Bonjour à vous chères mamanges,
Je sais que mon témoignage peut paraitre long…! Voyez-vous, j’avais pensé
le raccourcir, mais je me suis dis au bout du compte qu’il resterait tel qu’il est… Étant donné que ces quelques lignes témoignent
de l’existence
de Alexanne. Donc… Merci
de prendre quelques minutes
de votre temps pour lire ce qui suit…
Je fais un retour en arrière… Nous sommes
le 23 Décembre 2009. Voilà quelques jours que je me sens plus fatiguée, j’ai
de légers étourdissements… Normal, me dis-je. Nous sommes à la fin Décembre et je travail énormément à la boutique c’est temps-ci! Mais bon… Allons voir, juste au cas où… Il faut que je vous dise que je suis connue pour une trombo phlébite et pour une embolie pulmonaire massive survenue en Janvier 2008. Résultat d’un facteur V
de Linden et
de l’Hétérozygote que j’aie. Vive la génétique! Je me retrouve donc au CLSC
de mon arrondissement la même journée. J’explique ce qui m’amène ici en ce 23 Décembre, ce n’est pas long que la cause
de mes malaises s’expliquent…
Au fur et à mesure que je parle avec l’infermière qui me connaît déjà assez bien pour mes prises
de sang quotidienne, je n’aperçois pas une, mais bel et bien deux petites lignes sur
le test! Ça y est..! Est-ce bien ce que je pense!? L’infermière me confirme ce que je crains… Mais en même tant je ne peux m’empêcher d’être heureuse. Je pleure
de joie et d’angoisse tout à la fois… J’ai 21 ans, je viens
de finir ma première « session » dans mon DEP, je suis en appartement avec l’homme que j’aime et je travail à temps partiel dans une boutique.
Le stress
de l’inconnu embarque.
Retour à la maison, mon amour n’est toujours pas arrivé… Travail oblige et je suis incapable
de le rejoindre pour l’instant. Et moi, je dois partir travailler pour la soirée. Je fais quelques appels pour rejoindre
le personnel médical qui me suit déjà (pour faire
le transfert du Coumadin aux injections
de Fragmin) et hop! Je me sauve au boulot… Ce soir-là, j’annonce la nouvelle à mon copain et quelques jours plus tard, à la date d’anniversaire
de mon chéri, nous voilà tous les trois chez mon médecin
de famille pour la suite
de cette aventure. Mon médecin me transfert à un obstétricien-gynécologue qui me suivra tout au long
de ma première grossesse. Entre temps, j’ai des pertes rosées qui m’emmène à consulté, ils me font deux prises
de sang à trois jours d’intervalle pour savoir si
le taux d'hormones se "développe" normalement. Ouf! Soulagement, c’est
le cas! Nous rencontrons pour la toute première fois cet obstétricien-gynécologue
le 10 Février 2010.
Le rendez-vous se déroule bien, il m’explique qu’il me suivra jusqu’à tant qu'une autre obstétricienne puisse prendre mon dossier étant donné que ma mère a fait
de la Pré-éclampsie à ma propre grossesse. Me voila étiqueté « grossesse à risque ». Ce jour-là,
le cœur
de notre bébé bat à 140! Quel joli son à mes oreilles. J’ai même droit à une surprise…! L’échographie d’âge fœtale que je passe me renvoi une image claire nette et précise
de mon bébé qui mesure 4 cm. J’en suis à 11 semaines
de grossesse.
Ma grossesse se déroule mieux que je
le pensais, je m'injecte du Fragmin à tous les matins et j’ai quelques petites nausées qui finissent par passé avec
le temps.
Le 15 avril 2010, ma bedaine à 20 semaines, nous voici à l’hôpital pour l’échographie qui nous fera, peut-être, découvrir
le sexe
de notre bébé… La technicienne essais tant bien que mal
de prendre les mesures
de notre enfant, il/elle bouge tellement que l’on me demande si j’ai bu du café ou si j’ai mangé du chocolat ce matin-là. Haha ! La technicienne m’envoit marcher un petit cinq minutes, histoire
de calmer mon petit bébé. Je reviens à la salle. Fiou! Il/elle s’est calmé un peu. Mais il/elle continu(e)
de se croiser les « pattes »,
de se tortiller… Je crois vraiment qu’il/elle n’aime pas les échographies! Haha! Une deuxième technicienne arrive et continue l’examen que la première technicienne n’a pas été capable
de terminer. À la dernière minute, bébé se décroise les « pattes » et la technicienne s’écrit : « S’t’une fille ! » Mon copain est ému, moi, elle me fait rigoler ma petite
Alexanne. Elle est grouillante
de vie, mais je ne la sens toujours pas… J’apprends quelques jours plus tard que mon placenta est antérieur, voilà l’explication qui explique tout… C’est comme si j’aurais un gros oreiller qui m’empêche
de la sentir réellement ma petite cocotte. Je respire un peu mieux. Moi qui croyais que… En fait, je n’avais pas réellement
de scénario en tête. Juste l’inquiétude
de ne pas trop savoir ce qui ce passe… Tsé! Quand c’est la première fois…!
