Je vous lis depuis plusieurs jours et j’aimerais bien partager mon histoire avec vous. Ce n’est pas facile d’en parler mais ça fait tellement du bien. Seuls les gens qui ont perdu un bébé peuvent comprendre ce que c’est. En tout cas, je vous félicite pour votre courage! Mon histoire est très récente et j’ai encore beaucoup de misère à accepter ce qui s’est passé. Je commence donc…
J’ai 27 ans. Mon mari et moi désirions avoir un bébé. En octobre 2006, je tombe enceinte. YOUPPI Quel bonheur!! J’ai eu une très belle grossesse. Tout se passait très bien. Mon bébé bougeait bien. Bref, tout était super! Toutes les échographies que j’ai faites étaient normales rien ne clochait. Alors, le 4 juillet 2007, j’entre donc à l’hôpital pour ma césarienne car Lucas se présentait par siège. J’étais donc enceinte de 37semaines quand il est né. Je vais m’en souvenir toute ma vie. Ce qui devait être le plus beau jour de ma vie s’est avéré un cauchemar!
La césarienne s’est très bien passée. Je suis montée à la salle d’opération à 11h30 et à 11h53 il était né! J’ai entendu Lucas pleurer quand ils l’ont sorti de moi. Je pleurais tellement de joie mais tout ce que j’entendais c’était « il est pas mal petit ». Et effectivement, il l’était (1,990 Kg / 46 cm). Les quelques secondes qu’ils l’ont mis sur moi m’ont permis de constater cela. Il avait beaucoup de misère à respirer et le médecin disait qu’il avait une fente palatine. Mon dieu je capotait!!! J’avais hâte de revoir mon bébé et de le tenir dans mes bras. Quelques heures suivant ma césarienne, la pédiatre de l’hôpital est venu me voir pour me dire que les choses n’allait pas trop bien pour Lucas. Elle m’a dit qu’il était préférable de le transférer à Ste-Justine pour lui faire passer des tests car elle craignait que Lucas avait une Trisomie 18. Je me souviens encore très bien de ses paroles et de l’angoisse qui a suivi ses paroles. Je ne comprenait pas ce qui se passait. Une trisomie 18??? Alors que toutes les échographies que j’avais faites étaient NORMALES??? On m’a donc mise sur une chaise roulante pour aller voir mon petit garçon. Aaaah comme j’ai pleuré! Je l’ai bercé et donné plein de becs d’amour. Il reconnaissait ma voix. C’était un très beau moment. Par contre, il continuait à avoir beaucoup de misère à respirer. L’ambulance qui devait l’amener à Ste-Justine avait quand même pris du temps à arriver. On m’a donc transférer à Ste-Justine avec Lucas quelques heures après l’accouchement.
Nous avons tellement prié pour que ça ne soit pas une trisomie 18, car d’après la pédiatre, s’il était atteint de cette maladie, ce serait fatal et l’espérance de vie était nulle. Lucas avait passé plein de tests. J’avais tellement peur de rencontrer les médecins car j’avais peur de ce qu’ils allaient nous dire. Mon dieu que je priais et espérais…J’allais voir mon fils à tous les jours. Je passais des heures avec lui. Même si je ne pouvais pas le prendre dans mes bras à cause qu’il était intubé et dans son incubateur, je lui parlais. Je lui chantais des berceuses et il savait que nous étions là pour lui. Nous avions même pris une chambre à l’Hôtel Cachou de l’hôpital pour être encore plus près de lui.
