Cauchemar

C'est l'histoire d'un conte de fées qui se transforme en cauchemar.

Tout avait si bien commencé ! La rencontre avec le papa, un amour fulgurant, notre désir d'avoir un enfant si vite comblé, une grossesse merveilleuse... Jamais je ne suis sentie aussi heureuse et épanouie qu'en portant ma fille.

Pas une nausée, pas un mal de dos, cinq kilos en six mois, les analyses et examens nickels... je me suis dit que j'avais vraiment beaucoup de chance.

Je me suis bien inquiétée, début mai, alors à six mois de grossesse, quand je n'ai plus senti les coups de pied de ma fille. J'en ai parlé à la sage-femme que je voyais toutes les semaines. Elle m'a dit que c'était normal, qu'à ce stade de la grossesse, le bébé bougeait moins parce qu'il manquait de place. Donc, pas de souci.

Je prends l'avion le 8 mai pour le Maroc, rejoindre le papa qui vit là-bas. Nous avons décidé que ma grossesse serait suivie en France, pour plus de sécurité, et que j'y accoucherai. Nous avons donc un mois devant nous avant d'être séparés, parce que je ne pourrai plus voyager. C'est dur d'être éloignés, mais je me dis que le grand bonheur à venir vaut bien ce sacrifice.

Nous sommes plus amoureux que jamais. Mon chéri parle tous les jours à sa fille à travers mon ventre. Nous nous sommes décidés pour le prénom: elle s'appellera Inès. Je pense que je suis parmi les femmes les plus heureuses du monde.

Mais c'était trop beau.

Le 14 mai, je sens des petites douleurs au ventre. Je pense que Inès s'est mal positionnée, et que dès qu'elle va bouger, ça ira mieux. Sauf que ça empire. Je pense alors que j'ai dû manger un truc pas terrible, et que mes intestins me font des misères. J'ignorais alors, à six mois et trois semaines, que les contractions avaient commencé.

La nuit a été blanche. La douleur m'interdit de fermer l'oeil, mais je ne comprends toujours pas ce qui m'arrive.

C'est le 15, au matin, que le cauchemar commence.


Tout d'un coup, comme une poche qui éclate, du sang partout. Là, enfin, je comprends qu'il se passe quelque chose de grave. Nous prenons la voiture en direction de la clinique la plus proche. La douleur m'arrache des cris, mais je tâche de me détendre et me rassure en sachant qu'il y a un service de néo-natalité.

Halte au cabinet du gynécologue. Il me reçoit en urgence pour une échographie. C'est là qu'en quelques secondes, je me retrouve en enfer. Il me dit qu'il n'y a pas d'activité, que le bébé est mort. Je lui dit que non, que c'est impossible, d'ailleurs je l'ai senti bouger. Il me répond que j'ai peut-être senti son corps bouger dans le liquide, mais que le bébé est parti depuis plusieurs jours.

Je suis assommée. Le gynéco m'annonce alors que je vais accoucher dans cinq à dix minutes. Je ne pense alors plus à rien. Je me retrouve dans une clinique ahurissante, et comprend pourquoi mon chéri voulait que j'accouche en France. Pas d'électricité ! Pas de brancard non plus, je dois descendre à pieds les escaliers qui me mènent à une petite chambre où il y a une fenêtre.

Inès, merveilleuse petite ange, est arrivée très vite. Son papa, qui a cru me perdre aussi, est resté avec moi pour l'accouchement, et a été très courageux. Nous avons pu voir notre fille chérie et lui dire adieu. Elle a été inhumée le soir même.

Le lendemain, je quittais la clinique, vide de tout, sans la moindre explication à ce drame. Il n'y a évidemment pas eu d'autopsie, mais même pas l'envoi du placenta à un labo ou une prise de sang. Il m'a été dit qu'il n'y avait pas d'explication. Je ne saurai probablement jamais pourquoi ma fille, qui allait si bien, a cessé de vivre.

Cela fera bientôt un mois, et la douleur est atroce. Ma fille me manque tellement. J'étouffe de tout l'amour que je n'ai pas pu lui donner. Et toutes ces questions: pourquoi ? aurais-je pu faire quelque chose ? ai-je fait quelque chose que je n'aurais pas dû ? Et aussi, parfois, qu'ai-je fait pour mériter ça ? Y a-t-il un endroit où elle m'attend, la reverrai-je ?