Donc, ma grossesse évolue et ma bedaine grossit
de semaine en semaine. Tout va à merveille !
Alexanne se développe normalement. Même que je me sens en super forme depuis que je suis enceinte! Et on
le remarque dans mon entourage.
26 Mai 2010 : Nous voici à notre rendez-vous
de routine, nous en sommes à 26 semaines déjà !
Le temps passe vite et j’ai tellement hâte d’y voir sa frimousse. Plus que deux petits mois et elle se retrouvera dans nos bras notre petite cocotte. Ma bedaine mesure comme celle d’une 27 semaines
de grossesse et son petit cœur bat… Oh que
de joie immense ! Tous et chacun ont si hâte
de faire ta rencontre… Papa commence à être impatient. Hihi ! Tes deux potes minous te font des pattounes, tu réplique à leurs petits coups… C’est trop marrant
de vous voir aller ! J’ai commencé à te sentir un peu… Mais pas énormément. Je ne m’en fais pas… Mon placenta est antérieur. Donc ! Papa te parle quasiment tous les soirs avant
de s’endormir, on dirait que tu l’écoute et puis tu lui fais savoir que tu es bel et bien là… Ça me rasure
de vous voir aller.
Deux semaines passent… Soit
le 9 Juin 2010. Nous voilà
de retour chez l’obstétricien-gynécologue pour notre rendez-vous
de routine. Il m’a fait arrêter
le travail
de soir. Il me trouve rayonnante aujourd’hui. Mieux qu’il y a deux semaines, alors que je travaillais encore
de soir. L’obstétricien-gynécologue me parle
de l’autre obstétricienne qui devrait prendre
le relais sous peu… Il attend d’avoir sa réponse. Sinon il va me transférer à un/une autre si elle n’est pas disponible pour m’avoir parmi ses patientes. Je lui fais savoir que je lui fais confiance.
De toute façon, je vais accoucher au CHUL, l’endroit qui est considéré
le mieux pour moi et ma fille dans cette situation. Alors, je sais que la personne qui prendra mon dossier en charge sera compétente. Son pagette sonne.
« Excuse-moi Stéphanie, il faut que je prenne l’appel. »
« No problemo, j’ai tout mon temps lui dis-je ». Il s’assoit et prend
le combiné… C’est long son coup
de téléphone. J’entends vaguement…
«
Le cœur s’est arrêté… C’est ce que je craignais. » Pauvre maman… J’ai
le cœur tout chamboulé, ce n’est pas la première fois que je l’entends celle-là…C’est la deuxième fois depuis que je suis enceinte. Je pense à ma fille et à ces deux femmes que je ne connais pas… Mais je compatie avec elles.
« Ah! Excuse-moi Stéphanie… » « Non, non… Ce n’est rien… Je trouve ça triste pour cette femme, lui dis-je. » Il me répond : « Parfois, ça arrive et on ne sait même pas pourquoi… » Et il reprend où il en était avec moi juste avant ce coup
de téléphone.
Il mesure ma bedaine, j’en suis à 28 semaines et la bedaine
le confirme. Arrive
le moment t’en attendu, entendre son petit cœur. Je lui fais savoir que la nuit dernière j’ai ressenti des tiraillements dans
le bas du ventre et que dans la soirée j’ai sentie ma fille bouger pour
de vrai… ! Il me dit que c’est normal. Il me met la gélatine sur
le bedon et commence son examen. D’habitude ça ne prend pas
de temps avant d’entendre un « Boum Boum » mais là… Il est difficile
de le trouver. On entend
le mien… Pas
le sien. Peut-être qu’elle est placé différemment aujourd’hui!? Hier soir, mon copain et moi avons vu pour la première fois une jolie bosse, notre fille faisait des galipettes. Haha ! Il réessaie à nouveau, toujours rien.
Le jeu dure quelques minutes, rien ne se passe.