Quelques semaines plus tard, toute l’équipe médicale qui suivait Lucas nous ont rencontré pour faire le bilan sur Lucas. Malgré le fait qu’il prenait du poids grâce au lait qu’il prenait par cavage, ils nous ont dit que Lucas ne bougeait pas comme un bébé venu au monde à 37 semaines. Il avait un gros retard de développement au niveau de son cerveau, il avait des malformations au niveau de ses mains et pieds, ne respirait pas par lui même, n’avalait pas, avait une fente palatine et avec les batteries de tests qu’il avait passé, ils ont vu qu’il avait bel et bien une trisomie 18. Cette nouvelle nous a coupé les deux jambes. J’avais beaucoup de misère à accepter cela mais mon dieu que j’aimais mon fils de tout mon cœur et mon âme. Les médecins nous ont spécifié qu’il n’avait pas grand chose à faire et que la seule chose qui gardait Lucas en vie était son respirateur et que la meilleure chose à faire pour notre fils était de le débrancher car il souffrait trop et que s’il vivait, il ne serait jamais un enfant normal. Il ne marcherait et parlerait sans doute jamais et ne mangerait pas comme les autres enfants. Nous avons beaucoup pleuré et réfléchi suite à cela. Et nous sommes venu à la conclusion que peut-être il était préférable de mettre fin à toute cette souffrance. Car non seulement il souffrait mais nous aussi. Comme c’est dure de voir son bébé souffrir et de ne pas pouvoir rien faire pour l’aider à apaiser ses douleurs! Tellement qu’il avait mal au niveau de sa gorge, qu’on lui administrait de la morphine. Je n’en pouvait plus de voir mon bébé se crisper de douleur. Ça me faisait mal en dedans! Nous avons donc pris la décision déchirante de le débrancher, mais avant on tenait à le faire baptiser.
Nous l’avons donc baptisé le dimanche 22 juillet et le 25 juillet, il est décédé dans mes bras. Malgré tout cela, c’était un beau moment. Tout le monde l’avait pris et l’avait bercé. Pour une fois depuis sa naissance, j’ai pu oublier tout l’aspect médical dans lequel Lucas était. Mon dieu comme il y avait de l’amour dans cette famille à donner à Lucas!! Ses funérailles ont eu lieu le 28 juillet 2007 et maintenant je dois me contenter d’aller le voir au cimetière…Je pleure tellement. Je me sens tellement mal en dedans. Je sens un GRAND vide en dedans et un vide dans la maison et dans sa petite chambre que nous avions préparée pour lui. Comme la vie est injuste!!! Pourquoi le bon Dieu m’a donné un bébé pour me l’enlever 21 jours plus tard??? Je ne comprends toujours pas pourquoi cela nous est arrivé. Pourquoi ils n’ont pas pu voir dans les échographies tous les problèmes et malformations que Lucas avaient. J’ai pourtant fait une échographie de clarté à la 12e semaines et rien d’anormal n’est apparu. Comment faire confiance aux médecins dans le futur? C’était ma première expérience de la vie, mon premier bébé. Ce n’est pas juste! Maintenant, j’ai beaucoup de misère à voir une femme enceinte sans que je ne me mette à pleurer et à l’envier. J’ai des amies qui étaient enceintes en même temps que moi et je n’ai pas le courage d’aller les voir car elles ont leur bébé alors que le mien est parti un peu trop vite…En tout cas, une chance que j’ai mon mari, mes parents et ma sœur pour m’aider à passer au travers mais je trouve cela tellement difficile. Depuis la mort de Lucas, nous pensons beaucoup à lui donner un autre frère ou sœur car nous avons tellement d’amour à donner, mais j’ai tellement peur que cette situation ne se reproduise…
Je pense beaucoup à mon fils. Tous les jours je pense à mon petit ange. Nous devons être forts et courageux et je sais qu’il veille sur nous. La seule consolation que j’ai est le fait qu’il ne souffre plus là où il est. Et une chose est certaine, jamais je ne l’oublierais. Il fera toujours partie de notre vie. Malgré tout se qui s’est passé, je suis bien contente d’avoir eu Lucas. Il était un petit garçon tellement attachant et il m’a permis de voir les choses et la vie différemment. Il a été en quelque sorte une lumière dans mon chemin et comme je l’ai dit plus haut, JAMAIS je ne l’oublierais. Il est entré dans ma vie le 4 juillet 2007 et jamais il en sortira.
Merci de m’avoir lu et désolé pour ce long témoignage…Gina maman de mon petit ange Lucas