| | Mon histoire | |
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Léonnie-Marie Dubé
Nombre de messages : 4 Localisation : Obedjiwan Je suis : Maman de Ange(s) : Atcikosh Décédé(e) à : 10 semaines de grossesse Le : 29 avril 2015 Date d'inscription : 21/11/2015
| Sujet: Mon histoire Lun 23 Nov - 14:55 | |
| Bonjour à tous ! Je trouve ça difficile de parler de ce que j'ai vécu car le monde me regarde souvent de travers quand j'en parle.Une fois, une personne m'a dit "Pourquoi pleurer, il n'a jamais existé" Alors, depuis, j'ai décidé de tout garder en dedans. Mais je n'en peux plus. Aujourd'hui, j'aimerais me vider le cœur. Partagez avec du monde qui vont me comprendre. Je vous dis merci d'avance de m'avoir lu. L'année passée, je vivais ma première grossesse. J'étais contente. J'étais prête à vivre cette nouvelle vie.Je ne ressentais aucun symptôme, c'était le top ! Rendue à ma 12e semaine, j'avais mon premier suivi avec le médecin. Il me posait plein de question, blablabla. On a ensuite passée à l'écoute du battement de cœur, on a rien entendu. Ensuite il a sorti sa petite machine à écho, on ne voit rien. Je commençais à me poser des questions. À paniquer, presque, tout en gardant mon calme. Il décide de m'envoyer en échographie. Je commençais à m'impatienter. Fin d'après midi, je passe enfin l'écho. Un bon 5 minutes de silence pendant l'échographie. On voyait le sac amnio mais pas d'embryon. Je commençais à stresser. Je ne comprenais pas mais je savais qu'il y avait de quoi à s'inquiéter. Puis enfin... "Madame, vous n'avez pas une grossesse normale. On appelle ça un œuf clair. Il y a eu fécondation mais l'embryon ne s'est pas développé. Soit vous attendez la fausse couche ou on vous fait un curetage." En une seconde, le bonheur s'est envolée. On se regardait, moi et mon conjoint, ne sachant quoi dire. J'avais la honte de ma vie. Imaginez que l'on vous dise que vous êtes enceinte mais que vous ne l'êtes pas vraiment, qu'il n'y a rien que vous porter. Mon monde s'est écroulé. Deux semaines plus tard, j'ai faite une fausse couche. J'avais envie de mourir à ce moment là. Peu de temps après, je suis à nouveau enceinte. Tout était différent cette fois là. J'avais peur que ça recommence. J'ai nourri ma peur. J'étais angoissé. L'infirmière m'a proposée de passer une échographie plutôt. À 10 semaines, j'ai eu mon rendez-vous. Je stressais mais j'avais hâte aussi. J'essayais de rester positive. Cette fois là, j'y suis allée seule. Encore une fois, on ne voit rien. Un sac amnio, pas d'embryon ; œuf clair. Je suis sortie de l'hôpital, avec une grosse boule d'émotion, j'ai éclaté en sanglot rendue dans ma voiture. Je me demandais qu'est-ce qui clochait chez moi. J'étais découragée. J'avais honte de mon corps. Je voulais presque mourir. Je ne voulais pas qu'on me voit. Je me suis enfoncée dans l'alcool. J'ai été en congé maladie 6 mois et sous médication. Après mon 6 mois, je suis retournée travailler. Ça allait mieux. 3 mois plus tard, je suis enceinte de 5 semaines. J'étais en extase. J'étais contente, confiante et positive. On me suggère une échographie à 8 semaines. Pas de problème. On voyait le petit haricot. J'étais émue. On se tenait la main avec mon conjoint. Nous sommes sortis de là avec pleine d'assurance. On se disait, enfin notre bébé. Il n'y avait pas de mot pour expliquer notre joie. Deux semaines après mon échographie, je remarque des saignements. Je capote. Je me rends tout de suite à la clinique. Mais les infirmières m'ont rassurée. Que c'était normal, soit c'est mon col qui s'adapte à la grossesse ou dû à une relation sexuelle. Je retourne chez moi. Un peu rassurée. Mais les saignements n'ont pas arrêtés. J'ai dû consulter en urgence. On me fait faire des tests et on me