« Stéphanie, je t’envois passer une échographie à Saint-François d’Assise. Tu peux t’y rendre !? »
Je lui réponds que je n’aie pas
de voiture et je lui demande si je peux appeler mon copain… Il me tend
le téléphone. Ça sonne, ça sonne, ça sonne, je tombe sur la boite vocal… J’essais sur
le cellulaire
de son patron, la même chose… Dernière option: ma mère. Je téléphone à son bureau, je tombe également sur la boite vocale. Câline ! J’essais sur son cellulaire… Il est fermé. Quand là il faut vraiment rejoindre quelqu’un… ! Personne n’est disponible. Je refais la même chaîne, dans
le même ordre, toujours négatif. Je panique. Je suis désormais dans
le corridor... Une bonne samaritaine, donc j’ai oublié
le prénom, voit mon inquiétude et me propose gentiment
de me reconduire à Saint-François d’Assise. Je la remercie et retourne voir
le médecin pour lui dire que j’ai une bonne samaritaine qui vient
de tomber du ciel. Au même moment où il me proposait
de venir me reconduire à l’hôpital!
En route vers l’hôpital, j’explique brièvement la situation à ma bonne samaritaine, elle me dit que tout va être O.K. Je me dis la même chose… Du moins j’essais
de m’en convaincre. Arrivée à l’hôpital, je m’enregistre et on m’attendait ! Je ré-essais
de téléphoner à mon copain, toujours aucune réponse. J’essais
le bureau
de ma mère à nouveau... Hourra ! La réceptionniste répond. Je lui explique vaguement la situation, elle rejoint ma mère qui s’en vient... Entre temps, on m’appel pour passer l’échographie. J’ai peur… Mais je veux savoir ! Je demande à la technicienne si on peut reporter l’échographie
de quelques minutes car ma mère s’en vient… Elle me fait signe que oui. Je retourne à la salle d’attente et j’espère apercevoir ma mère. Quelques minutes passent et on revient me chercher. C’est officiel, je dois faire l’échographie et ma mère n’est toujours pas arriver ! J’ai peur, mais je me dis que je n’ai pas
le choix… Ma mère me prendra comme je serai lorsqu’elle arrivera me dis-je. Dans mon fort intérieur, j’aimerais qu’elle se pointe et que je lui dise avec un rire jaune : « Heille mom… Tu ne devineras pas quoi…
Alexanne, petite coquine qu’elle est… Nous a faite toute une frousse ! » Là, je lui aurais expliqué
de long et en large l’histoire. Elle aurait rit jaune à son tour, j’imagine…
Ce ne fut pas
le cas. On me passa l’échographie et ça n’a pas pris trois minutes que
le diagnostique fut prononcé…Je dis prononcé, la seule chose qui me fut dite est : « Désolé ». L’image claire nette et précise
de Alexanne inerte sur l’écran. C’est comme si on venait
de m’arracher tout les organes. La douleur… L’horreur… C’est comme si au même instant une partie
de moi-même c’est éteinte avec elle. Ma mère arriva quelques minutes plus tard.
Le drame. Elle n’était pas encore rentrée dans la salle que je me suis mise à crier que ma fille était morte. En larme, mère et fille on essayait
de comprendre ce qui venait
de se produire. Ma fille, sa petite fille au ciel avec mon père, son papi… Pourtant, j’avais demandé silencieusement à mon père
de veiller sur elle… Pour que ma grossesse se déroule correctement. Tout se déroulait parfaitement jusqu’à ce moment… Nous sommes restées dans cette salle un certain temps. La technicienne et la gynécologue
de garde sont revenues nous voir, la gynécologue m’as conseillée
de demander l’amniocentèse et qu’une autopsie soit pratiqué sur ma cocotte. Comment vais-je annoncé cette terrible nouvelle à mon amour… !? Ma mère m’a ramenée chez elle et nous avons essayée chacune à notre tour
de rejoindre mon chéri. Sans succès… Il travail et nous avons appris la nouvelle en plein cœur d’après-midi…
Mon cellulaire sonne vers 17h45, c’est lui ! Je lui demande
de venir me rejoindre chez ma mère. Il s’en vient et se doute
de quelque chose, mais pas à ce que je m’apprête à lui annoncer. Il est là, je l’accueil et lui dit que je l’aime. Mon visage est pâ
le, j’ai les yeux bouffis et je tremble. Je ne sais pas encore comment je vais débuter et il se trouve à présent devant moi… Curieusement, je fini par débouler la chose calmement, avec l'aide
de ma mère. Je me surprends tellement que je suis calme. Plutôt, j’étais quasiment hystérique. En larme, défaite… La nouvelle fut un choc pour lui. J’aurais préféré lui annoncer que
Alexanne arriverait plutôt que prévu, mais qu’elle était bel et bien en vie. À 28 semaines, elle aurait pu vivre par elle-même. Les bébés sont viables à ce stade
de la grossesse. Mais non, pour nous ce ne fut pas
le cas… Nous avons passé la soirée à la pleurer, mon copain et moi. Cette nuit-là, j’ai à peine fermé l’œil. Je n’arrivais pas à y croire. Je suis restée longuement sur
le divan en position fœtal, à la pleurer encore et encore et je sentais
Alexanne « bouger » à chaque fois que je me déplaçais… Ça fesait bizarre
de la savoir présente, mais inerte en moi. J’ai fini par m’endormir et me réveiller quelques heures plus tard…
Je me suis rendu au CHUL en début d’après-midi accompagné
de mon copain et
de ma mère. Rendu sur place, j’ai eu droit à plusieurs prises
de sang, une échographie me révè
le que je n’ai plus
de liquide amniotique. Pourtant je n’ai pas perdu les eaux!?
