose de le rejoindre à l'appartement de Merlimont" je me suis dit que ça me ferais du bien.

En un sens oui.
Mais ton absence est une cruelle plaie dans ces moments là car bien que la météo n'était pas au beau fixe, sortir me confronte a d'autres jeunes mamans.
Moi qui jusque ici le vivait bien, aujourd'hui je le vit mal !

Et puis pendant ces quelques jours il y avait le fatidique anniversaire de tes deux mois.
J'ai beaucoup pleurer. Je me suis beaucoup isolée.

Aujourd'hui nous sommes rentré. Et je me dit que j'ai régressé !

Aujourd'hui nous sommes aller chercher le chien.
Je sort peu et c'est une source d'angoisse terrible pour moi. Je n'arrive a quitter la maison qu'avec ton père et cela me demande toujours des efforts terribles. Je dois faire des exercices de respiration pour ne pas faire de malaise.

Je m'enferme de plus en plus. Je n'arrive même plus a aller à la boite aux lettres.
Ma seule bouée de sauvetage c'est ton père.
Mais il reprend le travail... Moi je ne peux pas ! Je n'en ai pas la force et je souffre d'un syndrome post-traumatique lié a ton décès.

Alors ton père a décidé il y a quelques temps d'accéléré l'un de nos projet : prendre un chien.
Parce qu'il me connais, qu'il sait que je prendrais soin de cette petite boule de poils comme je prend soin de Stinky notre chat.

Le chien est une petite femelle Malinois. Elle est mignonne, un peu perdue d'avoir été séparée de sa mère. Mais elle semble déjà tisser un lien avec nous, restant a nos coté et nous suivant dans nos déplacements dans la maison. Elle s'appelle Sierra...

Normalement ce chien aurait du arriver chez nous quand tu aurais eut deux ou trois ans pour que tu grandisse avec.
Quand j'y pense je fond en larme. La chienne me lèche le visage et les mains mais elle ne sais pas qu'il manque dans sa nouvelle maison une petite maitresse...
Il nous manque toi !

Mon retour de couche est fait mais mes règles trainaient a revenir de nouveau.
J'ai fait un test de grossesse...

Je suis enceinte !
Je suis perdue.

J'ai refais encore le test et il était encore positif le lendemain.
Je suis perdue.

Je dois faire une prise de sang avec dosage hormonale.
Je suis perdue.

Le gynécologue me reçoit dans quelques jours.
Je suis perdue.

Je n'ai pas repris de contraceptif. Je savais et j'ai fait le choix de prendre le risque de me découvrir enceinte. J'ai laisser faire la "nature".
Mais là je ne sais plus. Une nouvelle fois je me sens choquée.

Ou es tu?

Aujourd'hui nous avions rendez-vous avec le gynécologue. Il m'a fait une échographié mais le fœtus lui semble petit pour l'âge gestationnel évalué. Il a dit que c'est probablement lié a un décalage d'ovulation... Cela ne m'aide pas car je ne vis pas très bien cette grossesse. J'angoisse beaucoup trop !

Le plus important cependant aujourd'hui c'est que nous avons eut le rapport d'autopsie !
Tu était porteuse d'une monosomie X complète ou syndrome de Turner.

Le médecin n'avait rien vu car tu n'avais pas de malformations associé : pas de malformation cardiaque, pas de signes de retard de croissance, pas de malformations d'ordre génitale, pas de malformation du cou et du visage, tout juste un rein dit "en fer a cheval" qui correspond à une anomalie rénale mineure qui touche un grand nombre de personne et n'empêchent pas de vivre normalement.

Ton avenir aurait probablement nécessité des injections d'hormones de croissance, tu aurais pu développé un diabète et tu aurais probablement été touchée par une forme de stérilité nécessitant des dons d'ovocyte.

Cependant... Si en sortant de rendez-vous j'ai pris ceci comme la raison de ton décès, depuis quelques heures je doute !
Si tu n'avais pas d'anomalie physique lourde, pourquoi es-tu morte ?
Comment peux-tu avoir la forme dite "complète" de la maladie et avoir si peu de symptômes ?
Pourquoi je ne t'ai pas perdu alors que 39 fois sur 40 le fœtus est évacué dans le premier trimestre ?

Je suis de nouveau perdue... Je crois que je vais rester perdue longtemps. Je me demande même si je réussirais un jour a assimiler que tu es perdue.

Je t'aime.

J'ai été mal dernièrement. Mal physiquement...
Psychologiquement j'ai plus de difficulté a comprendre te fixer mes sentiments.

Le vendredi 11 mai le gynécologue a confirmé la fin de ma nouvelle grossesse... Je le savais en arrivant car la veille lors du contrôle habituel de mes hormones j'ai vu une chute brutale de ces dernières.
Je ne suis pas stupide: chute d'hormone c'est fin de grossesse !

Les échographies qui n'était pas bonnes, je paniquais tout le temps; l'arrêt de cette grossesse n'est pas si difficile a accepter. Quelque chose n'allait pas et je devais le sentir de manière inconsciente.
C'est probablement pour ça que je paniquais en visualisant du sang dans le WC a la moindre pause pipi.
Comme nous partions en week-end prolongé sur la cote avec mes parents, nous avons repoussé de quelques jours la prise de médicament pour déclencher la fausse couche.

Dans la location je ne voyais que la chambre du milieu qui comportait des lits pour enfants.
Je n'arrêtais pas de me dire que tu aurais du être là.
Tu aurais du illuminer nos matin de ton sourire, tu aurais du prendre un biberon dans les bras de tes grands-parents.

Quelques jours plus tard j'ai été trop prise par ma fausse couche pour y penser. Non que je ne pensais pas a toi mais cela a été éprouvant sur le plan physique.
L'évacuation c'est fait en deux phase et s'est fini sur un blocage de tissu placentaire dans le col. J'ai fait une hémorragie, j'ai échappé de peu à un curetage n bloc opératoire.

La suite c'est que ta maman est épuisée physiquement. Et cette épuisement ne m'aide pas a combattre mon mal être.

Recroquevillée dans mon lit il me manque ton petit corps et ton odeur pour m'apaisée.
Je sens poindre un nouveau sentiment. Je la connais bien, mais j'ai l'impression qu'elle va être terriblement violente: la colère.

Je ne suis pas en colère contre toi...
Je le suis contre la secrétaire du pole génétique qui se permet de dire que ma situation n'est pas urgente. Je le suis contre ceux qui s'imaginent être de bon conseil en me disant de passer a autre chose ou en faisant comme si tu n'existais pas. Je le suis contre moi même...
Mais pas toi.
Non pour toi je n'ai qu'amour et manque!