dit de revenir lundi pour une échographie d'urgence. Jusque là, j'étais encore confiante. Je gardais mon calme. Ce fameux lundi arriva. On était excité. En regardant l'écran, on voyait l'embryon mais le médecin n'avait pas l'air sûre. Il nous annonce donc "On voit clairement l'embryon, mais il n'a pas grossit depuis la dernière échographie et il n'y a aucun signe de cœur fœtal. Normalement à 10 semaines, on l'aurait détecté. Vos prises de sang montre que vos hormones sont en baisses. Désolé mais vous allez probablement faire une fausse couche." Tout un choc. On ne s'attendait vraiment pas à ça. J'ai fondue en larmes. Je suis restée là 15 minutes à pleurer. Je n'étais plus capable de parler. On nous à référer à un médecin. Il nous a expliqué la procédure. Le mercredi 29 avril 2015, on se rends à l’hôpital pour un curetage. Après mon curetage, à la salle de réveil, j'ai eu une crise de larme. Je venais de réaliser que c'était vraiment fini. Pas de bébé. Aucun souvenirs de lui. Je sentais dans mon cœur un immense vide. Quelque chose est mort ce jour là. Depuis ce temps, j'ai eu des idées suicidaires. Je me dis souvent, si je ne peux pas mettre au monde un enfant, alors pourquoi continuer de vivre ? Je suis peut-être vivante de l'extérieur mais je suis morte à l'intérieur. La honte que je ressens, de ne pas pouvoir avoir d'enfant, me dégoûte. J'en suis arrivée au point que je me déteste tellement. J'avoue aujourd'hui de la jalousie que je ressens envers les autres femmes qui ont cette chance. Non seulement des femmes, mais aussi de mon conjoint, qui a eu des enfants d'une relation précédente. Et je m'en veux d'être jalouse de lui car je n'ai jamais ressentis ça auparavant. J'ai toujours bien accueillis ses filles. J'ai beaucoup de colère envers moi et envers Dieu. J'ai prié à chaque jour mais qu'est-ce que ça donné ? M'a-t-il abandonné ? Ou n'existe seulement pas ? C'est rendu que j'ai perdu la foi. En ce mois de novembre, j'étaisdû pour accoucher le 19. Ça me remue en dedans. Ça me pogne le cœur à chaque fois que je penses que j'aurais eu mon bébé.À l'approche des fêtes, j'ai juste le goût de dormir ma vie et ne plus jamais me réveiller. Un autre Noël sans mon bébé. Toute cette tristesse qui m'habite, je n'en peux plus. Je n'ai plus le goût de vivre. Je m'accroche à la vie sur un bout de ficelle. Aujourd'hui, je décide de me relever. Je tiens encore le bout de ficelle, au moins pour deux semaines encore. Je sais, au plus profond de mon cœur, qu'il y a quelque chose qui m'attend au bout du compte. J'ai décidée, pour mon bien physique et mental, de rentrer en thérapie au mois de décembre. Mon conjoint m'accompagne dans mes démarches. Je me donne la chance de vivre à nouveau. Je remercie mon conjoint de m'avoir supporté et d'être présent encore aujourd'hui. Je sais que ça n'a pas été facile pour lui aussi. Je réalise toute la chance que j'ai de l'avoir dans ma vie. Encore merci d'avoir pris le temps de lire. Léonnie-Marie | |
| | | larie
Nombre de messages : 778 Localisation : rennes Je suis : Maman de Ange(s) : Mathéo Décédé(e) à : 22 SA Le : 09/09/2015 Date d'inscription : 22/09/2015
| Sujet: Re: Mon histoire Lun 23 Nov - 15:12 | |
| Oh comme ton histoire est triste, je comprend ton mal etre, j'espère qu'ici tu trouveras du réconfort. Bon courage à toi et je pense que tu es quelqu'un de très courageuse. | |
| | | Lise25000
Nombre de messages : 413 Age : 40 Localisation : Besançon Je suis : Maman de Ange(s) : Ange (né sans vie) le 9 novembre 2015 Décédé(e) à : 23 semaines d'aménorrhée et 2 jours. Décédé d'agénénie rénale bilatérale... Le : 09/11/2015 Date d'inscription : 21/11/2015
| Sujet: Re: Mon histoire Lun 23 Nov - 15:31 | |