Le choc! Aucune amniocentèse ne pourra être faite. On me dit qu’ils pourront prendre un prélèvement
de peau sur ma fille pour faire
le test pour la cytogénétique. Pourtant, personne ne m’as dit, la veille, que je n’avais plus
de liquide amniotique!? Par la suite, j’ai été déclenchée vers 16h00.
Le travail débuta et progressa au fur et à mesure que je recevais les doses
de Cytotec, sur neuf doses, j’en aie reçu trois. Trois doses
de ce médicament ont suffit… La nuit fut pénible… Je dormais par tranche
de 15 minutes, mon ventre était devenu si dure et mes jambes si lourdes… Je m’injectais
de la morphine en dosette lorsque ça faisait terriblement mal. Je n’ai pas eu droit à l’épidurale, car je suis une patiente anticoagulée. Nous étions seuls, mon amoureux et moi avec notre petite
Alexanne qui verrait
le jour les yeux clos. Ma mère était allée se reposer à la maison. Mon copain devait lui téléphoner aussitôt que
le travail serait plus « actif » ce fut vers 4h30 a.m. que je sentie qu’
Alexanne voulait sortir…
Le téléphone à été fait, ma mère est arrivée quelque temps après… À son arrivée, nous étions seuls, mon copain et moi. Il avait sonné la clochette par trois fois et aucune infermière n’était encore arrivée. (Une césarienne d'urgence se déroulait dans la pièce voisine à cet instant précis) Allais-je accouchée seule sans médecin auprès
de moi!? Ma mère sonna à nouveau, une infermière arriva… Enfin!
Tout ce bouscule dans ma tête, c’est flou… Ça se passe vite. Je suis rendue à la poussée et je pousse, pousse, pousse encore et… La voilà ! Ça n’a pas pris
de temps… Il est 5h09 a.m,
le 11 Juin 2010.
Alexanne est là et c’est
le silence qui plane dans la pièce. J’aurais espéré qu’elle pleure, mais je savais bien que tout était bel et bien terminé pour elle… Mon conjoint l’a prise, ce fut
le tour
de ma mère et puis
le mien. Ma petite cocotte, elle est si jolie avec sa petite tuque en laine rose. Sa tuque ressemble drôlement à la mienne qui est grise. Je trouve ça comique… Ma petite cocotte, je suis si posée en disant cela… L’infermière la prend et pars avec ma fille et elle revient m’aider à me nettoyer et me faire signer des documents. Je dors un peu, je ne sais pas combien
de temps j’ai pu dormir. Ma mère se berce dans la chaise berçante et lis des documents que nous avons reçu plutôt hier. Mon amour dort près
de moi… J’ai la visite des spécialistes qui ne comprennent pas ce qui a pu se passé avec ma fille. Je suis si épuisée et ils me parlent, me parlent encore et toujours. Je n’ai qu’une chose en tête: revoir ma fille ! Je la demande et on me l’emmène. Elle est si belle ! Elle ressemble drôlement à son père, mais elle a certains
de mes traits. Je la berce, verse quelques larmes, en silence, ma mère et mon amour sont auprès
de moi… Ils me regardent sans rien dire... Je dis à
Alexanne que je l’aime et je sonne la cloche. L’infermière arrive, prend
Alexanne et repars… Ce fut la dernière fois que je la voyais en chair et en os. L’autopsie fut pratiquée
le 14 Juin et
le 18 Juin 2010, nous avons mit en terre notre petite cocotte. La cérémonie fut courte, brève mais extrêmement touchante. Voilà nos au revoir faits à
Alexanne, elle qui sera toujours dans nos cœur et qui a sa place bien à elle dans nos vies.
Nous avons reçu
le rapport final
de l'autopsie
le 2 Septembre 2010:
Alexanne est décédée suite à un infarctus placentaire. Lors
de mon rendez-vous en génétique du 7 Décembre 2010,
le généticien nous as informé que les résultats
de la cytogénétique sont peu concluant. Étant donné que
le prélèvement fait sur
Alexanne a été "mal fait"... Nous avons donc fait une prise
de sang chacun
de notre côté. Résultat: La génétique est parfaite. En théorie,
Alexanne était en parfaite santé selon les médecins. (Aucune malformation physique interne ou externe n’a été décelée chez notre fille.)
Nous t’aimons si fort
Alexanne! ♥