Bonjour à toutes, voilà quelques mois que je parcours ce forum et je me décide enfin à vous parler de ma belle mais courte rencontre avec ma petite Mathilde.
Je me dis qu'expliquer mon histoire légitimise en peu plus ma présence sur ce forum et me permets de lui rendre un bel hommage.
Pour me présenter, je m'appèle Emilie, je suis infirmière dans le nord de la France et avec mon homme nous avions décidé de nous lancer dans l'aventure de la parentalité.
Tout à commencé en République Dominicaine, séjour touristique où une petite passagère clandestine à pris le vol retour avec nous, c'était en janvier 2009.
Toute la grossesse s'est bien déroulée, j'étais heureuse de montrer mon ventre, de préparer sa venue mais en juillet, j'ai commencé à avoir une tension haute persistante. Tout est allé très vite puisqu'en 3 semaines, j'ai du subir une césarienne à 30 SA pour pré éclampsie, ma puce se portait bien dans mon ventre mais moi j'étais apparemment en train de faire un oedème cérébrale.
Accouchement mal vécu car la rachi annesthésie n'a pas fonctionné et qu'ils ont du m'endormir en plein milieu de l'intervention. J'ai raté son seule et unique cris puisqu'après elle a été intubée, elle pesait 1k350 pour 38cm.
Elle se portait aussi bien qu'un bébé de son age pouvait se porter, elle était intubée mais il était prévue de l'extuber les jours suivants. Ces 5 premiers jours de vie se passaient bien, elle commencait à etre alimenté par le gavage et tout d'un coup, son états s'est dégradée devant nos yeux.
Les médecins nous ont expliqué qu'elle faisait une grosse infection pulmonaire que les 48h allaient être décisives mais nous y avons cru.
Ma pauvre petite fille a été transfusée avec des plaquettes, des globules rouges..elle s'est retrouvée en isolement protecteur, ca a été très dure de la voir souffrir et de rien pouvoir faire pour elle, puis 72h après, on nous dit qu'elle allait mieux, que l'infection était controlée, on nous dit aussi qu'elle a fait en fait une septicémie.
Pour moi, c'était gagné mais le lendemain, un pédiatre se présente à nous dans sa chambre sans qu'on est demandé, l'air grave et là, le temps s'est arrêté, Ma fille avait fait une grosse hémorragie cérébrale, elle était sous morphine et anticonvulsivant, la vie qui allait lui être offerte était: de mourir toute seule d'une bradycardie ou elle resterait dans un état neurovégétatif. Les médecins ont pris l'initiative d'eux même d'arrêter l'acharnement thérapeutique et nous étions d'accord avec eux. Nous avons pu choisir le moment où elle partirait après qu'elle ait eu d'autres examens qui confirmaient la sévérité des lésions.
Ses 3 derniers jours de vie, malgré la situation ont été à la fois merveilleux et douloureux, j'ai pu la prendre dans mes bras comme toutes les mamans, lui changer sa couche.. nous avons eu exceptionnellement l'autorisation que ses grands parents soient à 4 présents pour son baptème et nous avons pu passer une après midi en famille.
Mercredi 12 aout, nous arrivons à 8h pour accompagner l'envol de Mathilde, elle est extubée, je m'attendais à ce qu'elle respire seule mais non, elle n'a pas réussi, je l'ai caliné jusqu'à son dernier battement de coeur en lui répétant que je ne l'oublierai jamais et que nous l'aimions énormément.
Les gens me trouvaient courageuse mais je leur dis que non, c'est pas du courage, j'ai fait mon devoir de mère dictée par l'amour que j'ai pour ma fille.
Nous avons su quelques jours avant sa mort que l'infection était dù à un staphylocoque doré attrapé à l'hopital, le terme infection nosocomiale à été clairement dit par les pédiatres et qu'il y avait cause à effet entre la septicémie et l'hémorragie cérébrale.
J'ai connu comme vous toutes la sidération, la culpabilité puis la colère envers moi et surtout envers cet hopital que je connais pourtant bien car j'y travaille, j'ai même eu à un moment des idées noires puis j'ai voulu révolutionner ma vie, changer de travail..pour éssayer de trouver un sens à sa vie. J'ai également longtemps hésité à lancer une procédure contre l'établissement qui a tué ma fille et puis je me suis dit que ca allait encore être de la souffrance et que j'en avais assez comme ca, que l'argent ne me la rendra jamais même si je trouve dégueulasse que l'hopital s'en sorte si bien.
Voilà de façon détaillé (et encore j'aurai pu en rajouter) mon histoire et surtout l'histoire de Mathilde qui a su se montrer d'un courage incroyable et qui a su se battre comme une lionne. Malheureusement, le destin s'est acharné sur ses petites épaules.
Merci à celle qui ont pris le temps de lire son histoire, notre histoire.
Maintenant vous comprendrez mieux ma présence parmi vous toutes.
Douce pensée à tous nos petits anges qui veillent sur nous et nous protègent