| Comme ton histoire est touchante et triste... De tout coeur avec toi!! Et si le coeur t'en dis n'hésite surtout pas à me contacter pour parler. Je t'embrasse Lise (mamange depuis le 28 mars 2015 et depuis le 9 novembre 2015) | |
| | | pouet3
Nombre de messages : 178 Localisation : ville de Québec Je suis : Maman de Ange(s) : Laurent Décédé(e) à : 41SA + 3jrs Le : 24/10/2014 Date d'inscription : 25/11/2014
| Sujet: Re: Mon histoire Mar 24 Nov - 10:52 | |
| Bonjour Léonnie-Marie, Il y a tant de détresse qui se lit dans tes mots. Je n’ai pas vécu les mêmes événements que toi, mais je dois t’avouer que moi aussi j’ai eu de fortes idées suicidaires pendant les premiers mois qui ont suivi le décès de mon enfant. Je peux très bien comprendre pourquoi : la peine est tellement forte, et on se met à s’haïr tellement et à haïr l’univers au grand complet pour ce qu’il nous arrive. Et pourtant, oh combien que l’on se juge soi-même bien plus sévèrement que l’on juge les autres mamanges/papanges, n’est-ce pas? On croit que l’on mérite que la mort, alors qu’on reste plein de compassion et d’empathie envers les autres du forum (ou ailleurs) qui ont vécu la même chose que nous. Je me rappelle que l’an passé une maman sur ce forum me disait que dans des grands moments de désespoir elle se mettait à penser à Isabelle Gascon (l’ex de Guy Turcotte). Cette femme qui a vécu l’atrocité que personne ne désire vivre un jour, cette femme qui intérieurement va toujours avoir la douleur inconsolable d’avoir laissé ses enfants à son ex ce soir-là, cette femme qui vit toujours aujourd’hui malgré tout ce qui lui est arrivé et à qui on ne souhaite que de la douceur pour tout le reste de ses jours. D’une certaine façon, par la suite, dans les moments où j’avais envie d’en finir avec mon existence, je me suis mise moi aussi à penser à elle, aux autres mamanges du forum et d’ailleurs, aux gens qui vivent les atrocités de la guerre en Syrie et ailleurs dans le monde… bref à toutes ces personnes dans le monde qui souffrent tellement mais pour lesquelles je ne souhaiterais jamais la mort. Ça ne m’aidait pas nécessairement à me sentir « mieux », mais au moins ça m’aidait à tenir le coup et à ne pas passer à l’acte. Les périodes de grand désespoir, oui ça peut être très long. Toutes mes félicitations pour avoir entamé des démarches pour une thérapie. J’espère de tout mon cœur qu’elle pourra t’aider à traverser cette période difficile de ta vie. De mon côté je n’ai pas fait de thérapie mais j’ai vu et continue de voir de temps en temps une travailleuse sociale de mon CLSC. Plus d’un an après la mort de mon bébé j’en ai toujours besoin. Aucune aide ne peut effacer les tristes événements de notre passé, mais l’aide peut nous aider à réapprendre à être douce envers nous-mêmes, à gérer notre entourage pas très compréhensif, à mieux affronter tout ce paquet d’émotions de jalousie/colère/désespoir/tristesse qui reste pogné à l’intérieur de nous (à ce propos, laisse-moi te dire que tout ce que tu décris est normal, nous l’avons tous/toutes vécu à un moment ou un autre). Merci d’avoir pris le temps de nous partager ton histoire sur ce forum, je considère vraiment que c’est en soi une forme de courage que de se livrer ainsi à des gens qu’on ne connaît pas. Je te souhaite beaucoup beaucoup de douceur, xxx | |
| | | Tessa
Nombre de messages : 1253 Localisation : Laurentides Je suis : Maman de Ange(s) : 6 Mini-mini loup & de Benjamin, je suis également la maman de Caleb & d'Isaac mes 2 amours en pleine santé. Décédé(e) à : 5SA, 6SA+2, 20SA+3, 8SA, 8SA+2, 6SA, 8SA Le : 03/09/2013, 18/09/2015, 08/02/2016, Dec 2018, Sept 2019, 24/01/2020, 17/04/2020 Date d'inscription : 08/09/2013
| Sujet: Re: Mon histoire Mer 25 Nov - 11:09 | |
| Bonjour a toi et douce pense pour tes bébés parties trop tot.
