Si j'avais su.... Je t'aime ma petite Angie

Il y a 18 ans, le 12 juin 1999, je te rencontré pour la première fois mais pas comme je l'avais imaginé. C'est important pour moi de pouvoir parler de ce que nous avons vécu ce jour là puisque je n'ai toujours pas réussi a pardonner à l'équipe médicale ce qu' ils nous ont fait vivre et donc depuis ce jour où ils t'ont arraché de mes bras ils ont fait de moi ce que je suis....

Nous sommes en 1998, nous habitons une île magnifique, je suis maman d'un garçon de 5 ans et d'une fille de 2 ans et nous souhaitons agrandir notre famille. Janvier 1999 j'apprends que je suis enceinte, nous sommes ravis, la grossesse se passe bien, nous préparons l'arrivée de notre petite fille car oui l'échographie du 4ème mois l'a confirmé nous allons avoir une petite Angelina. Echo du 5ème mois faite, Angie mesure déjà presque 30 cm mais mon gynécologue est extrêmement sympathique et professionnel et me refait une écho 15 jours plus tard a 5 mois et demi, mes enfants sont présents pour voir leur petite soeur. Le médecin pose l'échographe et s'arrête au niveau de la tête, il semble soucieux, il demande aux enfants d'aller dans la salle d'attente puis je commence à pleurer, je sens qu'il y a un problème et là le verdict tombe, je n'ai presque plus de liquide amniotique et tu présente une spina bifida accompagnée d'une hydraucéphalie, il m'explique qu' il avait un doute et que cette écho confirmée le diagnostic qu'il fallait que je me rende à l'hôpital pour confirmer le diagnostic par un aitre gynécologue et interrompre ma grossesse. Le monde s'écroule mais je suis sûre qu'il s'est trompé. Nous arrivons dans le service de gynécologie.

Le chef de service confirme, il m'explique que le conseil des médecins doit se rencontrer et qu' ensuite ils mettront fin à ma grossesse. Nous repartons mon mari et moi effondrés. Je sens mon bébé bouger et tous les jours je lui parle, je l'a caressé à travers mon ventre. Je ne sait pas comment je tiens le coup à ce moment là mais je n'ai pas le choix il faut accepter l'inacceptable et avec du recul je sais qu'à ce moment là je ne réalise pas que ma fille et moi partageons nos derniers moments ensemble. Le chef de service m'appelle, il souhaite que je participe à une étude sur les conséquences de l'explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl sur la santé des personnes vivant sur notre île, nous sommes 3 mamans à vivent la même chose, nos enfants ont les mêmes malformations et cela n'est pas rare apparemment depuis quelques années.... bref moi je refuse, je ne veux pas que ma fille serve de cobaye je suis perdue... 3 semaines sont passées et le jour J est arrivé, nous sommes le 10 juin, jour des 6 ans de mon fils aîné, il est 8h et j'arrive dans le service. Je demande à rencontrer un psychologue mais cela m'est refusé Le travail est déclenché mais le col ne s'ouvre pas, les contractions sont fortes mais le col résiste, le 12 juin l'infirmière me pose une perfusion, j'ai mal, je réclame une péridurale mais l'infirmière m'explique que je ne l'aurai pas, je lui dit que ma fille bouge de moins en moins et cela m'inquiète elle me répond que C'est normal puisque le produit que l'on m'injecte sert à tuer mon enfant... 16h30 seule avec mon mari je mets au monde ma petite fille mais je perds connaissance.... Je passe les détails je vais devoir aller au bloc.... à mon réveil je demande à voir ma fille. Je suis avec mon mari lorsque l'infirmière rentre, pose un plateau recouvert d'un torchon blanc sur le pied de mon lit et ressort. Je soulève ce torchon et je vois ma petite Angie toute nue je suis choquée je l'enveloppe dans le torchon et je l'a serre contre moi, elle est magnifique, je lui parle, je l'a câline, elle est grande, 30 cm de beauté, peu à peu je sombre dans la folie puisque j'appelle l'infirmière pour lui demander un biberon, à ce moment là elle reprend ma fille. Un peu plus tard, je réclame à voir ma fille mais l'infirmière me répond que ce n'est pas possible puisqu' elle a été incinéré avec les déchets, je voulais l'enterrer mais on ne m'a pas laissé le choix, je suis anéantie, détruite, je ne reverrai jamais ma fille et aujourd'hui encore je ne l'accepte pas et la douleur est toujours présente.

Je ressors le 13 juin. Je vais faire semblant d'aller bien pour mes enfants, mon mari et mes proches. Je désire aussitôt un autre enfant ou plutôt je désire retrouver ma fille et je me retrouve enceinte je suis contente mais je suis très angoissée et je n'ose pas m'attacher à mon bébé un mois avant la date prévue mon petit Mathis va pointer le bout de son nez, cette fois ci l'équipe à changé et elle est super géniale, ils sont tous autour de nous et tout va bien se passer. Je ais mettre un mois pour accepter que ma fille ne reviendra pas et aujourd'hui encore je regrette cette époque où je n'étais plus moi car la vérité C'est que la douleur que J'ai ressenti au moment où J'ai tenu ma fille dans mes bras était tellement horrible qu' inconsciemment J'ai décidé de ne plus aimer les miens je pensais qu' en faisant cela je ne ressentirai plus jamais cette douleur, mon mari et moi nous sommes éloignés peu à peu, nous avons divorcé je suis allée voire une psychologue qui m'a permis de redevenir la maman que j'étais et la vie à continué , pourtant elle n'a plus jamais était pareille, je ne comprends toujours pas pourquoi j'ai était traité ainsi....

Si aujourd'hui J'ai décidé d'écrire mon histoire C'est parce que je suis devenue infirmière et que j'ai vu comment les mamans étaient accompagnées, la bienveillance avec laquelle les équipes médicales sont auprès d'elles et auprès des papas, J'ai compris que je n'avais juste pas eu de chance et que je devais arrêter de me sentir responsable de la mort de ma petite Angie et J'ai franchi un cap J'ai demandé à récupérer mon dossier concernant la naissance et la mort de ma fille je pourrais ainsi faire mon deuil et laisser mon petit ange reposer en paix.
J'espère n'avoir choqué personne et je remercie toutes les mamans qui de part leur témoignage m'ont permis de comprendre certaines choses.

Angie mon amour je t'aime et je suis sûre que le fait de commencer un journal va me permettre d'avancer même si C'est difficile de se replonger dans tous ces souvenirs.....