Il ne me reste plus qu'à me reconstruire sur les ruines de moi-même, mais sans ma fille, que la vie me semble triste !


Amitiés,

Laurence

Quelle tristesse de t'acceuillir ici,je t'envoie beaucoup de tendresse et de courage. La douleur est atroce et il va falloir doucement apprendre à vivre avec. Je ne peux malheureusement pas te dire que ça va aller, que la douleur va disparaître, mais je peux essayer du mieux que je peux de te comprendre et de te soutenir.

Dès que tu en auras besoin ,viens ici vider ton sac, pleurer, crier. Il y aura toujours qqn pour t'écouter.

Douces pensées à ta petite Inès.

comme je suis désolée de t'accueillir ici Laurence ...
c'est atroce quand tout va bien et d'un coup tout bascule , de plus tu n'as pas d'explication c'est encore pire .
toutes les questions que tu te poses je me les suis posées aussi , je m'en pose moins maintenant (ça fait bientot 8 mois que j'ai perdu mes filles) , le chemin du deuil est long et périlleux mais seul le temps apaise la souffrance !
ne culpabilise pas je suis persuadée que tu as fais ton maximum pour ta petite Ines et elle le sait de la haut .
Saches qu'en tout cas ici tu peux parler de tout , et que si tu as envie de parler je suis la !
encore désolée , ton histoire m'a fait pleuré , ça me boulverse toujours de voir que la vie est si cruelle avec nous , mamans , et avec nos bébés si désirés...
prends soin de toi , douces pensées a ton petit ange Ines , tout nos ptit amours l'on acceuillie avec douceur j'en suis sur .

C'est vrai qu'il est très dur de quitter l'hopital le ventre, et les mains vides... Je me suis posée aussi la même question: la reverrais-je? Je suis sure que oui. Un jour, on retrouvera nos petits anges...

Douces pensées à ta petite Inès

Chère Laurence,

Je te comprends tellement. J'ai aussi perdu ma petite fille en mai (le 12) suite à la rupture précoce des membranes à 22 semaines.

Depuis ce temps, je me pose des tas de questions, je me culpabilise beaucoup, je cherche une raison, il m'arrive même de chercher un coupable. Mais...

La douleur intense, le vide, cet amour qui prend une forme abstraite, car elle n'est plus là. Et surtout, la souffrance de ne jamais connaître ma petite fille.

Je comprends ce que tu vis et je t'envoie une douce pensée. xx

Bonjour Laurence
tu dis juste, il faut se reconstruire sur nos propres ruines
et sans nos enfants
mais avec nos anges avec nous
ta douleur est très récente, laisses toi du temps
du temps pour vivre avec ton ange, ta fille

nous sommes là pour t'aider, t'écouter
courage

bienvenue a toi,



comme je suis desolée de t'accueillir ici. Quel cauchelard ..en effet... je me demande pourquoi la sage femme ne t'a pas proposé un petit monito au moment ou tu t'es inquietée ... ça n'aurait rien changé mais les conditions peut etre si...car tu aurais pu accoucher dans un endroit avec un encadrement meilleur et avoir des reponses..peut etre (peut etre pas) c

Je suis de tout coeur avec toi et sache qu'ici ta petite Inés aura toujours sa place et que tu peux venir vider ton coeur de maman meurtrie quand tu le souahite. Courage petit maman.

Ça fait tellement mal...
Je trouve tes mots très beaux quand tu dis ''Il ne me reste plus qu'à me reconstruire sur les ruines de moi-même, mais sans ma fille, que la vie me semble triste !''
Je te trouve bonne d'envisager déjà la reconstruction.

Et étoile filante, je trouve ça très juste ce que tu écris: La douleur intense, le vide, cet amour qui prend une forme abstraite,
car elle n'est plus là. Et surtout, la souffrance de ne jamais
connaître ma petite fille.

bonjour maman d'inès, je viens de lire ton histoire qui est vraiment triste, je te souhaite beaucoup de courage dans ces moments si difficile. Ici tu trouvera beaucoup de réconfort et il y aura toujours quelqu'un pour t'écouter et tu verra sa fait beaucoup de bien, mois sa m'aide beaucoup depuis la mort de ma petite juliette. Demain on sera le 15 une date à la fois importante et charger en émotion pour toi, je penserai fort à toi demain et je t'envoie toute la force qui me reste. Une tres tres grosse pensée pour ton petit ange.