J'ai aussi perdu deux petits loups c'est réelement difficile d'autant plus que personnes ne prend notre tristesse au sérieux et je crois que c'est ca qui fait le plus mal.
Ici tu pourras trouvé plein de mamange qui pourrait t'écouter et surtout te comprendre!
N'oublis pas que: ''Une fausse couche, aussi tot soit t'elle reste une douleur et un deuil du futur.''
Si tu veux venir parler en PV je suis la.
Prend bien soin de toi.
Gros bisou au ciel a nos mini partie trop tot! | |
| | | Léonnie-Marie Dubé
Nombre de messages : 4 Localisation : Obedjiwan Je suis : Maman de Ange(s) : Atcikosh Décédé(e) à : 10 semaines de grossesse Le : 29 avril 2015 Date d'inscription : 21/11/2015
| Sujet: Re: Mon histoire Jeu 26 Nov - 11:02 | |
| Bonjour ! Ça fait vraiment du bien de m'être confier ici. C'est différent de ce que j'ai entendue dernièrement. Au début j'avais peur, mais je vois réellement que je peux faire confiance même si on ne se connaît pas. Ça me réconforte que je ne suis pas seule. Je me sentais si seule que je ne voyais plus le monde. Je me suis renfermée sur moi-même. J'ai fais un pas en avant quand j'ai décidée de raconter, enfin, ce qui me faisait mal. En ce moment, je me sens comme une zombie, une morte vivante. lol C'est drôle à dire mais c'est vraiment comme ça que je me vois ces derniers temps. Je suis épuisée mentalement et ça m'affecte physiquement. Tout ce que je souhaite maintenant c'est recommencer à vivre. Je sais que je ne pourrais jamais oublier mes bébés, mais il y a une vie après ça. Je veux m'en sortir et profiter pleinement de ma vie. Retrouver ma joie de vivre. Aujourd'hui, quand je penses à ceux qui ont vécu cette perte, j'aimerais les aider. Créer un groupe de discussion pour ces personnes dans ma communauté. Il n'y a rien ici pour ça. C'est un besoin, pas seulement pour moi, mais aussi pour ces personnes qui ont besoin de parler avec des gens qui les comprennent. C'est un projet que j'ai en tête, que je veux réaliser lorsque je sortirais de ma thérapie. Pour le moment, c'est une journée à la fois. Merci pour vos messages réconfortantes. Bonne journée à vous. Léonnie-M. | |
| | | larie
Nombre de messages : 778 Localisation : rennes Je suis : Maman de Ange(s) : Mathéo Décédé(e) à : 22 SA Le : 09/09/2015 Date d'inscription : 22/09/2015
| Sujet: Re: Mon histoire Jeu 26 Nov - 13:50 | |
| C sur qu'ici tu trouveras du réconfort, tu peux parler sans jugement. Douces pensées à nos anges | |
| | | pouet3
Nombre de messages : 178 Localisation : ville de Québec Je suis : Maman de Ange(s) : Laurent Décédé(e) à : 41SA + 3jrs Le : 24/10/2014 Date d'inscription : 25/11/2014
| Sujet: Re: Mon histoire Dim 29 Nov - 12:32 | |
| J’ai passé des mois à me sentir comme tu le décris un peu, à me sentir comme une sorte de zombie ou de morte-vivante. J’imagine que pour la plupart nous sommes toutes passée par là à un moment ou un autre. Savoir cela n’aide pas nécessairement à aller mieux, mais au moins se rendre compte qu’on est normale et qu’on passe par la même traversée que d’autres ont dû affronter permet de se rassurer un peu. Non ce n’est pas du caprice de notre part, non on n’est pas déréglée non plus… on est juste profondément triste, c’est tout. Tu sais, les premiers groupes de discussion autour du deuil périnatal sont apparus au Québec dans les grandes villes ça fait 10-15ans. C’est tout récent! Et c’est né de personne comme toi. Je t’encourage à ne pas abandonner ce projet si tu continues d’y croire. En attendant, je te souhaite une belle thérapie, et encore une fois beaucoup beaucoup de douceur. | |
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